Rufus Wainwright à la Salle Albert-Rousseau de Québec: le spectacle déjanté du gai messie – Bible urbaine

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Rufus Wainwright à la Salle Albert-Rousseau de Québec: le spectacle déjanté du gai messie

Rufus Wainwright à la Salle Albert-Rousseau de Québec: le spectacle déjanté du gai messie

Publié le 29 octobre 2012 par Evelyne Ferron

Rufus Wainwright est revenu en forme ce samedi avec un spectacle en deux parties qui a encore eu la force d’attirer un public de tous âges. Les jeunes filles un peu excitées étaient mélangées aux têtes grises qui attendaient avec plus de patience, certes, mais avec tout autant d’anticipation celui qui allie avec fantaisie les styles musicaux. Plus de 800 spectateurs heureux de venir l’entendre, un exploit maintes fois répété pour celui dont les albums sont encensés par la plupart des critiques, mais dont les chansons sont boudées par les radios commerciales.

Nous l’avions vu au Grand Théâtre avec un orchestre pour l’album Want One en 2003, un peu plus jeune, un peu plus débonnaire. Il nous est ensuite revenu en solo en 2009 avec Release the Stars, bronzé et plein d’humour. Il s’était trompé de note lors de la première chanson et avait expliqué qu’il revenait de vacances. Vêtu d’un chapeau de plage, tout simplement.

À la suite du décès de sa très regrettée mère, Kate McGarrigle, il est revenu à l’été 2010 à la Salle Albert Rousseau pour présenter All days are nights: Songs for Lulu. Il avait fait face à une salle comble prête à accueillir une première partie sombre, où personne ne devait parler ou applaudir, où il nous était apparu dans un costume noir, symbole de deuil, pour revenir en deuxième partie avec des chansons plus joyeuses de son vaste répertoire… vêtu d’un costume orangé qu’on aurait dit tout droit sorti d’un rideau vintage.

Le revoilà en 2012, avec un groupe de musiciens et de choristes qui lui vont bien, un mari tout neuf dans la salle, une petite fille dans la tête et de la musique festive dans le cœur.

Il a laissé la première partie à un jeune musicien britannique de son groupe à la voix sublime du nom de Teddy Thompson, qui a enchaîné les balades à la guitare acoustique tout en essayant timidement de glisser quelques mots de français à une foule prête à le découvrir. Puis au retour de l’entracte, la folie pouvait enfin se déchaîner…

Venu nous présenter entre autres les chansons de son tout dernier opus, Out of the Game, son introduction fut saisissante. Des chandelles sur la scène, sombre, sur laquelle nous pouvions discerner les musiciens puis Rufus, dont les rayures de son costume se voyaient à la noirceur. C’est probablement une des plus belles introductions de spectacle de Rufus Wainwright à laquelle les spectateurs ont eu droit samedi.

Avec ses musiciens, ils ont chanté la très belle chanson «Candles» a capella, leurs voix résonnant avec puissance dans une salle à la fois surprise et éblouie. Puis, ils sont apparus dans la lumière, avec leurs lunettes de soleil et Rufus au centre dans un costume blanc à rayures noires agrémentées parfois de bleu ou de rouge. Ils ont enchaîné avec la très belle pièce «Rashida» et Rufus s’est ensuite adressé à la foule débordante d’enthousiasme.

C’est un Rufus un peu plus vieux et calme (lui qui a admis qu’il était encore beau, mais que ça commençait à «craquer» de partout), mais non pas plus sage qui s’est présenté avec sa candeur, sa folie et sa franchise habituelle.

Dès les premières chansons, il a avoué qu’il ne chanterait pas «Song for you», écrite pour son mari présent dans l’assistance, parce que monsieur avait trop fait la fête à Montréal la veille. Il a raconté, comme il le fait souvent, sa journée à Québec où il a essayé de ne pas trop magasiner, où il a surtout mangé une crêpe (anecdote qui reviendra de façon surprenante plus tard dans le spectacle) et où il s’est baladé sur les Plaines d’Abraham en nous disant: «Merci pour ça».

Son français est toujours aussi aléatoire et humoristique et la présence de son assistante française pour le corriger tel un dieu omniscient lors de la présentation de son groupe est par ailleurs venue ajouter encore un peu plus d’humour à ses discours.

Côté chansons, il a su habilement mélanger la plupart de ses albums en passant de la spectaculaire «Out of the Game» à des pièces comme «April’s Fool», «Cigarettes and Chocolate Milk», la superbe «Going to a Town» et surtout, la très attendue «Quand vous mourrez de nos amours» de Gilles Vigneault.

Fait important à noter, il a aussi donné une très grande place à ses musiciens et choristes, laissant le soin à Teddy Thompson et à la très surprenante et magnifique Krystle Warren, à la voix soul émouvante, de chanter chacun une pièce de Kate McGarrigle. Une spectaculaire découverte que cette choriste de Rufus.

Puis il nous a offert la chanson de son père, «One Man Guy», accompagné de Teddy Thompson et de son autre choriste à la voix beaucoup plus claire et soprano cette fois, Charysse Blackman. Une superbe version à trois d’une ballade à saveur un peu country. Enfin, ils ont tous chanté un extrait de «Everybody Knows» de Leonard Cohen.

Les chansons ont défilé, personne n’a vu le temps passer et le spectacle s’est terminé. Ou du moins le croyait-on! La foule s’est levée, clamant bruyamment son rappel, pas encore rassasiée de toute cette variété.

C’est alors que Rufus Wainwright nous a offert la fin de spectacle la plus éclatée, déjantée et surprenante de tous ses spectacles jusqu’à ce jour. Les musiciens sont revenus, déguisés, et ont chacun eu à lire un message en français pour nous expliquer comment faire revenir Rufus. Aucun n’est parvenu à lire son message de manière compréhensible, faisant à chaque fois exploser de rire la foule et la pauvre assistante française eut à redire tous les messages à chaque fois. Encore plus risible puisque nous comprenions enfin le message!

Et c’est alors qu’apparut un homme vêtu d’un simple caleçon-couche blanc, au corps bien fait, portant son arc et sa flèche. Cupidon était là et venait nous inviter à faire revenir Rufus-Apollon de l’Olympe. Les musiciens ont entamé «Bitter Tears» et Cupidon soufflait une mystérieuse poudre blanche dans la foule. Et Rufus nous est revenu, perruque blonde, sous-vêtement blanc, prêt à faire la fête une dernière fois. Il nous a visité avec son Cupidon dans la salle et environ une quinzaine de spectateurs ont été invités à monter sur scène.

Les invités ont dansé sur «Bitter Tears» avant de tomber par terre, couchés au sol (votre critique ayant donc une vue directe sur le caleçon de Rufus) alors que le chanteur était couché sur le devant la scène. Quoi de mieux pour terminer ce spectacle que la chanson «Gay Messiah» sur laquelle nous nous sommes relevés! Une fin incomparable pour un spectacle où Rufus Wainwright a donné le meilleur de lui-même. «Better pray for your sins, cause the gay Messiah is coming…»

Appréciation: *****

Crédit photo: www.facebook.com/rufuswainwrightofficial

Écrit par: Evelyne Ferron

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