SortiesCirque
Crédit photo : Luce TG
«Royaumes… domaines, demeures, murs, charpentes, clous, poussières. Homme… seul, barricadé, blessé, impalpable. […] Je… tu. Il. Nous. Vous. Ils. Personne. Musique.» Utilisant surtout l’onomatopée pour communiquer avec le public, tout en déployant beaucoup de réactions physiques tantôt tendres, tantôt plus violentes, Raoul, personnage solitaire et troublé, charme par son côté rude et innocent. À elles seules, les différentes expressions démesurées du visage de Raoul transmettent toutes les émotions vécues de l’intérieur par ce personnage. Ce tour de force convainc en un instant des talents multiples de James Thierrée, qui est après tout le créateur principal de cette pièce, celui qui a su, hier, recevoir une ovation sincère à la fin de 95 minutes de performance, sans aucune interruption. Un bel exploit!
Entre contorsionniste et acrobate, ninja et primate, le personnage principal de ce récit fascine, émeut ou fait ricaner à maintes reprises. Le public, captivé par des décors pittoresques et plus grands que nature – comme des voiles aussi larges qu’un écran IMAX vacillant d’une extrémité à l’autre – est transporté à travers des thèmes musicaux grandioses, des personnages suspendus dans les airs, sans oublier une surprise en finale que je ne peux dévoiler, mais qui, rassurez-vous, demeure des plus réussies. Ajoutons à cela les effets sonores cocasses qui sont un atout et qui enrichissent beaucoup le déroulement de l’histoire devant les yeux des spectateurs.
Des effets de «fumée» pour apporter un aspect glauque qui nous transporte dans l’esprit tourmenté du personnage, permettent de s’infiltrer dès les premières minutes dans ce long voyage d’introspection. Outre Raoul et ses mimiques, on peut y apercevoir un monde de bestioles dont les costumes, magnifiquement confectionnés, permettent de comprendre le comportement complexe du sujet. Vous y verrez entre autres un éléphant, une méduse, un scorpion, ou même une espèce de carpe géante, et tous tentent d’interagir à leur façon avec Raoul.
Ce dernier, malgré ses élans pseudo schizophréniques, nous prouve qu’on peut apporter du bonheur dans la vie des autres malgré nos différences et nos lacunes, car l’important demeure l’authenticité et le meilleur de soi, peu importe le niveau du «meilleur» qu’on puisse offrir. C’est avec compassion et acceptation que James Thierrée arrive à charmer son auditoire, comme s’il voulait crier haut et fort qu’on peut se sentir «à sa place» dans ce monde, sans avoir toutes ces qualités qui semblent exigées par notre société. Fascinant, ce Raoul!
La pièce RAOUL est présentée à la TOHU (2345, Jarry Est) du 4 au 13 septembre 2012. Pour plus d’information, visitez le http://tohu.ca/fr/a-la-tohu/spectacles/raoul.html.
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