The Dandy Warhols et Seratones à L’Astral de Montréal

L’éternelle insouciance

Publié le 11 avril 2016 par Benjamin Le Bonniec

Crédit photo : Danielle Plourde

Après quelques albums expérimentaux décevants au courant des années 2000, The Dandy Warhols avaient surpris son monde avec l'album This Machine (2012), la résurgence de leur prodigieux début de carrière. À l’occasion de la sortie du nouvel album Distorland cette année, le groupe s’est lancé dans une longue tournée mondiale. Hier soir, ils «trustaient» la scène de L’Astral, une salle véritablement taillée pour eux, dans un concert décoiffant entre insouciance retrouvée et maturité assumée. En première partie, le groupe Seratones, emmené par sa pétillante chanteuse AJ Haynes, a su lever l’assistance aux rythmes d’un rock psychédélique enflammé.

À la merci d’un psyché-rock aux accents bluesy porté par la voix voluptueuse et entraînante de sa chanteuse, sorte de réminiscences d’une «Janis Joplin afro», le quatuor de Shreveport (LA) a attisé avec plein de verve un public venu pour les stars de la soirée.

Signant une performance énergique, Seratones nous a transportés avec la Louisiane en toile de fond, grâce à une musique rythmée par l’héritage rock, blues et afro de cet état américain. Malgré un bassiste visiblement pas très accordé sur la vitalité et le dynamisme de sa chanteuse, le groupe remporte les suffrages et, après l’irruption d’Haynes sur le parterre, la salle était définitivement conquise.

The Dandys Warhols: majestueuse insouciance

Depuis 2013 et leur performance au Club Soda, on n’avait pas croisé la route des «dandys» de Portland en terres québécoises. Au service d’une nonchalance pop, ceux qui furent les principaux instigateurs d’une britpop américaine au début des années 2000 ont dès lors rectifié le tir avec ce concert montréalais. Pourtant, c’est presque timidement que la bande a emmené le «statueux» Courtney Taylor-Taylor, qui semblait un peu troublé par la frénésie entraîné par les Seratones au moment de mettre les pieds sur scène.

Après des morceaux introductifs hésitants, l’iconique chanteur-compositeur entonnait un des classiques du groupe, «I Love You», issu de l’album de 1997 …The Dandy Warhols Come Down et donnait véritablement le ton de la soirée. De là, les ex-rivaux de la bande à Anton Newcombe, mis en lumière par le génial documentaire DIG!, The Brian Jonestown Massacre, enchaînaient avec toujours la même fougue les classiques du groupe de «They’re Gone» à «We Used to Be Friend», en passant le tube radiophonique «Bohemian Like You», «Good Morning» ou «Godbless».

La véritable attraction de la soirée résidait tout de même dans la présentation des pièces de leur dernier album. Et si «Styggo» n’était pas vraiment convaincante, il en a été tout autrement de «You’re Killing Me» ou de «All the Girls in London», la préférée de Taylor-Taylor selon ses dires. On avait droit alors à un bel aperçu de Distorland, un album légèrement décousu mais aux fulgurances pop-expérimentales significatives de leur début de carrière. Et après l’écoute de l’album, on sent la même ardeur que la formation a offerte au public de L’Astral hier soir.

Courtney Taylor-Taylor et sa bande avaient choisi une trajectoire bien différente des déjantés du B.J.M en faisant le choix de signer pour une major aux prémices de leur carrière, le succès a été évident. On sait que Courtney n’a pas le génie créatif et prolifique de Newcombe, ce malgré les quelques lueurs pop-rock des débuts et des deux derniers albums, The Dandys Warhols ne transcendent pas.

Ce concert montréalais montre néanmoins qu’avec la maturité, le groupe dispose toujours de cette majestueuse insouciance et continue nonchalamment son vagabondage britpop, comme si on était encore en 1997.