Thus:Owls sur le toit d’Ubisoft à Montréal

Avec la vue sur Montréal et le soleil rendant l’âme vers 19h hier soir, l’édifice du 5480, St-Laurent était le lieu idéal pour laisser flotter dans la nuit encore jeune la musique du couple Angell: une musique sensible, cinématographique et expérimentale. Thus:Owls a ouvert en force avec «The Tree», dont l’énergie affirmée et le caractère emballant en fait l’une des compositions les plus appréciables du récent gravé. Erika Angell était alors belle à voir: d’une douce théâtralité, vêtue d’une longue veste foncée aux finitions rouge et rose écarlates, munie de son auto-harpe. Tout au long du concert, elle manipulait sa voix à souhait, comme un instrument, tantôt légère comme une flûte, tantôt basse et résonnante comme les cordes d’un violoncelle.

Le groupe a aussi interprété la pièce «White Night», introspective et organique. À mesure qu’avançait le morceau, les arrangements sublimes et délicats du début se transformaient progressivement en d’intenses et tragiques envolées. On se laissait bercer par les notes longues et diffuses tout en donnant libre cours à son imagination. Car c’est d’abord ce que fait la musique de Thus:Owls: elle pénètre l’esprit et le libère. Les musiciens qui se rejoignaient dans une cohésion presque magique – Simon Angell (guitare), Martin Höper (basse), Ola Hultgren (batterie) et Parker Shper (clavier) – rendaient définitivement justice à la chanteuse.

Après avoir présenté quatre titres de l’album Harbours, le leader Simon Angell a annoncé de nouvelles compositions pour la suite du concert, offertes pour la première fois devant public. Cinq chansons ont été interprétées au final. Les amateurs de Thus:Owls peuvent s’attendre à des pièces enthousiastes, quelques-unes étant probablement les plus rythmées de la talentueuse formation jusqu’à ce jour. En même temps, la signature de Thus:Owls demeure: les instruments s’enivrent autour d’Erika Angell avec autant de folie et de grandeur. En somme, si Thus:Owls rencontre une critique favorable depuis leurs débuts en 2009, le groupe en a exhibé toutes les raisons lors du concert d’hier soir. Celles-ci se résument en trois mots: sensibilité, originalité et professionnalisme. Chapeau!

Secret Sun

Formé de Simon Landry et d’Anne-Marie Campbell, Secret Sun a assuré la première partie en débutant à 18h. La musique soigneuse et aérienne se mêlait bien à l’ambiance de fin de journée et ce fond bleu de l’atmosphère qui se décomposait progressivement dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. En guise de présentation, Secret Sun a interprété la délicate «My Messenger». Le public s’est tôt réjoui d’entendre chanter Campbell. Sa voix agréable et absolument maîtrisée apaise et détend. Les instruments suggéraient un portrait émotif et tranquille qui encadrait à ravir la chanteuse. «Cold Coast», titre-chef du EP paru cette année, était accrocheuse, avec la guitare métallique de Landry jumelée au clavier électronique et à la batterie claire et subtile. L’ensemble résonnait quelque peu comme les plus grands succès de Daniel Lanois. Secret Sun a proposé sept compositions bien fignolées à son public et a préparé tout en douceur le terrain pour Thus:Owls.