Salomé Leclerc et Safia Nolin au Club Soda à l’occasion du Coup de coeur francophone – Bible urbaine

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Salomé Leclerc et Safia Nolin au Club Soda à l’occasion du Coup de coeur francophone

Salomé Leclerc et Safia Nolin au Club Soda à l’occasion du Coup de coeur francophone

Se réinventer et repousser les limites de la perfection

Publié le 14 novembre 2014 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Andréanne LeBel

Elle était à Montréal il y a à peine cinq mois dans le cadre des FrancoFolies de Montréal pour présenter en primeur les chansons de 27 fois l’aurore, son second opus qui n’était alors pas encore sur les tablettes. Elle avait, à cette occasion, voulu montrer les nouvelles sonorités présentes sur son disque, son changement de cap, en insérant claviers, sons électroniques et rythmes préprogrammés un peu partout, un peu beaucoup. Mais maintenant l’album sorti ici et en France, avec un spectacle un peu mieux rodé, Salomé Leclerc a pu s’installer au Club Soda comme chez elle hier soir, lors de ce Coup de cœur francophone 2014, et savourer le moment. Profiter d’un public maintenant conquis pour les bousculer à nouveau, se réinventer, et prouver qu’elle mérite bien d’être une tête d’affiche.

C’est tout le monde à son poste et bien affairé – José Major à la batterie, Philippe Brault aux claviers (et parfois à la basse), Benoît Rocheleau au trombone (et bien d’autres instruments) et Amélie-Michèle Simard à la guitare acoustique et aux voix – que ce premier spectacle montréalais depuis la sortie de 27 fois l’aurore a commencé, par une introduction instrumentale qui a bien mis la table. Salomé Leclerc, derrière sa guitare électrique, était déjà en parfaite maîtrise, on la sentait dans son élément. Et si avec ces sonorités on s’attendait à une nouvelle chanson, c’est plutôt «Caméléon» (Sous les arbres, 2011) qui s’est fait entendre, à la surprise générale. L’ambiance était bien calée, on allait être confondus ce soir-là au Club Soda.

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«C’est mon premier spectacle en tant que tête d’affiche. J’sais pas si vous avez vu mon nom sur la marquise? Moi en tout cas, j’ai pris ma photo!», s’est exclamée Salomé Leclerc avec une fierté bien réelle, mais un peu timide d’affirmer qu’elle est une tête d’affiche. Pourtant, elle a de quoi être fière, oui, mais aussi de quoi se retrouver là, propulsée à l’avant. L’artiste était à l’aise sur scène, elle était même confortable avec son public, à qui elle parlait beaucoup, mais elle était aussi très habile pour aller là où on ne l’attendait pas.

On prévoyait des ambiances électroniques et des envolées instrumentales qui transportent, parce que le second album en comprend, mais aussi à cause de la formule full band. Pourtant, Leclerc a d’abord offert de doux moments bien ancrés dans l’émotion, notamment lors d’une «Love, Naïve, Love» presque offerte seule à la guitare électrique, mais plus chargée émotionnellement, ou encore pendant «Vingt ans» de Léo Ferré, une chanson apprise pour attirer l’attention du public français qu’elle a tenté d’aller conquérir en octobre dernier, et qui s’est approchée davantage du style de Sous les arbres. On ne s’attendait plus à entendre «Tourne encore», dont la tournure plus pop ne semblait plus être assumée par la chanteuse. Et pourtant c’est une version plus rapide, et avec une groove étonnante, grâce à des rythmes préprogrammés, qui a été offerte et qui nous a donné envie de danser.

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Après la douce «J’espère aussi que tu y seras», livrée comme un interlude, Leclerc a enchaîné avec «Vers le sud», l’une des pièces qui donnaient avant même la sortie de l’album un avant-goût de l’arrivée des claviers et des sons artificiels dans sa musique. Contre toutes attentes, c’est une version dépouillée qui a été offerte de la part de son interprète, sans batterie et sans claviers. Si on ne sait plus à quel style ou à quelle livraison s’attendre de la part de Salomé Leclerc, on peut au moins s’attendre à être renversé et soulevé par son inventivité et sa façon d’être là, tout simplement, abandonnée à ses interprétations senties et enlevantes.

