Yann Perreau au Théâtre Outremont pour la dernière représentation montréalaise de sa tournée «À genoux dans le désir»: on n’en veut pas plus, mais encore! – Bible urbaine

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Yann Perreau au Théâtre Outremont pour la dernière représentation montréalaise de sa tournée «À genoux dans le désir»: on n’en veut pas plus, mais encore!

Yann Perreau au Théâtre Outremont pour la dernière représentation montréalaise de sa tournée «À genoux dans le désir»: on n’en veut pas plus, mais encore!

Publié le 2 février 2014 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Charline Provost

Elles étaient dix artistes féminines des plus en vogue à accompagner Yann Perreau sur les pièces d’À genoux dans le désir. Le 1er février, sur la scène du théâtre Outremont pour le dernier spectacle de la tournée à Montréal, ils ne sont plus que trois. Mais ils sont aussi futés que les trois petits cochons; ils sont aussi majestueux que les trois Rois Mages. Livrant avec un plaisir contagieux et une fougue hors pair neuf des dix poèmes de Claude Péloquin mis en musique par Perreau, en plus de certains succès de ses albums précédents, l’auteur-compositeur-interprète et ses deux musiciens se sont assurés que le public montréalais ne les oublieraient pas d’ici à la prochaine tournée.

Il faut les présenter d’emblée: Sarah Bourdon, aux voix (remplaçant les Marie-Pierre Arthur, Salomé Leclerc, Catherine Major et autres qu’on entend sur l’album) alternant entre le piano, l’ukulélé, la basse et même les claves, puis Jean-Alexandre Beaudoin au banjo et à la guitare parfois acoustique, souvent électrique. C’est qu’avec Yann Perreau, ils forment une équipe du tonnerre qui permet à l’interprète principal de se dépasser en toute confiance. Musiciens polyvalents s’il en est, Perreau a lui aussi impressionné par ses talents de pianiste, bien sûr, mais également de batteur chevronné.

C’est d’ailleurs sur cet instrument qu’il s’est d’abord installé pour «Les temps sont au galop», qui a débuté de façon percutante le spectacle. Faisant aller son plectre sur des cordes à la forte distorsion, son guitariste n’était observable que par son ombre, planté derrière une structure triangulaire en toile qui servira plus tard à projeter des images et vidéos. Beaudoin utilisera ensuite un loop pedal pour pouvoir jouer du clavier sur «Ce sourire qui ne ment pas» sans que l’on perde sa guitare, pendant que Sarah Bourdon avait fière allure derrière sa basse. Durant tout le spectacle, ils multiplieront donc les techniques, les instruments et les rythmes et mélodies préenregistrés pour faire vivre les chansons aussi intensément, ou presque, que livrées par un groupe d’une quinzaine de musiciens comme ça avait été le cas lors du lancement d’À genoux dans le désir, en octobre 2012.

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Très près de ses acolytes, Perreau a livré par ailleurs deux morceaux des plus réussis en étant en parfaite communion avec Sarah Bourdon. D’abord avec «Merci la vie», où il ira s’asseoir devant le piano droit joué par elle, comme assis à un bar, commandant à sa complice un moment magique, alors qu’ils chantaient face à face, yeux dans les yeux. Puis, c’est durant «La goutte» qu’ils ont partagé un moment presque sensuel, dansant collés en se partageant le même micro, ce qui donna lieu à un très beau numéro qui se termina en envolée instrumentale, Yann à la batterie.

Mais le dynamique artiste est également très près de son public, qu’il ne se gêne pas d’interpeller à de nombreuses reprises, l’invitant à se faire entendre davantage ou à se lever, pour mettre plus d’ambiance. «Avez-vous vu la vidéo durant l’entracte?» a-t-il même demandé, à genoux, racontant avec une certaine fierté ses débuts dans le domaine musical («Ça fait 25 ans cette année que je fais de la musique et que c’est ma profession!») et avec humour l’origine de son idée de projeter des images de lui-même, plus jeune: un spectacle de Justin Bieber où il a accompagné sa nièce.

