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Crédit photo : Élodie Napoléon
La thématique privilégiée par les lauréats a été la migration, que ce soit vers l’isolement, la sécurité ou le dépassement de soi. Figés sur le vif, les humains et animaux photographiés sont tous pourtant mus par une seule et même force: recommencer à zéro, après le désastre. Dans un monde saturé de communications incessantes, la photographie de l’année 2014 est paradoxale: des migrants africains sur les rives de Djibouti tenant à bout portant leurs téléphones portables dans la quête inespérée de capter un mince signal cellulaire de la Somalie voisine.
Les dernières éditions de l’exposition ont souvent été critiquées pour le côté sombre de certaines photos, celles qui osent montrer «ce qu’on ne veut pas voir». Le reproche semble être tombé dans une oreille attentive puisque les oeuvres gagnantes de cette année sont pour la plupart frappantes de résilience. Soulignons notamment le travail brillant de Brian Stirton, avec sa photographie primée montrant des élèves albinos et aveugles originaires d’un orphelinat du Bengale, où ils apprennent un métier qui les sauvera probablement de la mendicité.
Outre les grands prix, des sujets habituellement éloignés des caméras ont été abordés tels que la violence conjugale, ou le renversant tabou de la maladie mentale en Afrique dépeinte par Robin Hamond. Semblable à un tableau de la Genèse, le triptyque des parcs naturistes de l’Ukraine et de Russie saisit également le visiteur devant une réalité jusque-là ignorée.
En définitive, le World Press Photo Montréal 2014 est une exposition qui doit être absorbée par induction, dans le sens où elle puise dans des clichés à saveur très personnelle une réalité universelle. Heureusement, la violence écrasante des dernières éditions a été amenuisée par des portraits dégageant une intensité semblable, mais tous à leur manière empreints d’une lumière d’espoir.
Outre l’expositon principale, Oxfam-Québec présente à l’étage supérieur son exposition Regards, qui met en valeur l’entrepreunariat africain trop souvent négligé par la presse. Photographiées par William Daniel, les images font découvrir différentes microentreprises émergentes dans la région du Cotonou au Bénin.
Parmi les petits nouveaux, on compte RDI, qui diffuse une rétrospective vidéo des reportages réalisés par ses correspondants à l’étranger. Dans un autre registre, le webzine NIGHTLIFE.CA relate les meilleurs moments de la scène nocturne montréalaise sous forme de mosaïques photos.
Le World Press Photo Montréal est présenté tous les jours au Marché Bonsecours du 27 août au 28 septembre 2014 de 10 h à 22 h et jusqu’à minuit les jeudis, vendredis et samedis. L’entrée est de 12 $, de 10 $ pour les étudiants ayant moins de 25 ans, et gratuite pour les moins de 12 ans. Les billets sont disponible sur place. Pour consulter le site Web, rendez-vous au wppmtl.com.