Public Image Ltd au Cabaret La Tulipe de Montréal

Les musiciens semblaient en forme, bien que plutôt sages. Tous vêtus de noir et peu bavards, ils ont pris place derrière leur instrument, et Johnny Lydon avait en sa possession un cahier avec les paroles qu’il a déposé sur un lutrin devant lui. Le groupe n’a pas perdu un seul instant et a amorcé le spectacle en interprétant «Double Trouble» et «Know Now».

Le quatuor a poursuivi avec «This Is Not A Love Song», que le public a reconnu dès les premières notes. Lydon a chanté avec intensité et passion, et le jeu de basse de Scott Firth était hallucinant. Le public était visiblement enchanté, mais la formation n’a pas laissé la chance aux gens de les applaudir, enchaînant immédiatement avec une version plus libérale de «Bettie Page». La foule n’a pas accueilli ce titre avec beaucoup d’exaltation; ce fut la chanson la moins appréciée de la soirée.

Peu après, en guise d’introduction à «Death Disco», le chanteur a brièvement mentionné les attentats survenus en France vendredi soir, en disant tout simplement: «My heart goes out to Paris tonight». Cet extrait, qui était (malheureusement) de circonstance, fut chanté avec conviction et profondeur, ce fut l’un des moments préférés du public. Par la suite, Public Image Ltd ont voulu dissiper la noirceur et a présenté la pièce «The One» en disant tout simplement: «On a lighter, I am The One». Lydon et la foule en ont profité pour se dégourdir; le chanteur qui était plutôt statique (bien que très expressif) a osé quelques déhanchements et l’auditoire s’est mis à danser. Les musiciens ont ensuite offert «Disappointed», qui n’a pas su charmer les spectateurs, leur réaction étant plutôt ambivalente.

Mais ce sentiment fut de très courte durée, les dernières chansons que le groupe a interprétées, plus spécialement «Warrior», ont réellement enchanté le public du Cabaret La Tulipe, qui dansait tout en affichant un sourire. Ayant terminé en force avec «Religion», morceau pendant lequel le groupe s’est permis une longue improvisation, Lydon et sa bande ont quitté la scène sans dire un seul mot.

Il n’aura suffi que de deux minutes d’encouragement pour que la formation offre deux de ses plus grands succès en guise de rappel, soit «Public Image» et «Rise». Étrangement, c’est à ce moment que l’on a pu apercevoir le Johnny Rotten, celui-ci affichait finalement une attitude cynique et rageuse, sa voix était hargneuse à souhait. Ce rappel a définitivement réjoui l’auditoire et l’ambiance était à son comble.

C’était en somme un bon spectacle, les musiciens ont su démontrer leurs habiletés et Lydon a même chanté avec passion. Cependant, ce dernier n’a pas beaucoup bougé; il est demeuré derrière son lutrin (et son microphone). Néanmoins, il a été très expressif, grâce à ses mimiques et à sa voix (que ce soit son regard fou pendant «Out of the Woods» ou encore sa voix d’outre-tombe pour «Religion»). Son ton moqueur y était, mais il aurait été intéressant de le voir adopter une attitude qui soit franchement défiante et exubérante. De plus, compte tenu du fait que Lydon est particulièrement bavard en entrevue et qu’il n’hésite jamais à partager ses opinions, nous aurions aimé qu’il échange davantage avec son public.

Ceci étant dit, les spectateurs ont aimé leur soirée, qu’ils ont trouvé trop courte (à noter qu’il n’y avait pas de première partie).