Zaz enflamme la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts à l’occasion de Montréal en Lumière

On sent définitivement que Zaz aurait préféré performer dans une salle où les gens étaient debout, ce qui aurait donné une soirée plus dynamique et vivante, représentative de l’énergie qui l’habite elle-même. Refusant qu’on s’assoie pour «Laissez-moi», durant laquelle elle a encore une fois fait chanter les spectateurs, la chanteuse semblait en constante quête de réactions de la part du public, allant même jusqu’à se jeter à genoux en glissant par terre, après avoir crié à la blague «Rock N’ Roll!», pendant le solo de guitare de «Je veux», qu’elle avait par ailleurs dédié à une jeune spectatrice du nom de Léa, qui fêtait ses 11 ans et dont c’est la chanson favorite.

Même si l’ambiance a sans doute été atténuée par le choix de salle et le public assis, il faut dire que Zaz ne s’est pas laissée affecter et a livré la marchandise comme une lionne, travaillant toujours plus fort pour donner un spectacle mémorable et endiablé. Il faut aussi souligner le passage du groupe québécois QW4RTZ, rencontré lors du passage de l’artiste à l’émission En direct de l’univers, et qui a accompagné la chanteuse à partir de «Éblouie par la nuit», tantôt en support délicat presque comme des choristes, tantôt a capella comme eux savent si bien le faire, pour livrer une pièce dans une tout autre atmosphère que celle offerte sur disque.

Certains des membres du quatuor se sont même adonnés au chant solo aux côtés de la Française, pour interpréter notamment les couplets originalement chantés par Aznavour sur «J’aime Paris au mois de Mai» (le membre de QW4RTZ ne semblant malheureusement pas maîtriser habilement la chanson, donnant dans un chant trop lyrique pour la partition d’Aznavour). Leur apport pour remplacer Nikki Yanofsky sur «I Love Paris – J’aime Paris» a toutefois ravi, chantant avec moins d’ardeur que la Canadienne, mais les musiciens et l’ensemble de cuivres en donnant pour deux en terme d’intensité.

Ce sera finalement lors du rappel avec les enfants de Jeunes musiciens du monde que le public aura eu droit à la démonstration parfaite de ce qu’est Zaz, soit une boule à la fois d’énergie et de générosité. Il était beau de la voir danser avec les jeunes, de presque les forcer à profiter du moment, en mettant son micro sous la clarinette d’un des enfants pour qu’on entende bien son solo ou en entourant une fillette de son bras pour l’emmener à se balancer doucement en chantant. Elle voulait faire de ce rappel un gros party, que les gens encouragent les jeunes en criant et en applaudissant, mais était-ce les 23h passés ou simplement le fait que le public était tout simplement incapable de maintenir le même niveau d’énergie et d’enthousiasme que la chanteuse? Zaz semblait prête à se lancer dans un autre deux heures de spectacle, restant sur scène pour accueillir les applaudissements chaleureux, pendant que plusieurs spectateurs quittaient déjà la salle, néanmoins très satisfaits de leur soirée, mais presque épuisés par tant d’enthousiasme reçu et à donner en retour.

Le Hot Club de ma rue

C’est le quatuor montréalais Le Hot Club de ma rue qui a eu l’honneur d’ouvrir pour Zaz; une bien sage décision, puisque les sonorités jazz manouche, mais aussi de chanson française sont en lien direct avec l’album Paris de la Française, qui joue aussi dans cette palette de couleurs. Parfois pas étrangers au son de Pink Martini aussi, le groupe formé d’un contrebassiste, de deux guitaristes acoustiques, et d’une chanteuse ont ravi avec des interprétations dynamiques, notamment de «Besame Mucho», mais aussi avec leur interprétation énergique de «Le poinçonneur des lilas» de Gainsbourg. Peu bavards mais très attachants, ils se sont contentés de livrer leur marchandise jazzée, laissant entrevoir une voix puissante qui possède parfois un grain écorché bien intéressant.