The Smile au MTELUS: à la hauteur des attentes

Robert Stillman:  arrêtez ces loops incessants!

Je crois que Robert Stillman est un excellent musicien. En fait, je n’en ai aucun doute même, mais au moment d’écrire ces lignes, je ressens le besoin de déverser mon fiel sur un phénomène que j’ai observé tout au long de l’année…

La tendance de plusieurs, c’est d’avoir en première partie des artistes seuls sur scène qui s’accompagnent eux-mêmes à l’aide de loops, d’échantillonnages, d’effets et de préenregistrements. Je n’ai rien contre un artiste seul sur scène, surtout lorsque celui-ci est capable de s’accaparer la scène et d’offrir une prestation digne de ce nom.

Le hic, souvent, c’est que ces artistes, présentés en première partie, se trouvent habituellement devant des spectateurs qui ne les connaissent pas encore, et leur travail c’est donc de réchauffer cette foule. Lorsque leur prestation ne peut pas prendre de rythme, car ils doivent jouer quelques notes, partir un loop, jouer d’autres notes, partir un second loop, c’est difficile pour la foule de s’investir pleinement.

Et c’était palpable vendredi, alors que plus la prestation de Stillman avançait, et plus on entendait les gens discuter entre eux. Et j’ai pu observer la même chose avec de nombreuses premières parties cette année malheureusement.

Jeunes musiciens: arrêtez de faire de la musique seul dans votre sous-sol. Trouvez-vous des acolytes, achetez-vous une caisse de bières, jammez ensemble, créez ensemble, et faites des spectacles ensemble!

Photo: Susan Moss (https://www.susanmossphotography.com)

The Smile: intime et intense

La dernière fois que Thom Yorke et Jonny Greenwood ont foulé les planches du MTELUS – ou plutôt du Métropolis à cette époque – c’était en 1997 lors de la tournée d’OK Computer.

Leurs visites subséquentes dans la métropole ont toujours eu lieu dans de plus grandes salles ou à l’extérieur. Même lorsque Thom Yorke est venu présenter ses chansons solos en 2019, il s’est produit à la Place Bell de Laval.

C’était donc un plaisir partagé par leurs fans que les musiciens se trouvaient cette fois dans un cadre plus intime. Un cadre parfait pour présenter, en live, les pièces de leur premier album, l’excellent A Light for Attracting Attention sorti au printemps dernier, avec en prime quelques nouvelles chansons.

Si certains pensaient à tort que The Smile n’était qu’un passe-temps avant un prochain album de Radiohead, sachez que le groupe a déjà quelques nouveaux morceaux en banque. La preuve, ils en ont joué six à présent lors de cette tournée, dont quatre qui ont trouvé leur chemin sur la setlist jouée à Montréal.

Ainsi, ces quatre nouveautés laissent croire que, si deuxième album il y a, il sera bel et bien à la hauteur du premier opus. Du lot, «Bending Hectic» a particulièrement retenu mon attention, avec son intro tranquille et mélodique ainsi que sa finale intense.

The Smile semble là pour rester, et je ne m’en plaindrai pas!

Photo: Susan Moss (https://www.susanmossphotography.com)

Est-ce la fin de Radiohead?

Certaines rumeurs laissent croire que Radiohead pourrait se séparer, et cette tournée de The Smile ne va pas aider à la faire taire! En effet, Yorke et Greenwood semblent prendre un malin plaisir à jouer ensemble sur scène, comme libérés du poids que peut devenir l’héritage d’un groupe aussi populaire que leur projet principal.

Avec ce récent projet, ils peuvent se permettre de jouer dans des plus petites salles et ils peuvent jouer uniquement leurs nouvelles chansons sans avoir à jouer des succès par obligation, et ce, pour une énième fois.

Pour ma part, j’ai vu Radiohead lors de leur dernière visite à Montréal et les membres n’ont jamais paru blasés ou être sur le pilote automatique. Ils ont offert un excellent spectacle, mais la performance de The Smile était tout de même plus énergique.

Personne ne souhaite la fin de Radiohead, moi le premier. Mais il faut se rendre à l’évidence que si ça arrive un jour, The Smile sera un digne successeur.

Vendredi soir, lors de leur concert, il n’y avait aucun temps mort, et la scénographie minimaliste était au service de l’ambiance musicale, avec un éclairage élégant et bien utilisé.

Dès les premières notes de «The Same» jusqu’aux dernières de «FeelingPulledApartByHorses» jouée au rappel, la foule a donné toute son attention aux musiciens sur scène.

Parlant des musiciens, j’ai beaucoup mis les projecteurs sur Yorke et Greenwood jusqu’à présent. Après tout, l’attention est surtout portée sur eux! Sauf qu’il ne faut cependant pas sous-estimer l’apport du troisième membre, Tom Skinner, aux tambours. Le batteur apporte une touche de jazz au groupe, ce qui permet sans doute à The Smile de se différencier du projet plus célèbre de ses deux membres.

En somme, il n’y a pas de doute que la formation, malgré un seul album à son actif, aurait pu se permettre une bien plus grande salle encore, mais la proximité avec ces musiciens légendaires a rendu cette performance déjà excellente encore meilleure.

Comme je l’ai mentionné précédemment, The Smile a déjà plusieurs nouvelles chansons à son actif. Il ne serait donc pas surprenant qu’un deuxième album voit le jour plus tôt que tard et que le groupe revienne nous visiter à Montréal. Si c’est le cas, essayez de vous procurer vos billets tôt, car ces derniers donnent un excellent spectacle, croyez-moi!