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Crédit photo : Francis L'Écuyer
Après un cocktail qui s’est permis de traîner en longueur, le défilé a commencé vers les 21h avec les looks de l’automne 2016. À l’abri des pluies diluviennes, le public a pu apprécier les chauds lainages et les manteaux de laine bouillie qui ne pouvaient recevoir un meilleur accueil avec pareille météo.
L’ensemble de la collection propose des superpositions discrètes de matières et de couleurs où les contrastes se font plus subtils que tranchés. Des complets ton sur ton, tout en camaïeu avec des tissages fins qui côtoient les tweeds. On remarque des oppositions plus fortes au niveau des coupes et des longueurs, avec, chez les hommes, d’immenses et vestes en laine, agencées à des vestons courts.
Chez les femmes, les tailleurs se font plus ajustés que la saison dernière, avec des épaules plus modestes et des tailles cintrées; chez les deux sexes, le pantalon se porte court. Il se dégage du tout une vibe très années 60’s britanniques, avec ce falzar cintré qui flirtent avec le 7/8 et les teintes automnales joyeusement nostalgiques.
L’une des pièces de résistance de la collection, une robe maxi rouge (seul punch coloré) qui déploie ses pans fluides avec une coupe également inspirée des sixties. Au final, on a retrouvé, ici et là, les petites touches délinquantes et décalées qui amusent chez RW&CO, avec les rebords de pantalons roulés sans vergogne et les matières surprenantes comme un velours saturé. Ce brouillage des règles est au cœur d’une gamme de vêtements où les habits sont dessinés pour être interchangeables. Il en découle un certain sentiment de liberté et de créativité chez le consommateur qui entre en boutique. Il s’agit là de l’une des «marques de commerce» des bannières du groupe Reitmans et qui s’avère toujours un peu plus marquées chez RW&CO, leur déclinaison «haut de gamme».
La collection de complets de P.K. Subban s’est alors glissée juste avant la finale du défilé. Sympathique et détendu, l’ancien défenseur du Canadien s’était fait attendre. Absent de l’heure du cocktail, on le réservait pour le dessert. Après le passage de ses deux frères et d’autres mannequins sur le runway, Subban a mis le pied «sur la glace» avec un entrain et une dégaine qui lui sont toujours aussi caractéristiques. Il a ainsi clôturé la présentation de sa gamme où l’on a pu apprécier des agencements plus discrets et moins aventureux que dans la collection régulière.
La passerelle a alors vu défiler des coupes moins ajustées et des motifs plus discrets, ponctués d’accessoires (cravates, mouchoirs) qui apportaient une combinaison d’extravagance et de classe. Non dénués d’un certain caractère, les complets de P.K. Subban se distinguent par une allure chic, décontractée et dynamique. Le fameux veston de velours Bordeaux, pièce de résistance, était évidemment porté par Subban lui-même, en finale de cette collection qui, à son image, est résolument accessible et surtout, très stylée.
La finale du défilé est alors passée inaperçue après l’accueil plus que chaleureux que la foule a réservé à un P.K. très généreux. L’énergie du jeune homme est contagieuse et palpable et il est clair que le public montréalais regrettait amèrement le départ du coloré gentleman. Cet accueil si enthousiaste était-il en partie tributaire de cet éloignement, nous qui avons l’habitude de bouder ceux qui restent et d’encenser ceux qui partent? Nous ne le saurons jamais avec certitude.
Objectivement, cette première incursion de P.K. Subban dans le milieu de la mode s’avère esthétiquement réussie. Il semble avoir évité les écueils habituels de la manœuvre, dont le narcissisme excessif et ce qu’il entraîne. Force est d’admettre qu’il semble avoir été bien dirigé. Au final, une chose est certaine, hier soir les lieux étaient remplis de good vibrations et Subban en est le grand responsable.
Le défilé RW&CO avec l’invité P.K. Subban était présenté à l’occasion du Festival Mode et Design 2016 qui se tient jusqu’à samedi.
L'événement en photos
Par Francis L'Écuyer