«Poèmes de détention» de Claude Gauvreau par l’ensemble Mruta Mertsi: une mise en scène et en musique envoûtante qui fait honneur au poète – Bible urbaine

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«Poèmes de détention» de Claude Gauvreau par l’ensemble Mruta Mertsi: une mise en scène et en musique envoûtante qui fait honneur au poète

«Poèmes de détention» de Claude Gauvreau par l’ensemble Mruta Mertsi: une mise en scène et en musique envoûtante qui fait honneur au poète

Publié le 30 septembre 2012 par Luba Markovskaia

Les créations d’André Pappathomas mêlent instruments inventés, improvisation dirigée de voix, travail sur le corps et l’espace – comme en témoignent ses collaborations entre «Chœur et chorégraphes» – et sur la langue, travail qu’il poursuit depuis la création en 1993 de son ensemble Mruta Mertsi lors d’un spectacle autour de l’œuvre d’Antonin Artaud, dont les glossolalies, phonèmes théâtraux, inspirent Pappathomas à travailler avec d’autres langues inventées: les poèmes bruitistes de Raoul Haussman, les ursonates de Kurt Schwitters et, plus récemment, le langage exploréen de Claude Gauvreau. 

En présentant les Poèmes de détention, l’artiste polyvalent révèle une nouvelle facette, qu’il a brillante, celle de lecteur. Accompagné de l’excellente Rachel Burman au violoncelle et de la mezzo-soprano Anne Julien à la voix, dont le lyrisme convient très bien à la mise en scène, Pappathomas livre les poèmes de Gauvreau avec une grande sensibilité, en inscrivant dans les onomatopées incantatoires une gamme d’affects variée qui leur est propre, et parvient à rendre la vitalité et la théâtralité de l’œuvre poétique de Gauvreau. 

L’atmosphère assurée par les enchaînements chorégraphiés, par l’occupation efficace de l’espace scénique et par le travail de l’éclairage contribue à la sensation d’envoûtement dans laquelle nous plonge du début à la fin cette mise en scène et en musique des textes du grand poète iconoclaste. Pendant un instant seulement, le charme a semblé rompu, lorsque le lecteur, créateur et musicien, se transformant brièvement en maître de cérémonie, a voulu suggérer une image au public, suggestion qui m’a paru superflue, tant les mots et les sons mêmes sont évocateurs.

La force du spectacle réside principalement dans le dosage du traitement musical : la langue de Gauvreau étant déjà à la frontière du texte et de la musique, l’accompagnement musical, ici, s’inscrit en contrepoint discret, et au lieu de chercher à porter totalement l’œuvre, la soutient simplement en lui donnant de nouveaux éclairages. Une mise en scène et en voix d’une grande sensibilité et une création qui fait certainement honneur à la poésie de Gauvreau, présentée, il faut le dire, dans le cadre d’un festival unique, le Festival International de Littérature (FIL), où la poésie occupe résolument l’avant-scène.

Appréciation: ****1/2

Crédit photo: Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Écrit par: Luba Markovskaia

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