D’ailleurs, il fallait entendre le silence admirable de la foule au moment de «Longue saison», où une Salomé seule à la guitare électrique a livré, de sa voix un brin écorchée, une poignante performance avant que les autres instruments de ses complices ne donnent une tout autre dimension à sa triste ballade et la supportent à merveille. Un autre support frôlant la perfection de cette soirée a été les éclairages de Félix Desrochers, variés et tous plus sublimes les uns que les autres, en plus de bien accompagner les émotions de la chanteuse, aidant même à les décupler.

Mais l’artiste n’avait pas fini de nous surprendre, alors que «Sur la glace», qu’elle traîne depuis longtemps sans toutefois l’avoir enregistrée sur disque, a été offerte avec de nouvelles paroles. «Ne reviens pas» a été actualisée, avec juste une petite touche de préprogrammé électronique, en ne perdant rien de sa fragilité et de la belle présence du trombone. Après quelques ballades, dont «L’icône du naufrage», c’est avec la dynamique «Attendre la fin» que Salomé Leclerc a réveillé son public, avant de clore la soirée avec la touchante «Devant les canons».

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Déjà bien ébranlé par tant de sensibilité, malgré l’enrobage musical parfois assez étoffé des nouvelles compositions de Leclerc, le public n’aurait jamais pu s’attendre à un rappel où Salomé Leclerc s’assoit, seule, au wurlitzer, pour offrir son coup de cœur du dernier album, «Un bout de fil». Cette nouvelle version, tellement simplifiée qu’elle était aussi apaisante qu’avec le son du vent présent sur disque, avait de quoi nous jeter par terre, mais il y en avait encore pour nous épater. C’est avec une belle fougue et une maîtrise étonnante (quoi que ce soit son premier instrument) que Salomé Leclerc a bel et bien clôt son spectacle, cette fois-ci au tambour, en revisitant de façon énergique une «Partir ensemble» à mille lieues de l’originale, mais tout aussi réussie.

Oui, Salomé, partons ensemble. On ne saurait sans doute pas jusqu’où on irait, mais on pourrait aller très loin; se rapprocher toujours un peu plus de la perfection.

Safia Nolin

À quand le premier album de Safia Nolin? Signée chez Bonsound, la jeune artiste de Limoilou a pu être vue en première partie de Coral Egan à Montréal en Lumière, en ouverture de Philippe B aux Francofolies de Montréal, puis maintenant au Coup de cœur francophone. Toujours un peu plus à l’aise avec son public, démontrant un humour absurde qui contraste de charmante façon avec ses ballades tristes et mélancoliques, Safia Nolin est maintenant mûre pour avoir son spectacle à elle, pour supporter un premier disque, et pour briller! «La semaine passée, j’suis venue ici pour voir un show de rap, pis y’avait du monde debout qui sautait pis… j’pensais que ça allait être comme ça ce soir mais… c’correct!», a-t-elle lancé tout sourire, faisant rire la foule, avant d’entamer sa «Chanson la plus triste au monde» et d’offrir une chanson de Noël, parce qu’elle est vraiment prête pour Noël et qu’elle AIME Noël! Safia Nolin est tout à fait charmante, elle est d’une habileté redoutable à la guitare acoustique, et sa voix particulière nous renverse. On veut un album, maintenant.

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L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Caméléon

2. En dedans

3. Love, Naïve, Love

4. Tourne encore

5. VIngt ans

6. J'espère aussi que tu y seras

7. Vers le sud

8. Arlon

9. Le bon moment

10. Longue saison

11. Sur moi la glace

12. Ne reviens pas

13. L'icône du naufrage

14. Attendre la fin

15. Devant les canons

Rappel

16. Un bout de fil

17. Partir ensemble

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