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Le virtuose de cinquante ans, qui semble en avoir trente, se réjouit d’être de retour dans sa ville natale le temps d’un concert. «J’ai un amour profond pour ma ville! Dès que j’y mets les pieds, tous mes sens sont en alerte et une sorte d’euphorie unique s’empare de moi». Jean-Guihen Queyras a vécu à Sherbrooke avant de déménager en Algérie lorsqu’il était âgé de cinq ans, puis en Provence à huit ans, où il a demeuré jusqu’à son entrée au Conservatoire de Lyon à dix-sept ans.
C’est bien connu, les voyages forment la jeunesse. En effet, ces lieux distincts et leurs cultures ont imprégné la perspective et le style unique de Monsieur Queyras. «Mon séjour en Algérie, durant mon enfance, m’a donné le goût du contact avec d’autres cultures et des musiques non occidentaux. La Provence m’a apporté une paix intérieure. Je pense notamment à ses couchers de soleil exceptionnels».
Son parcours professionnel n’est pas des plus banals. En 1983, il a créé les «Rencontres musicales» avec son frère Pierre-Olivier, violoniste de métier. C’est un festival annuel qui comprend une série de concerts s’étalant sur quinze jours à Forcalquier. Des stages et des master class sont également proposés aux musiciens en herbe. «Mon frère et moi avons commencé à donner des concerts en Provence lorsque nous étions ados. Les choses se sont développées naturellement au fil des ans jusqu’à devenir le festival que l’on connaît aujourd’hui. Le cadre informel et la beauté des lieux de concert sont des éléments importants de son succès.»
Il a fait partie de l’Ensemble intercontemporain de trente-et-un solistes, fondé en 1976 par Pierre Boulez, pendant une dizaine d’années. Le chef d’orchestre et compositeur devint rapidement une source d’inspiration puissante que Jean-Guihen admire énormément. Cette expérience exceptionnelle lui a permis de découvrir la composition de la musique contemporaine.
Par ailleurs, Jean-Guihen est aussi exalté par la musique contemporaine qu’ancienne ou traditionnelle. Il admire profondément et adore les œuvres de Haydn, Kurtág, Vivaldi, Boulez, Debussy, Chopin et Beethoven entre autres. Il incorpore son propre style d’une façon sophistiquée et respectueuse des œuvres qu’il interprète. «J’essaie d’intégrer au maximum les règles stylistiques du compositeur, mais aussi de comprendre et de sentir son univers émotionnel. Toute interprétation implique une relation personnelle d’un temps entre le compositeur – à travers son œuvre – et l’interprète – par son jeu.»
Depuis, il a enregistré de nombreux disques dont certains ont reçu le «Diapason d’Or», la reconnaissance du «Editor’s Choice du Gramophone», ou encore le titre de «Top CD» du BBC Music Magazine. Jean-Guihen a joué au sein du BBC Symphony Orchestra, l’Orchestre philharmonique de Londres, l’Orchestre de Paris et le Hallé Orchestra parmi tant d’autres. D’après le musicien, les lieux les plus spectaculaires où il a joué «[…] sont le Carnegie Hall et la Philharmonie de Berlin, ainsi que la salle du Conservatoire Tchaikovsky à Moscou».
Il a joué aux côtés d’Isabelle Faust, d’Alexander Melnikov, d’Alexandre Taraud et d’Emmanuel Pahud.
Jean-Guihen est aussi un passionné de musique de chambre. C’est pourquoi, en 2002, il forme le quatuor à cordes «Arcanto», composé de lui-même et de Tabea Zimmermann, d’Antje Weithaas et de Daniel Sepec. C’est l’un des rares musiciens qui a la chance d’utiliser un violoncelle
de Gioffredo Cappa datant de 1696! Aujourd’hui, il est le père de trois filles et professeur à la Musikhochschule de Fribourg-en-Brisgau lorsqu’il n’est pas en tournée. «J’adore l’enseignement et la transmission. Mes élèves sont comme une deuxième famille!»
Jean-Guihen Queyras débutera son concert au Théâtre Maisonneuve avec «La sonate pour violoncelle et piano en sol mineur, op. 5 no 2» ainsi que «La sonate pour violoncelle et piano no 3 en la majeur, op. 69» de Beethoven, le prodige qui se situe entre l’ère du classicisme et du baroque. Ensuite, Jean-Guihen entamera «La sonate pour violoncelle et piano en ré mineur» assez mélancolique de Debussy, l’anticonformiste audacieux qui a révolutionné les conventions de la musique classique. La soirée se terminera avec «La sonate pour violoncelle et piano, op. 65» de Chopin, alias «l’enfant prodige». C’est son dernier opus publié avant sa mort.
Évidemment, ces trois génies musicaux ont une grande importance pour Jean-Guihen. «Beethoven est central pour chaque musicien, car il réunit tout: puissance conceptuelle, sentiment personnel assumé, recherche de l’universalité. Debussy incarne à la fois LE son français et, dans cette sonate, une grande modernité. J’aime cette sonate de Chopin, car bien qu’adoptant parfois des chemins torturés, elle est d’une profonde sincérité».
C’est Alexander Melnikov qui l’accompagnera au piano lors du concert de ce soir. Il a entamé sa carrière en jouant le premier concerto de Rachmaninov à douze ans, ce qui est assez impressionnant. Il est professeur au Royal Northern College of Music de Manchester.
Au cours des prochains mois, Jean-Guihen Queyras sera très occupé, c’est le moins qu’on puisse dire! Sa tournée de concerts l’emmènera à Paris, Cologne, Budapest, Londres, Osaka et Tokyo, pour citer ces quelques destinations seulement. En plus des tournées, divers projets excitants l’attendent en 2017: «[…] Je ferai un enregistrement des sonates de Brahms avec Alexandre Tharaud et des concertos de Carl Philipp Emanuel E Bach. J’ai aussi un projet de collaboration à long terme prévu avec la chorégraphe Anne-Teresa de Keersmaeker».
Réservez vos billets aux coûts de 40,75 $, 62,25 $ ou 72,25 $ dès maintenant pour être aux première loges de ce concert qui risque d’être pour le moins inoubliable! Visitez le www.placedesarts.com/jean-guihen-queyras-et-alexander-melnikov.
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