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S’il se laisse vraiment emporter par la musique et qu’il danse de façon énergique, il y a aussi des chansons qui ont donné lieu à des moments plus doux, où ballades au piano sans artifice et lumière projetée au-dessus de Perreau étaient suffisants pour saisir les spectateurs. Ce fût le cas d’une succession de plus vieux succès: «Invente une langue pour me nommer», dont la guitare électrique planante semblait même superflue, «La chanson la moins finie», qui a offert une finale intense avec les deux guitares acoustiques en harmonie joignant le piano de Perreau, et «Le bruit des bottes» durant lequel l’un des refrains fut interprété a capella, les trois voix à l’unisson. Une belle groove a annoncé «Grande Brune» (Nucléaire, 2005), alors que le micro haut-perché, en plein centre de la scène, a donné lieu à «Acrobates de l’éternité» à trois voix et au banjo et à l’ukulélé unplugged pour une version plus sentie de la chanson.

Ce même micro placé au-dessus de Perreau a aussi servi à «Qu’avez-vous fait de mon pays», une pièce d’ordinaire poignante, mais ici moins réussie, en raison des cuivres, coups de pieds sur le sol et claps plutôt préenregistrés qu’interprétés sur scène, donnant un son moins naturel et une performance plus formatée. La mise en scène du spectacle, signée Michel Faubert (Les Charbonniers de l’Enfer), était malgré tout réussie, transportant même Yann Perreau et ses musiciens à Marseille, accent compris, le temps de la sobre «Conduis-moi», durant laquelle le public claquait des doigts pour accompagner le rythme de valse des accords plaqués du piano au son d’accordéon et du banjo. Dansant allègrement sur la mélodie, Sarah Bourdon a même surpris en terminant la pièce en élevant la voix, telle une cantatrice.

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Il n’y a visiblement aucune limite avec Yann Perreau et sa bande, qui ont un plaisir évident à se retrouver ensemble sur scène. Tous très habités par la musique et animés sur scène, ils se donnent avec une intensité telle qu’il était malheureusement difficile d’entendre les paroles de «Le marin» (Nucléaire, 2005), tant la guitare électrique et la batterie, jouée par un Yann Perreau debout et fougueux, était forts. Cela aura toutefois réussi avec «Beau comme on s’aime», qui a réussi à déchaîner le public autant que les interprètes. Finalement, la qualité l’emporte toujours sur la quantité, et même à effectifs réduits, Yann Perreau et ses musiciens peuvent se vanter de faire danser les gens sur de la poésie, et que ceux-ci en redemandent même! Du grand art.

La tournée À genoux dans le désir continue sa route vers le Bas-du-Fleuve, la Côte-Nord et le Saguenay-Lac-Saint-Jean, notamment. Pour toutes les dates, consultez le www.yannperreau.com/spectacles.

Sarah Bourdon

C’est la musicienne de Yann Perreau qui a eu le privilège d’ouvrir pour son ami, et elle l’a fait avec un aplomb stupéfiant. Blaguant dès le départ à propos des gens qui n’étaient pas encore assis, puis de l’annonce de Mario Pelchat qui ne veut plus enregistrer de disques, elle a démontré un humour franc et une aisance peu commune. Ses ballades d’amour, présentant de belles envolées en voix de tête et de beaux élans démontrant un grand et puissant registre vocal, sont charmantes, tout en présentant une jolie poésie. Troquant sa guitare pour l’ukulélé et faisant participer la foule avec des «Oh oh», et frappant des mains, Bourdon a prouvé qu’elle était apte à mettre de l’ambiance et à réchauffer la foule pour Perreau. Mais elle a aussi prouvé qu’elle est une chanteuse franchement douée, une auteure intéressante et une personnalité charmante. Son premier vrai album, à paraître à l’automne 2014, est à surveiller.

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