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Crédit photo : www.allah-las.com
L’AMOEBA Music Store trône au coin du mythique Sunset Boulevard en plein cœur d’Hollywood. Destination culte des collectionneurs et musiciens du monde entier, le plus grand disquaire indépendant de la planète est devenu au fil des ans, depuis sa création en 1990 par Marc Weinstein, la véritable obsession de toute une communauté de mélomanes nostalgiques férus de vinyles.
La rencontre de quatre musicologues éclairés
C’est dans cet antre si particulier, au milieu des milliers de vinyles, que Matthew Correia (percussions), Spencer Dunham (basse) et Pedrum Siadatian (guitare) se sont rencontrés. Tous trois vendeurs dans ce lieu incontournable de la good vibe californienne, ils deviennent amis et décident rapidement de figurer, eux aussi, parmi la collection hallucinante de disques. Rejoins par Miles Michaud (voix et guitare), une vielle connaissance de Dunham, ils commencent à façonner une musique allaitée à la pop sixties de leurs idoles, du père spirituel Dick Dale au prophète Brian Wilson (The Beach Boys).
Un revival sixties loin d’être illusoire
Mais la sortie d’Allah Las (2012) n’est pas uniquement le fruit d’élans nostalgiques d’inconditionnelles de l’époque des Byrds, Love, Buffalo Springfield, Seeds et consorts. Ce premier album poétique teinté de garage rock et de pop acidulée dépasse la simple illusion revival d’une époque fantasmée où le rock et le surf étaient à Los Angeles, et dans tout l’El Dorado californien, un véritable art de vivre.
Si la culture surf fait partie intégrante de leur style de vie, on ne parle pas de ce penchant protéiné et hydraté aux boissons énergisantes écoutant une musique assez facilement discutable. Ces quatre purs produits de la côte west, quand ils n’épuisent pas les disquaires de L.A. ou nous concoctent un condensé impressionnant de playlists par le biais de leur radio Reverberation, rapidement devenue incontournable dans le milieu, n’hésitent pas à se glisser dans les eaux froides du Pacifique vivant inlassablement un endless summer où l’automne n’arrive jamais.
La confirmation de toutes les belles choses entendues du côté de la Californie n’ont pas tardé à se répandre jusqu’à la côte Est et par delà les océans en Australie et en Europe où Allah Las jouit d’une réputation les érigeant inévitablement en étendard de ce summer of love 2.0. Workship in the sun éclabousse d’ailleurs l’année 2014 s’incrustant dans le paysage musical comme un véritable coup de grâce au son d’une pop solaire dans la plus pure tradition californienne.
Ne dérogeant pas au rythme pris depuis le début de leur carrière, soit d’un album studio tous les deux ans, les Californiens, légèrement plus modérés mais gagnant en intensité et en texture, ont confirmé tout le bien que l’on pouvait penser d’eux avec la sortie de Calico Review en 2016. Si ce nouvel opus reste gorger de cet éternel ensoleillement digne d’un désert de Mojave, la grisaille se profile assombrissant, brouillonnant les pistes habituellement prises mais atteignant pourtant une profondeur tout aussi triomphale.
Le Rialto comme machine à remonter le temps
Ce mardi, du côté du Mile-End, l’éclatante formation a transporté un Théâtre Rialto enthousiasmé par les explorations aux origines de la Pop West Coast. Second passage montréalais en l’espace de six mois, ce concert a précisé la maturité acquise par le groupe avec ces nouvelles compositions plus langoureuses au sommet desquelles trône l’incroyable «Famous Phone Figure» ou la très blues-rock «Could Be You».
En férus musicologues de leurs états, capables d’imaginer de parfaites et ambitieuses playlists, le quatuor avait façonné une setlist bien nivelée puisant dans leur propre discographie, d’Allah-Las à Calico Review. Et de «Follow You Down» à «Busman’s Holiday», d’«Had It All» à «Tell Me (What’s On Your Mind)» ou de «Ferus Gallery» à «Sacred Sands», un bel aperçu du déjà si complet répertoire d’Allah-Las y est passé.
S’il souffle une brise follement sixties dans le dos de ces quatre garçons, cette ferveur nostalgique bien palpable n’exclut pas les expérimentations immuables presque éternelles, puisant leurs inspirations dans un catalogue éclectique, intemporel, mais bien contemporain.
Fort de ce bagage musical, aussi encyclopédique qu’inépuisable, Allah-Las s’inscrit en ce début 2017 comme une source d’inspiration pour une génération marquée par l’avènement d’une société mondiale étiolée et en manque de souffle.
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de la rédaction