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Crédit photo : Mathieu Pothier
Tout a pourtant commencé en douceur et en subtilité mais sur une note déjà candide. Karim Benzaid, le chanteur du groupe Syncop, même lorsqu’il parle de poutine ou de «cabane à souk», sait nous entraîner dans sa nostalgie heureuse entourant son Algérie natale. Mais on retient avant tout de cette Algérie-là l’indéniable savoir-faire des musiciens qu’elle recèle, que ce soit au luth, à la clarinette ou à la darbouka. Cette rigueur n’a toutefois en rien brimé l’envie des hommes et des femmes déjà bien désireux de se trémousser sur ces rythmes lointains…
Les spectateurs semblaient donc bien disposés à accueillir, par la suite, cet étrange paradoxe que constitue Zebda, avec son mélange d’attitudes folichonnes et de propos gravement revendicateurs. Il ne s’en est fallu que d’une chanson pour que des admirateurs se mettent à se lever et à sautiller jusqu’au balcon, bien que, racontent-ils, ils soient demeurés avant tout fidèles à leurs textes percutants. Il faudra toutefois attendre jusqu’à la troisième chanson, «L’Accent», avant que quelques ajustements techniques rendent les paroles de cette bande de Toulousains si fiers de leurs origines un tant soit peu compréhensibles.
Mais dès leur seconde chanson, Pas d’Arrangement, le cœur de Métropolis était déjà rempli d’une frénésie qui a touché son comble avec la version de «Tomber la chemise», très rock ‘n’ roll et prolongée pour le bonheur de tous. Bons garçons, malgré leurs discours revendicateurs, les chanteurs et musiciens du groupe ne brisent pas leur guitare, mais certains d’entre eux se lancent dans l’assistance. L’ambiance se maintient ensuite sans difficulté durant le rappel qui s’entame juste après avec un autre succès, «Les petits pas», issu, celui-ci, de leur dernier album Comme des Cherokees, paru en 2014.
Cette dernière chanson a démontré que ce groupe aux couleurs bien annoncées peut se permettre un peu de légèreté, en paroles du moins, puisque leurs gestes sont étranges jusqu’à la caricature …et cela ne s’améliore pas avec «Les petits pas». Par contre, outre l’aspect énergique, on ne peut que reconnaitre la remarquable complicité avec laquelle les musiciens, et plus particulièrement Mustapha et Hakim Amokrane ainsi que Magyd Cherfi, se chargent d’occuper la scène d’un bout à l’autre. Ils parviennent à la parcourir constamment, bien que ce ne soit que dans les toutes dernières minutes de leur spectacle que l’essoufflement se fasse sentir à travers leurs hymnes à la liberté assaisonnés à la sauce reggae et raï par moment.
Après la si belle introduction de Syncop en matière d’exotisme, on s’étonne un peu de voir Zebda ne tâter la darbouka que durant deux chansons à peine et préférer la guitare au Oud. Mais Zebda, par ses commentaires et ses chansons, n’a visiblement cherché pas à nous ramener aux contrées lointaines d’Orient, mais plutôt à nous transporter au pays des immigrants courageux qui ont accepté de garder la tête haute à travers le métissage et ont su laisser leurs descendants trouver les mots pour que tous, à travers le monde, puissent en entendre parler.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. L'erreur
2. Pas d'arrangement
3. L'accent
4. Le Panneau
5. Chez nous
6. Chibanis
7. Mon père
8. Oualalaradime
9. Harragas
10. L'Envie
11. Rub a Dub
12. Chemise
Rappel
13. Les petits pas
14. Un je ne sais quoi
15. Le bruit et l'odeur
16. Motivés