«Sur les traces d’Agatha Christie» au Musée Pointe-à-Callière de Montréal

Dès son entrée dans la première salle de l’exposition, le public peut observer un champ de fleurs créées à partir de livres ouverts, puis à partir de flacons de poison, rappelant la récurrence de cette arme dans les romans de l’auteure. Des parapluies sont accrochés un peu partout au plafond, beau clin d’œil au temps pluvieux associé à l’Angleterre. Des photos d’archives sont également reproduites en très grand format sur les murs de la salle d’exposition, permettant d’observer en détail la famille de l’auteure, son chien, ou encore sa maison d’enfance.

Avec une production littéraire composée de 200 romans, nouvelles, pièces de théâtre et livres de souvenirs, Agatha Christie est l’auteure à avoir connu le tirage le plusieurs important au monde après la Bible et Shakespeare. Elle a créé des personnages cultes qui ont fait l’objet d’adaptations télévisuelles et cinématographiques à plusieurs reprises. L’exposition présente d’ailleurs une entrevue avec l’acteur David Suchet, grand interprète du détective Hercule Poirot, durant laquelle il décrit sa préparation pour jouer ce rôle (démarche, voix, manies, etc.). Grâce à plusieurs enregistrements audio d’archives, le public a aussi la chance d’entendre Agatha Christie parler de sa carrière ou lire des extraits de ses œuvres tout au long de l’exposition.

Mathew Prichard, petit-fils de l’auteure et administrateur de la Christie Archive Trust, a collaboré à la richesse de l’exposition en prêtant au musée plusieurs objets personnels d’Agatha Christie comme son service à thé, sa machine à écrire Remington 1937, son dictaphone, certains de ses vêtements et un fauteuil que l’auteure aimait particulièrement. Les premières éditions de certains de ses romans sont aussi exposées, quelques-uns comportant même une dédicace (souvent à Rosalind, la fille de l’auteure). Pour les plus grands fans de la Reine du crime, les commissaires de l’exposition ont même eu la brillante idée de reconstituer deux wagons de l’Orient-Express, en plus d’y intégrer plusieurs objets d’origine comme de la vaisselle ou des lampes.

L’exposition de Pointe-à-Callière a le mérite de montrer au public une facette méconnue d’Agatha Christie, qui voyageait beaucoup et qui s’intéressait aux autres cultures. Elle était d’ailleurs passée par Montréal en 1922 lors d’un tour du monde avec son premier mari. Alors qu’elle était mariée à l’archéologue Sir Max Edgar Lucien Mallawan, Agatha Christie a aussi pris part à plusieurs fouilles archéologiques sur les sites de la Mésapotamie. En plus de subventionner une partie de ces projets, elle jouait un rôle d’archiviste en classant et documentant les objets trouvés.

On peut d’ailleurs voir dans l’exposition de multiples photographies prises par Christie, ainsi que des artéfacts issus des fouilles menées à cette époque. Pour ce faire, des objets ont été prêtés par plusieurs grands musées du monde comme le British Museum, le Metropolitan Museum of Art et le Musée Royal de l’Ontario. Pour les amateurs des romans de l’auteure, il est facile de tisser des liens entre certaines de ses œuvres – Meurtre en Mésopotamie, Rendez-vous à Bagdad, Rendez-vous avec la mort – et les activités qui l’occupaient entre les années 1930 et 1960. Grâce à la collaboration de John Mallowan, le neveu de Max Mallowan, Pointe-à-Callière a su se procurer les carnets de voyage d’Agatha Christie, encore jamais présentés au public, ainsi qu’une des caméras utilisées par l’auteure.

C’est donc à une exposition davantage historique et contextuelle que ludique que propose Pointe-à-Callière. Ceux qui recherchent une incursion dans l’univers des romans policiers d’Agatha Christie pourraient être un peu déçus, mais ils risquent de découvrir une femme à la vie passionnante.

L’exposition «Sur les traces d’Agatha Christie» est présentée au musée Pointe-à-Callière jusqu’au 17 avril 2016.