Critique du spectacle de Suuns à la Sala Rossa: la tombée du jour – Bible urbaine

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Critique du spectacle de Suuns à la Sala Rossa: la tombée du jour

Critique du spectacle de Suuns à la Sala Rossa: la tombée du jour

Publié le 25 octobre 2010 par Éric Dumais

C’est aux alentours de 23 heures que le collectif Suuns est monté sur la scène minuscule de la Sala Rossa sous le regard scrutateur et admiratif de la foule montréalaise. À peine deux semaines après la sortie de leur premier souffle créatif, qui fait suite à la parution du EP Up Past the Nursery (2010) paru un mois plus tôt, le quatuor était enfin de retour dans sa ville natale après une tournée nord-américaine pour offrir une prestation sombre mais d’une intensité éblouissante, semblable à l’effet d’une éclipse solaire sur la rétine humaine.

Après une magnifique ouverture tout en classique offerte par le quatuor féminin Kinds of Light, qui rivalisait (et ce n’est pas une blague) avec les meilleures symphonies de Vivaldi ou de Mozart, c’était au tour de Suuns de montrer de quel bois il se chauffe. Et ils ont été en mesure de ravir la foule présente hier soir à la Sala Rossa! Oh que oui!

Ils ont en effet débuté en grande pompe avec l’excellente Arena, pendant laquelle les musiciens semblaient complètement dépossédés d’eux-mêmes, tellement l’harmonie régnait au sein du groupe montréalais. Ils ont ensuite enchaîné avec leur tube Up Past the Nursery (dont vous pouvez visionner le vidéoclip sur mon blogue La Bible Urbaine) dans une fusion sonore et sensorielle assez foudroyante. C’est à ce moment précis que les spectateurs ont pu ressentir dans la salle toute l’intensité, voire toute la profondeur de leur musique, en particulier lorsque la voix de Ben Shemie, presque sortie d’outre-tombe, résonnait comme un écho fantomatique venu de l’au-delà.

Et que dire du défouloir qui a suivi par la suite? C’est dans un débordement d’énergie incontrôlable que le collectif Suuns s’est permis deux chansons d’une rapidité presque essoufflante, dont l’intense Marauder, pendant laquelle la batterie battait une cadence presque démesurée, et ce, au rythme des deux guitares complètement endiablées. C’était un moment admirable, débordant d’ingéniosité. Le collectif a ensuite enchaîné avec les deux bombes de l’opus, à savoir la pièce inaugurale Armed for Peace et Gaze. Pendant la seconde pièce, un musicien, jusqu’alors inconnu de tous, a surgi des coulisses armé d’un saxophone, pour nous offrir une partition de free jazz vraiment bien interprétée. Sweet Nothing, environ 45 minutes plus tard, a clôturé la fin de la prestation dans une envolée poétique et sonore réellement ensorcelante. La voix de Ben Shemie était largement amplifiée par la réverbération, alors que les deux guitares électriques du duo Shemie-Yarmush s’affrontaient dans un duel de cordes vraiment incontrôlables.

Vous vous demandez, ô lecteur impatient, s’il y a eu un rappel? Bien entendu! Ils ont performé une dernière chanson en provenance de leur ancien répertoire, qui mixait vraiment bien le côté indie-rock de la formation ainsi que leur amour de l’expérimental.

Somme toute, Suuns a offert un spectacle de courte durée mais d’une intensité démesurée. C’est décidément ma découverte du mois d’octobre.

L’album Zeroes QC est disponible en magasin depuis le 11 octobre 2010.

Appréciation: ***1/2

Crédit photo: Secretly Canadian

Écrit par: Éric Dumais

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