Timber Timbre au National de Montréal – Bible urbaine

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Timber Timbre au National de Montréal

Timber Timbre au National de Montréal

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Publié le 12 septembre 2015 par Jean Artiges

Crédit photo : Jean-Baptiste Toussaint

Il y a des artistes qui font sourire; d’autres qui font pleurer. Certains nous évoquent des souvenirs; d’autres nous font danser, chanter. On les collectionne, on se définit par eux. Éventuellement, on s’en lasse et on passe au suivant. Le 10 septembre dernier, le groupe ontarien Timber Timbre était de passage à Montréal pour souligner la fin d’une longue tournée outre-mer. Pendant près de deux heures, Taylor Kirk et ses musiciens ont fait vivre au public montréalais une gamme d’émotions qu’eux seuls savent transmettre. Et, bien que la musique du groupe puisse faire sourire, pleurer et chanter, il est dur d’imaginer que ça ne soit qu’un plaisir passager.

C’est dans la salle comble du National qu’a eu lieu la prestation du groupe, devant un public varié et enthousiaste. Après un sympathique accueil du groupe montréalais Avec pas d’casque, Taylor Kirk et ses musiciens sont entrés en scène.

À travers un mélange folk-rock aux sonorités psychédéliques et mélancoliques qui lui est propre, le groupe nous a transportés à une autre époque, dans un autre univers. Sur album comme en concert, Timber Timbre sait jouer sur les contrastes. La voix et la batterie ont un traitement sec et intime tandis que les autres instruments forment une aura sonore qui englobe le tout et accroche l’oreille.

La voix grave à l’accent caractéristique de Kirk récite des paroles profondes, d’un style littéraire, presque poétique. Ces contes introspectifs, magnifiquement interprétés, sont entrecoupés de puissants passages instrumentaux, toujours très sombres et cinématographiques.

Le groupe a commencé par enchaîner les morceaux de Hot Dreams (dernier album en date), se permettant quelques classiques tirés de Creep On Creepin On (2011), au plus grand plaisir des fans. Sur scène, Taylor Kirk se permet une grande liberté. Il se plaît à déconstruire et à bousculer le rythme des paroles, au point où l’on redécouvre parfois nos morceaux préférés sous un angle bien différent.

L’exercice est intéressant et musicalement impeccable, mais il peut surprendre un public casanier, habitué aux mélodies vocales précises d’une version studio. En effet, bien que l’on gagne en émotion, on regretterait presque la rythmique originale de la voix sur certains morceaux (ex. Woman).

Le groupe est sorti de scène après une heure. Rappelé à l’unanimité par la foule, Taylor Kirk est revenu pour un morceau solo. Reconnaissant, presque gêné, Kirk a lancé quelques mots au public, puis s’est remis à la guitare. Il a finalement été rejoint par les autres membres du groupe, et c’est ensemble, accompagnés par leur saxophoniste invité, que Timber Timbre a offert trois derniers morceaux grandioses.

Le tout s’est terminé dans une superbe cacophonie pleine de tourments, de violence et de douceur: un beau mélange, chargé de contradictions, qui fait toute la beauté d’un tel moment.

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