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Crédit photo : Rose Carine Hernandez
Le corps, matériau et source d’inspiration, s’étale sur les murs de la galerie Station 16 en plusieurs facettes et plusieurs perspectives. Que ce soit de la peinture à l’huile, à l’acrylique, de la sérigraphie ou du charbon sur toile, les formes et techniques se multiplient et les conceptions changent. Chacune des oeuvres porte en elle la transformation d’un postulat sur la femme et son statut. Et en même temps, la vision personnelle de celles qui ont répondu avec enthousiasme à l’appel de Mira Silvers.
La diversité au niveau des thématiques montre une conscience aiguë des multiples défis qui jalonnent le parcours féminin. On y croise la douceur, la force brute, la maternité, la sexualité, les traditions, l’histoire et la mort. On y décèle l’affirmation et le désir de s’approprier clichés, vérités et lieux communs. Il s’agit également d’une prise de position envers le milieu artistique, car la femme y est souvent sous représentée en tant qu’artiste. D’ailleurs, l’idée de l’exposition a germé en partie grâce à l’affiche des Guerrilla Girls «Do women have to be naked to get into the Met. Museum?».
En observant les oeuvres, on ne peut s’empêcher de remarquer la récurrence du regard d’une représentation à l’autre. Un regard qui semble dire que nous existons aussi et qu’il y a une place à investir. La féminité revient souvent aussi, se déployant dans des mondes énigmatiques tels que celui d’Edith Lebeau, dont les personnages possèdent un côté très mythologique et fantastique. De même que Sandra Chevrier, qui offre des portraits de femmes portant sur leurs corps des images tirées des comics books. Ce détournement de l’univers de la science-fiction, très masculin a priori, montre cet élan d’appropriation et ce besoin d’abattre les frontières.
L’image d’une bataille à mener est sous-entendue dans plusieurs toiles comme celle d’Alexandra Bastien, intitulée «Brace yourself», laquelle montre cette femme en posture soumise mais prête à un déchaînement à venir. L’artiste de rue new-yorkaise Gilf! propose une oeuvre dans ce sens. Sans représenter la femme à proprement parler dans ce poing levé, elle pousse à la réflexion et pointe l’objectif de cette exposition: la solidarité féminine. Mira Silvers nous dit souhaiter que cet évènement ne reste pas isolé. Il y a dans l’air du temps ce renouveau féministe qui nous fait admettre qu’il ne faut point dormir sur ses lauriers.
Dans le milieu artistique, l’inégalité entre les hommes et les femmes est-elle majeure, ou cela dépend des disciplines? Le débat est ouvert.
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de la rédaction