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Crédit photo : Marie-Eve Linck
Ce n’est pas une mais deux premières parties qui mettaient la table pour the Damned. Tout d’abord, Police des mœurs, un groupe d’ici qui donne dans l’électro new wave aux accents gothiques. Si leur musique n’a rien d’original, elle a le mérite d’être bien faite et de coller au genre, et le tout, en français. Ça aurait pu être fait en 1985 et ça sonnait un peu daté. Mais bon, ça sonnera toujours moins daté que presque tout le folk québécois…
Toutefois, ce n’est pas la musique qui m’a choqué de cette prestation, mais la finale: le groupe s’est fait couper le son abruptement et montrer la sortie en plein milieu de leur dernière chanson!!? Heille, même s’il dépassait le temps alloué de deux minutes, on n’est pas à deux minutes près… Je n’ai jamais vu ça et j’ai trouvé ça tellement irrespectueux. Bravo pour la promotion de la musique…
Le temps de me «déchoquer», un autre groupe se présentait sur scène: The Bellrays. Une formation américaine qui roule sa bosse depuis plus de 25 ans, et ça parait. Wow, quelle performance! De l’énergie, du charisme, du professionnalisme, du soul… La musique des Bellrays est difficile à décrire, c’est du rock assez rentre-dedans, mais avec une chanteuse et des mélodies soul ainsi que certaines passes un peu funk. C’est un peu comme si Stevie Wonder rencontrait Queens of the Stone Age. Et avec les Bellrays, ça donne un super bon show, c’est juste plate qu’avant-hier, ce n’était pas le bon auditoire. La chanteuse répétait «rock show!» entre les tounes pour tenter de faire lever la salle, mais ça ne levait pas fort. Et ça groovait encore moins. Dommage.
Et puis, les bons vieux Damned sont arrivés: Dave Vanian, derrière son micro de style années 50, arborait le look Nosferatu, tandis que Captain Sensible a gardé le style punk old school qu’il a depuis plus de 40 ans. Les autres membres, pas du tout issus de la formation originale, étaient vêtus plus sobrement. Vanian est aussi assez théâtral dans ses gestes, ce qui a donné une très bonne performance. Et sa voix ne s’est pas détériorée, comme ça arrive souvent avec le temps. Et les musiciens se débrouillent très bien pour des punks. Ça doit être l’expérience. Ils avaient vraiment l’air de s’amuser sur scène, se souriaient, blaguaient; ils tripaient presque tout autant que nous.
Ces pionniers du punk britannique n’ont rien perdu de leur fougue: le guitariste posant et grimaçant à la foule, le claviériste insultant le gars de son avec le mot le plus vulgaire de la langue anglaise, et j’en passe. C’est sûr que musicalement, ça reste du punk classique, mais ça reste le meilleur punk, et la foule faisait du pogo et du trash en masse, même si on interdisait aux gens de monter sur scène, gorilles aux aguets: ce n’est pas très punk ça… Ça n’a pas empêché la salle de se défouler, surtout quand elle a entendu les premières notes de «New Rose», qui a été suivie de «Neat Neat Neat» que tout le monde a entonné en chœur.
Après deux rappels et près de deux heures de concert, The Damned a quitté la scène et tous les vieux punks, fatigués, s’en sont retournés chez eux, contents et aucunement déçus par la prestation (peut-être une des dernières?) de ce groupe mythique.
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de la rédaction