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Crédit photo : Danielle Plourde
En 2010, The Head and the Heart devenait l’une des belles révélations de l’année chez Sub Pop Records. Le fameux label de Seattle (Nirvana, Foals, Beach House, Blitzen Trapper, The Shins, etc.) avait à l’époque remporté la mise face à plusieurs labels indépendants de la côte Ouest. Remasterisé par Sub Pop, le premier album The Head and the Heart (2011) était un condensé de pop-songs où les chœurs évoquaient leur attachement à la traditionnelle musique populaire américaine, de Crosby, Still, Nash and Young à Fleet Foxes, leurs camarades au sein du label.
Sorti deux ans plus tard, Let’s Be Still (2013) s’inscrivait dans la continuité de «Lost in My Mind», «Ghost» ou «Down in the Valley» tirées du premier album, avec notamment «Another Story» ou le titre éponyme de l’album. En signant chez la major Warner Bros. Records (qui détient 49% de Sub Pop), The Head and the Heart prend un certain virage pop aux envolées festives, avec ce nouvel album sorti en septembre dernier. Ils viennent ici titiller les pointures de l’indie-folk, comme les Islandais d’Of Monsters and Men, les Anglais de Mumford and Sons ou encore leurs compatriotes The Lumineers.
Ce mardi soir, dans un Métropolis festif et dansant, la bande à Josiah Johnson et Jonathan Russel venait donc présenter ce nouvel opus ambiancé où la douceur folk est rapidement prise de court par les élans rock qui peuvent nous rappeler à certains égards l’indie-rock déployée par les Montréalais d’Arcade Fire. Mais le chemin est long encore pour le groupe de la Cité Émeraude, même si c’est les désormais classiques du groupe, comme «Lost In My Mind» ou «Down in the Valley» qui touchent les cœurs des fans de la première heure.
L’effort mis sur la mise en scène, incluant de nombreuses plantes vertes dans un joli enchevêtrement de lumières, et surtout un «Signs of Lights» lumineux en arrière-plan rappelant les enseignes éclairées rétro que l’on trouve fréquemment sur la côte Ouest, ont permis au groupe de faire entrer l’auditoire dans leur nouvel univers. Pourtant, entrant en matière avec deux gros morceaux de ce dernier album, «All We Ever Knew» et «City of Angels», le groupe a eu du mal à s’harmoniser et à convaincre. Il a fallu attendre cinq à six chansons, et des détours par les précédents albums («Ghost», «Let’s Be Still») pour enfin voir les membres de The Head and the Heart prendre leurs aises sur la scène du Métropolis et enfin se sentir comme chez eux.
S’ensuivra un bel aperçu de cet album, avec notamment la rassurante «Your Mother’s Eyes», ou la rythmée et dansante «I Don’t Mind». Mais les fans n’ont pas été en reste avec la magnifique ballade folk «Rivers and Roads», jouée au rappel. Ce rappel sera d’ailleurs l’occasion pour le groupe de rendre hommage à sa manière au déjà très regretté Leonard Cohen, avec une reprise issue de Death of a Ladie’s Man (1977), «True Love Leaves No Traces», ainsi qu’une autre plus surprenante, «It’s a Wonderful World» de Louis Armstrong.
Matt Holubowski
En première partie, il revenait à un local d’ouvrir pour le groupe de Seattle. Fort d’un album Solitudes sorti cette année, le Montréalais et ancien pensionnaire de La Voix nous a montré à quel point il s’est rapidement émancipé de cette expérience. Conteur et mélodiste de talent, Matt Holubowski s’inspire de ses pérégrinations vers ses origines en ex-Yougoslavie et de Hugh MacLennan, l’essayiste montréalais qui s’inspira des conflits entre anglophones et francophones à Montréal dans Two Solitudes (1945). Dégageant une sincère énergie sur scène, et visiblement très heureux de jouer à la maison, Holubowski s’est montré séduisant. Explorant partiellement son recueil de chansons, en français comme en anglais, le musicien a enthousiasmé, et l’on retiendra d’ailleurs des titres comme «L’imposteur», «Wild Drums» et, sans surprise, l’entraînante «A Home That’s Won’t Explode».
De bons présages avant sa venue au Club Soda le 23 février 2017 à l’occasion de Montréal en Lumière.
L'avis
de la rédaction