Spectacle-lancement de Yann Perreau au Club Soda: plus grand que nature – Bible urbaine

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Spectacle-lancement de Yann Perreau au Club Soda: plus grand que nature

Spectacle-lancement de Yann Perreau au Club Soda: plus grand que nature

Publié le 12 octobre 2012 par Alice Côté Dupuis

C’est au Club Soda que Yann Perreau a réuni amis, famille, médias, fans, collègues, producteurs et diffuseurs (il y en avait, du monde!) pour présenter son quatrième opus: À genoux dans le désir. Entouré d’une quinzaine de musiciens et de sept chanteuses collaboratrices, il a offert à un public heureux mais discret l’intégralité des textes de Claude Péloquin qu’il a mis en musique.

En toute simplicité, verre de rouge à la main, veste en jeans sur le dos, Perreau est arrivé sur scène seul, devant un rideau aussi rouge que son vin. S’installant au piano, c’est avec humour qu’il a brisé la glace: «On m’a demandé de faire la première partie». Il a ainsi offert une demi-douzaine de ses plus grands succès issus d’opus précédents, dont «Conduis-moi», très sobre, «Le pays d’où je viens», plus groovy, «Le bruit des bottes» et «Grande Brune», pièce écrite par Arthur H qu’il avait mis en musique sur Nucléaire. Jouant de son Wurlitzer, le premier instrument qu’il a acheté avec ses propres sous, il a prouvé que ses mots et quelques accords plaqués étaient suffisants pour saisir une foule. «Y’est déjà tombé du stage, esti, puis il est encore là! C’comme un chien!» s’est-il exclamé dans un langage un peu moins poétique, mais avec son étonnante spontanéité, à propos de son piano. Après avoir présenté tous ses musiciens, Yann Perreau y est allé de quelques blagues pour détendre l’atmosphère ou pour laisser le temps à la «grosse orgie en arrière du rideau, un gros gang bang» de s’organiser.

Déjà d’avoir réussi à faire déplacer Ariane Moffatt, Catherine Major, Lisa LeBlanc, Ines Talbi et Queen KA, des chanteuses parmi les plus en demande du moment, pour un même spectacle, c’est un exploit grandiose, mais ça requiert une organisation tout aussi grande. Avec les 14-15 musiciens, ça en fait des micros à gérer! Si quelques pépins techniques – dont du vin renversé sur l’ordinateur portable servant à effectuer les sons un peu plus électroniques de certaines chansons – ont eu lieu durant la soirée, ils ont vite été éclipsés par des prestations magistrales.

Dès le rideau ouvert, l’éclairage sublime a laissé entrevoir une Catherine Major trop statique pour l’énergie de son partenaire sur «Vertigo de toi», mais également une scène imposante. Toute ouverte afin d’utiliser tout l’espace possible, la scène du Club Soda laissait entrevoir «l’envers du décor», jusqu’à la porte arrière, camouflée par le lointain batteur. Une lubie que plusieurs artistes ont eue avant lui, mais que seul Perreau a eu le courage de réaliser.

C’est le grand Claude Péloquin qui a ensuite pris la place de Yann pour la pièce de clôture de l’album, «Au bord du petit lac avec femme fontaine». Le magnifique travail de l’ensemble de cordes et la voix grave de Péloquin se sont harmonisées à merveille, avant de plonger les spectateurs dans un univers plus festif, avec «Merci la Vie». Blaguant à propos de l’ordinateur brisé, Ariane Moffatt a introduit son duo avec son grand ami en déclarant «Ça tombe bien, c’est la chanson la plus acoustique de l’album!». Mais les deux complices n’avaient pas besoin d’effets sonores pour électrifier l’ambiance, tant leur bonheur, leur complicité et leur énergie étaient contagieux.

Une Lisa LeBlanc toute en douceur, une Ines Talbi polyvalente (elle a remplacé tour à tour Elisapie Isaac, Salomé Leclerc et Marie-Pierre Arthur, toutes absentes, en plus de chanter sa propre chanson avec Yann Perreau), une Queen KA débordante d’énergie, et une Marie-Pier Veilleux (la femme de Perreau) touchante ont toutes apporté un charme aux mélodies composées par Perreau, mais la réelle force de ce spectacle est sans contredit l’orchestration musicale. L’alternance de solos de flûte traversière, de cordes, de trompette et de saxophone a ravi de nombreuses oreilles, en plus de soutenir à merveille les textes de Péloquin. Chapeau également à Alexandre Péloquin, qui a fait un travail d’éclairages absolument magnifique, notamment sur la pièce d’ouverture et sur «Acrobates de l’éternité».

Si la soirée en soit est une réussite extraordinaire, un numéro en particulier aura retenu l’attention. Chantée sur l’album par Salomé Leclerc, Ines Talbi a livré aux côtés de Perreau un «Qu’avez-vous fait de mon pays» absolument magique, a capella, entremêlé de solos de trompette. Puis, à la surprise générale, les quinze musiciens se sont mis à taper le rythme du pied et des mains, appuyés par un éclairage parfait. Un moment fort du spectacle.

Malgré les quelques pièces plus sérieuses, c’est sans contredit un vrai party qui a eu lieu devant les spectateurs réunis au Club Soda jeudi dernier pour la première soirée de lancement d’À genoux dans le désir. En terminant «la goutte» par une chorégraphie comique avec les sœurs Queen KA et Ines Talbi; en annonçant avec excitation la grossesse de sa femme avant de chanter avec elle et de l’entraîner dans une danse amusante; en revenant au rappel avec des plumes d’indien sur la tête pour rappeler «monsieur l’Indien», le deuxième conte que Péloquin a offert sur scène; et en dansant allègrement en chantant «Le président danse autrement» et «Beau comme on s’aime», deux de ses plus grandes œuvres jusqu’à maintenant, Yann Perreau a incontestablement transformé cette soirée de lancement en fiesta. Rien de surprenant, alors qu’au début de la soirée, il a avoué se sentir «comme si c’était ma fête, puis que je faisais un gros party puis que tous mes amis étaient là et tout le monde reste à coucher chez nous ce soir!»

Yann Perreau offrira un second spectacle de lancement d’À genoux dans le désir à Montréal le 12 octobre, ainsi qu’un à Québec, le 19 octobre prochain.

Appréciation: ****1/2

Crédit photo: Valérie Jodoin Keaton

Écrit par: Alice Côté Dupuis

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