Sorties
Crédit photo : Michel Couvrette
De plus, le maître de cérémonie, un homme nommé Pinot Noir, n’a pas su divertir de façon satisfaisante entre les numéros (les délais étaient longs), son accent français trop forcé était distrayant, ses interventions apparaissaient interminables et manquaient même de vitalité.
Malheureusement, sa présence a donné un sentiment de lourdeur à ce spectacle, et cela a certes brisé le rythme. La soirée ne constituait pas un tout, mais plutôt un collage morcelé; le public perdait l’intérêt pendant ces moments et en profitait pour discuter entre eux. Heureusement, la musique choisie correspondait parfaitement aux chorégraphies: les costumes étaient somptueux et le jeu de lumière complétait à merveille la mise en scène.
Il y avait également une certaine variété parmi les numéros présentés hier soir, certaines artistes burlesques ont privilégié l’approche plus traditionnelle de l’effeuillage, se rapprochant davantage de l’esthétisme et des mouvements popularisés dans les années 40 et 50; ce fut le cas de Lavender May, Madria, Lou Lou la Duchesse de Rière et Mimi Cherry. Ces présentations, inspirées par les pionnières du genre, Lili St-Cyr et Gypsy Rose Lee, furent appréciées par les spectateurs.
D’autres ont fait preuve d’originalité ou de modernisme, telles que Priscilia (du groupe Cirquantique, trio qui a présenté un numéro digne des meilleures gymnastes sur de la musique rock des années 60), qui a su démontrer sa force physique et son incroyable souplesse dans un numéro dont le thème était la moto. Lady Josephine a, pour sa part, impressionnée les spectateurs grâce à un habit aux couleurs vives et à une chorégraphie où elle utilisait un sabre. Elle a même retiré son demi-corset à l’aide de ce fameux sabre!
La danseuse Nadia a offert un numéro de danse orientale, vêtue d’un costume de couleur or. Ses mouvements de hanche et de ventre ont véritablement plu au public. Le segment de The Foxy Lexxi fut réellement captivant. Après une entrée sur scène remarquable (portée sur une litière par quatre hommes), elle a envoûté le public avec son charisme et ses déhanchements langoureux. Pour sa finale, deux danseuses ont versé un liquide blanc sur son corps et elle fut applaudie avec ferveur.
Deux autres numéros ont su enthousiasmer le public, celui de Rainbow Drag, qui a fait du lip-sync sur la chanson «Alcatraz» (ce qui a causé une rupture avec le style plus vintage de la soirée, mais qui a ravi l’audience) et Bonbon Bombay, qui a débuté son numéro sur le parterre et a fait participer la foule avant de regagner la scène où elle a mis le feu à ses pastilles. Le public a adoré!
Dita Von Teese fut sans contredit l’étoile de la soirée; lorsque le maître de cérémonie a annoncé la célèbre strip-teaseuse américaine, la foule s’est emballée. La belle aux cheveux noirs a su faire preuve d’une élégance incroyable, sachant doser à la perfection le temps entre le titillement et le dévoilement. Elle a exécuté deux numéros, d’abord un premier où elle était vêtue d’une superbe robe noire et d’un corset, d’un boléro en fourrure et parée de ses éventails à grandes plumes.
Puis, lors de son deuxième numéro, lorsque les rideaux se sont ouverts et que l’on a aperçu le verre à martini géant, la foule était au comble de l’enthousiasme. Cette chorégraphie, intitulée «Le Bain», est l’une des plus populaires de son répertoire. Inutile de préciser que le public l’a chaleureusement applaudie et qu’elle a même eu droit à une ovation!
Il faut dire que son dernier passage date de dix ans. En fait, c’est Lavender May et sa troupe Speakeasy Burlesque qui ont réussi à convaincre l’artiste glamour d’offrir un spectacle à Montréal. Malheureusement, quelques minutes avant la levée du rideau, on a annoncé que les photographes et journalistes (qui avaient reçu leur accréditation au préalable) n’avaient plus le droit de photographier madame Von Teese.
Cela fut particulièrement décevant; aucune photo de la reine du burlesque, qui n’offre pas très souvent la chance aux Montréalais de la voir sur scène. Compte-tenu qu’elle est une icône et que c’est grâce à sa carrière phénoménale que le burlesque fait partie, à nouveau, du paysage culturel, c’est dommage que l’on ne soit pas en mesure de vous donner un aperçu de cette soirée unique en son genre.
De plus, les photographes n’avaient pas accès au-devant de la scène, ce qui rend leur travail beaucoup plus difficile… Dommage. Voici néanmoins nos photos de la soirée!
L'avis
de la rédaction