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Crédit photo : Sasha Onyshchenko
«Jeunehomme»: un ballet classique exécuté avec fougue
En premier lieu, nous avons eu droit à Jeunehomme, une prestation de 36 minutes, d’après la chorégraphie du regretté Uwe Scholz.
Nos yeux ont vite fait d’oublier le décor aux allures d’usine en raison des danseurs qui ont su monopoliser l’attention du public grâce à leurs mouvements. Les costumes, sobres mais efficaces, étaient en réalité des maillots aux formes et aux lignes géométriques. Sur la musique de Mozart («Concerto pour piano no 9 en mi bémol majeur», dit «Jeunehomme»), interprétée avec justesse par l’Orchestre des Grands Ballets, la chorégraphie de Scholz prenait alors tout son sens.
En effet, la chorégraphie et la musique se mariaient à merveille et ne faisaient qu’un. Les danseurs ont démontré leur savoir-faire, et ce, considérant la complexité de la pièce. De type classique, les différents tableaux ont été exécutés avec fougue. Les six corps de ballet ont maintenu la cadence, malgré quelques faux pas, et ont accompli plusieurs pointes avec brio.
Ce que j’ai particulièrement trouvé impressionnant, c’était les deux couples qui ont interprété avec finesse le grand et le petit pas. Ces numéros étaient à la fois romantiques et enivrants. Un véritable plaisir à regarder.
Jeunehomme constitue un moment fort de la soirée!
«Requiem»: une chorégraphie contemporaine sur le deuil
La pièce de résistance d’une durée de 61 minutes a ensuite été présentée au public.
Afin de bien saisir le fil narratif de cette chorégraphie d’Andrew Skeels, il faut d’abord se référer à sa musique. «Un Requiem allemand» a été composé par Brahms à la suite de la mort de son mentor, Robert Schumann, et de sa mère. Ces deux pertes douloureuses lui ont inspiré une œuvre à connotation spirituelle puisant son inspiration dans l’Ancien et le Nouveau Testament, ainsi que les livres apocryphes de la Bible luthérienne allemande.
La chorégraphie de Skeels se veut toutefois contemporaine. Elle explore la mort et la certitude que, bien que les gens finissent par nous quitter, ils subsistent toujours dans notre esprit.
Le décor qui s’offrait à ma vue, une lune et une immense branche d’arbre surplombant la scène, m’a personnellement donné une impression de noirceur et de tourment. Les costumes, des vêtements gris en lambeaux desquels se profilaient une colonne vertébrale protubérante, conféraient un caractère lugubre aux danseurs.
Encore une fois, l’Orchestre des Grands Ballets a interprété avec rigueur la musique de Brahms. La présence des deux solistes, Jacqueline Woodley et Dominique Côté, a assurément embelli l’élégie.
Et je dois admettre que l’idée du deuil et du déchirement était bien présente tout au long de la pièce. J’y ai perçu la souffrance à travers les mouvements et plus spécialement les étreintes. L’intensité des émotions était irrémédiablement palpable. Les solos, duos et trios ont été l’occasion de ressentir toute la désolation rattachée à la perte d’un être cher, du déni à l’acceptation.
Cela ne fait aucun doute, les danseurs ont exécuté les différentes séquences de groupe avec synchronicité et en canon, ce qui a créé une harmonie évidente. Mais malheureusement, les mouvements répétitifs devenaient lassants, et il y avait des longueurs également. Cela a quelque peu terni le tableau d’ensemble de ce ballet.
Ce programme double a été un succès malgré cet écueil.
Requiem avec l’Orchestre des Grands Ballets est présenté à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts jusqu’au dimanche 26 mars 2023.
Les ballets «Jeunehomme» et «Requiem» en images
Par Sasha Onyshchenko
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de la rédaction