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Crédit photo : Louis Longpré
La tête d’affiche de la Sala Rossa mercredi, The Wooden Sky, est la parfaite représentation de cette soirée entre folk et rock, alors que ses pièces passaient d’un style à l’autre, les mélangeaient, et y ajoutaient même des touches de country ici et là. Impossible de s’ennuyer en écoutant le quatuor (un batteur, un bassiste, un guitariste électrique qui joue aussi du synthétiseur, et un chanteur qui joue aussi de la guitare acoustique ou électrique) qui est non seulement très généreux dans ses interprétations, mais qui se permet aussi de faire de nombreuses blagues à son public, discutant avec lui et répondant à ses cris. Ils ont d’ailleurs témoigné de leur amour pour Montréal, rappelant que leurs deux derniers albums avaient été enregistrés au studio Hotel2Tango et qu’ils appréciaient être de retour dans la métropole, même pour un jour seulement.
Gavin Gardiner, le chanteur principal, est beau à voir aller, se promenant d’un côté à l’autre de la scène avec sa guitare, tournant sur lui-même, ou encore plus en douceur, balançant les bras en suivant la mélodie de sa voix devant le pied de micro. Il se donne entièrement à son public et sa voix particulière, un peu chevrotante, colle parfaitement à des pièces plus douces, dans l’émotion, comme une chanson écrite en 2008 qu’il essaie depuis lors de placer sur l’un de ses disques (ce qu’il réussît sur le nouvel opus) tout comme lors de morceaux un peu plus rétro ou aux influences country.
Mais il faut dire que c’est davantage le rock qui est mis de l’avant par la formation canadienne. Le nouvel album, paru le 2 septembre dernier, en est largement teinté, comme la pièce «The Day is Fresh and the Light is New», qui contient beaucoup de batterie et dont le jeu de guitare électrique donne un morceau très dynamique. Ce qui fût le plus apprécié du public, toutefois, ce sont les deux chansons où Gardiner a sorti son harmonica, dont une fois en rappel, provoquant des cris dans l’audience.
Après avoir fait taper le public des mains, après l’avoir fait danser et l’avoir bercé de leurs douces harmonies, mais surtout après un peu plus d’une heure de spectacle et un rappel, The Wooden Sky a quitté la scène en promettant d’aller boire une bière avec les spectateurs restants. Il n’y a pas à dire, le qualificatif «généreux» décrit bel et bien à merveille le groupe.
Azerty
Pour sa première fois au Canada, le duo belge Azerty s’est bien tiré d’affaires pendant ses trente minutes de prestation. Se présentant chacun avec sa guitare acoustique, avec rien d’autre pour les supporter et avec un style semblable – petite chemise, pantalons propres – les deux chanteurs ont surpris tout le monde en dévoilant leurs sublimes voix en belles harmonies.
Seulement à leur deuxième morceau – le deuxième de la soirée! -, le public a spontanément battu des mains en suivant le rythme, montrant qu’il n’en fallait pas plus pour les réchauffer. Il faut dire que les garçons sont doués: les deux maîtrisent à la perfection leur instrument, jouant en fingerpicking de superbes mélodies qui se combinaient bien, malgré quelques petites maladresses ici et là. Si l’un jouait généralement une guitare plus rythmique et l’autre plus mélodique, il aurait été impossible de départager le plus virtuose d’entre les deux, car jamais un simple accord gratté n’a été entendu.
Il faut ajouter à cela leurs belles voix – l’une plus aiguë, l’autre très grave – qui s’harmonisent à merveille, et on obtient un genre de Simon and Garfunkel moderne, toutefois avec des paroles moins élaborées. En anglais et comprenant son lot de «Ouh ouh» et de «Aah Aah», les mots du duo ne semblaient pas ce qu’il y a de plus recherché. On apprécie toutefois leur virtuosité, leurs harmonies et la douceur de leurs ballades, poussant même jusqu’à offrir une reprise de «Heart-Shaped Box» du groupe grunge «des années nonente», Nirvana, ce qui ravît la foule.
Un premier album complet a été enregistré récemment en Belgique et devrait sortir sous peu.
Snooker Eumporium
Les fans de rock ont certainement été ravis par la performance de la formation montréalaise Snooker Emporium, qui en plus d’être très dynamique, a révélé d’excellents musiciens. Et heureusement, puisque les instruments étaient trop forts pour la voix du chanteur, qui se perdait dans la musique et ne servait presque qu’à créer des ambiances.
Toutefois, la musique est clairement le point fort du quatuor coloré, dont le chanteur a tour à tour avoué être un transgenre et mis un collier cervical le temps d’une chanson, qu’il a par la suite envoyé voler parmi la foule. Presque en transe durant leurs performances, les musiciens offrent des chansons très longues qui repartent de façon dynamique presque chaque fois qu’on les pense terminées.
Snooker Emporium sait sans aucun doute créer des atmosphères avec son indie rock plus qu’énergique, mais ne sait malheureusement pas interagir avec son public. Entre chaque chanson, les membres de la formation tournaient le dos au public, presque comme s’ils se consultaient entre chaque morceau pour décider lequel serait le prochain. La fluidité de leur numéro laissait à désirer, et si leur organisation et le temps entre chaque chanson n’ont pas impressionné, il faut remercier leur dynamisme, leurs arrangements vivants et leur qualité de musicien qui ont sauvé la mise et offert un beau moment de rock qui détonnait toutefois quelque peu entre deux groupes un peu plus folk.
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de la rédaction