Sorties
Crédit photo : TIM
Avec Savages, on pourrait clamer post punk is not dead. Le jeune groupe londonien, créé en 2011, fait revivre cette ère de la musique britannique, sombre et rebelle, qui a marqué la fin des années 70 et le début des années 80 partout en Angleterre puis bien au-delà. En 2012, Savages s’est fait d’abord connaître avec un mini-album qui tentait de faire revivre ce style qu’on croyait mort et enterré, parfois seulement ressuscité par quelques vampires traînant encore dans les bars gothiques. Le groupe n’a jamais caché ses influences: Joy Division, PIL et surtout Siouxsie and The Banshees.
En fait, ce serait difficile de les nier, la première fois qu’on entend Savages, on se demande si ce n’est pas un inédit des Banshees…
La formation est arrivée sur la scène musicale anglaise surpeuplée avec une proposition et un concept bien réfléchis, même trop pour certains critiques à l’époque. Le quatuor, entièrement féminin, avait déjà à son premier album un style musical et un look définis, des paroles dites sérieuses, mêlant colère et ressentiment, inspirées par la morosité ambiante. L’album Silence Yourself contenait même un manifeste, invitant les gens à se reconnecter physiquement et émotionnellement à leur moi pour redéfinir leurs relations aux autres, leur vie et la place de la musique dans celle-ci. Eh bien, comme on s’en doute, tout ça leur a valu quelques reproches…
Heureusement, avec leur deuxième excellent album Adore Life (doublé lui aussi d’un manifeste!), les filles semblent se prendre moins au sérieux, leurs paroles et même leur musique paraissent plus légères, enfin plus nuancées, parce que ça reste dans la veine obscure et noire, on n’est pas du tout dans la pop mielleuse chantée par une jeune ingénue ici. La voix de la chanteuse Jehnny Beth, Française d’origine (Camille Berthomier de son vrai nom), rappelle toujours celle de Siouxsie Sioux par moments, mais musicalement, la formation semble se détacher de ses influences pour peaufiner leur propre son. C’est entourée de Gemma Thompson à la guitare, Ayse Hassan à la basse et Fay Milton à la batterie que Jehnny Beth montera sur scène à Montréal, avec toute l’énergie qu’on connaît, pour un spectacle qui risque d’être explosif.
Si vous voulez voir un très bon concert, solide et survolté, sortez vos plus beaux habits noirs et déplacez-vous vers le Théâtre Corona samedi prochain!