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Crédit photo : Katya Konioukhova
La soirée a commencé tout autrement avec Angus Tarnawsky, artiste australien tout récemment installé à Vancouver, et son électro expérimentale. Sa musique, plutôt sombre et minimaliste, met l’accent sur les basses et les percussions, mais elle ne pourrait être qualifiée de drum ‘n’ bass. Le genre de prestation qu’amène l’électro paraît toujours quelque peu statique: quelqu’un derrière une table, pitonnant sur son ordinateur et son séquenceur. Ici, l’ajout de percussions, notamment un tambour et des cymbales, permettait au musicien de s’exprimer un peu plus librement et ajoutait une profondeur aux mélodies Et puis Tarnawsky est rarement resté immobile, dansant derrière son équipement, au son de sa musique d’ambiance des plus intéressantes.
Sont par la suite arrivées sur scène les membres de Savages avec d’abord leurs chansons un peu plus posées, telles Sad Person, dans un éclairage blanc cru qui annonçait le ton du concert. Pas de froufrous, pas de sparages, pas de lumières multicolores ni de fumée ici, seulement un groupe sobrement vêtu de noir dans un éclairage minimaliste qui laissait toute la place à ce qu’il y a de plus important, la musique brute, voire brutale de la formation, la présence déchaînée et la superbe voix tantôt enragée, tantôt plaintive de Jehnny Beth, de son vrai nom Camille Berthomier. Celle-ci y va de temps en temps de discours bien appris, un peu preacher et limite condescendants en s’adressant à la foule en anglais, les seuls moments qui pouvaient agacer. De plus, sachant qu’elle est Française, un petit bonjour ou merci aurait été fort apprécié dans une ville à majorité francophone.
Sinon, l’excellente performance du groupe s’est construite sur un crescendo d’intensité, qui a commencé à s’accentuer au moment où Savages ont entamé leur succès «Husbands». Ensuite, ça y était. La batterie est devenue de plus en plus frénétique au fil des chansons; d’ailleurs, mention à la très solide batteuse Fay Milton qui martèle ses tambours avec force et a bien tenu le rythme qui s’accélérait constamment. La chanteuse a alors fait sortir une colère qu’on ne devinait pas quelques instants plus tôt et le public a tout de suite réagi en sautant et devenant comme fou.
Puis, Jehnny Beth s’est lancée dans la foule et s’est mise à interpréter «Hit Me», à genoux et soulevée par les spectateurs en liesse, bien entourée de téléphones qui tentaient d’immortaliser le moment. Elle a continué pendant «I’m No Face» en faisant du bodysurfing sous les cris des spectateurs pour revenir sur scène et terminer le set avec l’excellente «T.I.W.Y.G». Le rappel a laissé la place à des morceaux plus calmes, qui délaissaient par moments la batterie pour mettre en valeur la basse et la guitare. Et la chanson titre de l’album, «Adore Life», montre les nuances, la puissance et la beauté de la magnifique voix de la chanteuse qui a laissé dormir sa rage un moment pour mieux la faire ressortir avec «Fuckers», qui a clos cette prestation incroyablement forte. La foule est sortie un peu abasourdie mais comblée par cette performance brutale et sexy.
Si vous avez raté ce concert samedi soir mordez-vous les doigts et puis croisez-les en espérant que Savages reviennent rapidement nous voir.
L'avis
de la rédaction