«Suicide Girls Blackheart Burlesque» avec BonBon Bombay au La Tulipe

Malgré le fait que le dernier passage des Suicide Girls date du 20 avril 2015, la foule était dégourdie et semblait impatiente de voir les danseuses. Katherine Suicide, une jolie femme aux cheveux verts, arborant plusieurs tatouages et un humour désarmant, fut la maîtresse de cérémonie. Ses commentaires rigolos, son assurance et la facilité avec laquelle elle a animé la soirée ont fait d’elle une excellente meneuse de foules. Ses interventions étaient bien dosées, succinctes et pertinentes, ce qui a ravi les spectateurs.

La première de cette soirée colorée fut offerte par l’artiste burlesque montréalaise BonBon Bombay, que l’on avait eu l’occasion de voir lors du spectacle «Grand Cabaret» présenté à l’Olympia le 21 février dernier. Elle a présenté deux numéros, l’un où elle s’improvise barbier et décide de s’attaquer à la barbe de son client et, par la même occasion, à celui-ci. Cette séquence semblait inspirée de Sweeney Todd: Le Diabolique Barbier de Fleet Street, elle a particulièrement plu au public. Le jeu d’ombre exécuté derrière un écran blanc fut très réussi. Par la suite, vêtue d’une longue robe noire, elle recruta un membre de l’audience et l’amena sur la scène pour l’accompagner pendant sa routine. Ce numéro, plus classique, fut aussi très apprécié.

Après un court entracte, les Suicide Girls font finalement leur entrée sur la scène. Habillées de façon similaire à Yo-Landi Vi$$er (portant un survêtement de type Pokémon), les filles ont dansé sur «Cookie Thumper» de Die Antwoord, ce qui leur a valu des cris de joie. Par la suite, une femme vêtue à l’image du lapin dans Donnie Darko (sur la chanson «Mad World» de Gary Jules) a offert une routine plus lancinante. Les numéros se suivent et ne se ressemblent pas, mais tous font appel à la culture populaire et au cinéma. Nous avons eu droit, entre autres, à un segment inspiré de Beetlejuice (Tim Burton) sur les airs de «Jump In The Line» d’Harry Belafonte et à une chorégraphie de type sadomasochiste sur la chanson «Earn It» de The Weeknd (chanson de la bande originale de 50 Shades Of Grey), qui était l’un des numéros les plus sensuels de la soirée.

Il y a eu d’autres danses qui incorporaient des éléments aussi éclectiques qu’Ariel la petite sirène, l’armée impériale de Star Wars, Sailor Moon, Pokémon et Rocky Horror Picture Show (et le classique «Time Wrap»). La maîtresse de cérémonie a également fait participer le public à trois numéros, dont une compétition de lap dance entre la danseuse Lyric Suicide et un couple choisi dans l’audience. Les deux premiers tiers de la soirée furent spécialement appréciés, l’un des moments les plus forts fut une danse sur le succès «Closer» de Nine Inch Nails. Peu après, bien que les spectateurs fussent visiblement charmés par les Suicide Girls, l’énergie de la salle a quelque peu perdu en intensité.

L’une des forces des Suicide Girls est leur originalité. Elles n’hésitent pas à amalgamer des éléments de la culture populaire («Thriller» de Michael Jackson, c’est-à-dire les zombies et le fameux manteau de cuir rouge), de la musique contemporaine (Grimes, Lana Del Rey ou encore Major Lazer), les personnages de dessins animés et l’humour. Leurs mouvements ne s’inscrivent pas tous dans la tradition du burlesque dite classique et cela confère fraîcheur et modernité au genre. Les chorégraphies ne sont pas exécutées avec exactitude et elles se rapprochent davantage de la danse que de l’aguichage, bien qu’il y ait, bien sûr, un effeuillage de la part des danseuses. Mais ce qui a séduit le public, qui était ultra expressif et ont applaudi chaleureusement plusieurs fois pendant la soirée, c’est l’attitude décontractée des filles; elles s’amusaient tout autant, sinon plus, que l’audience.

Après avoir remercié les Montréalais d’avoir assister à la présentation, la DJ met «Bad Girls» de M.I.A. en guise de conclusion, y a-t-il une meilleure chanson pour conclure un tel spectacle?