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Crédit photo : Dana Rosu
Marco Gosselin à la guitare électrique, Mathieu Collette à la batterie et Marianne Houle (ces deux-derniers de Monogrenade) au violoncelle ont ouvert le bal de façon grandiose avant que Grenadine n’entre sur scène pour entamer «Amours microscopiques», la première pièce de la soirée. Enchaînant avec «Marion», puis «Ô toi», un amusant morceau à propos d’un garçon fatiguant dans ses cours, jadis, la chanteuse a tout de suite mis la table pour un spectacle sympathique, à son image.
Pour ses troisièmes FrancoFolies en solo, l’auteure-compositrice-interprète a offert la totalité de son disque homonyme, en plus de présenter deux pièces de son EP lancé en 2010. Ici et là, des sons préprogrammés et de la batterie électronique se sont fait entendre, notamment sur «Petits mensonges», ajoutant une petite touche électro à sa musique pop «ensoleillée et sucrée», telle que présentée par les FrancofoFolies. La comique «L’amant lamentable», malgré une certaine répétitivité dans les paroles, est l’une des chansons qui a le plus laissé entendre des envolées instrumentales à sonorité électro. C’est d’ailleurs grâce à un mini clavier que Grenadine s’est aussi faite musicienne durant la soirée, laissant aller quelques mélodies surtout durant ces moments musicaux.
«Je veux, je veux», qui s’est ouverte avec des sons préprogrammés divers, a été l’un des moments appréciés, avec sa guitare qui sonnait très «été», alors que Grenadine délaissait le pied de micro pour pouvoir se laisser aller un peu plus. Mais le moment fort de la soirée est sans contredis l’interprétation de «Papier carbone», une chanson au son quelque peu différent du reste du matériel de l’artiste. Un peu plus rock et finissant avec une certaine intensité, le morceau laisse entendre une chanteuse plus assumée, ce qui plait.
Parce que même si la plupart des chansons se révèlent être plutôt entraînantes, elles sont offertes relativement sur le même ton, un peu enfantin, ce qui, par la force des choses, fait en sorte que les interprétations des textes semblent plus ou moins mécaniques. On se plait tout de même à voir évoluer Grenadine sur scène, puisqu’elle y est à l’aise et offre des pièces rythmées qui auraient pu faire danser, si le public avait été plus réceptif.
Philémon Cimon
Nommé récipiendaire du Prix Félix-Leclerc de la chanson 2014, volet québécois, il y a quelques jours à peine, Philémon Cimon est un artiste à qui tout réussit ces derniers temps. Son dernier opus, L’été, a été bien reçu par la critique et, visiblement, il n’avait pas besoin de mentionner au public, à la fin de la soirée, qu’il avait «des albums à vendre à la table à côté… mais j’ai comme l’impression que si vous êtes ici, c’est que vous l’avez déjà en votre possession… ou piraté!» Les gens rassemblés à l’Astral étaient clairement là pour lui et plusieurs connaissaient déjà son matériel, à en croire les nombreux applaudissements et les claps suivant le rythme, durant la soirée.
En plus d’offrir L’été dans sa presque totalité (il ne manquait qu’une chanson au programme!), et six «vieux succès» issus de Les Sessions cubaines (2010), Philémon Cimon y est allé de quelques blagues et présentations cocasses. Fort sympathique, le grand gaillard est très rieur, et semble tellement content d’échanger avec son public qu’il a fini, en rappel, par offrir une chanson supplémentaire, qui n’était pas prévue. «J’avais comme envie d’en insérer une, êtes-vous pressés?», a-t-il demandé, avant de commencer «Des morts et des autos», une pièce jamais mise sur disque, au texte drolatique mais aux images fortes et à la belle poésie.
Le public a aussi eu droit à quelques moments de complicité entre l’artiste et ses musiciens, Philippe Brault (basse et grosse caisse) et Nicolas Basque (guitare électrique), tout juste avant d’entamer la jolie «Il neige». «On l’a dit hier à Nicolas qu’on la faisait. Ça en prend toujours une comme ça, qu’on sait qu’on ne saura pas trop, t’sais. Tout le monde sait les accords? Au pire tu feras du air guitar, Nick», a-t-il dit en riant, avant de finalement se tromper lui-même dans ses paroles, le faisant s’excuser par la suite à son acolyte: «Je mets toute la pression sur Nick puis après c’est moi qui me trompe. C’est toujours dangereux la mauvaise foi!».
Il est drôle, il maîtrise bien la guitare et sa voix est juste un peu voilée, et très aiguë. «Je détiens le record Guinness de la toune avec la voix la plus haute de la terre. J’ai surpassé –M– qui détenait le record. Hier, il n’en a pas fait d’aussi haute!», a-t-il lancé avec humour avant «Où je me perds». Mais ce qui est le plus envoûtant, dans la musique de Philémon Cimon, c’est sa combinaison des plus réussies entre la douceur et les envolées intenses. Presque chaque chanson, même si elle débute tout en douceur, avec une musique minimaliste, va invariablement contenir une envolée passionnée, qu’elle soit uniquement instrumentale, comme pendant la touchante «T’aimer» ou encore «Chose étrange», ou bien chantée, voire criée, comme dans «Chanson pour un ami», dont le cri n’était pas juste, mais tellement parfait dans le moment d’intensité, et sans oublier «Par la fenêtre».
Si la formule en spectacle s’est révélée plus rock que sur l’album, ne contenant pas de cordes ni de cuivres qui agrémentent pourtant de jolie façon l’opus, elle a tout de même permis de révéler un artiste passionné et touchant. «Je veux de la lumière», avec sa gradation dans le jeu de guitare, pour mener jusqu’au dernier refrain, très intense, et revenir au dernier couplet tout en douceur, a sans doute représenté le moment le plus touchant de la soirée. «Des jours et puis des jours», dont le début presque a capella avec une guitare toute en subtilité et en douceur, et, bien sûr, ses élans où la basse et les deux guitares électriques se faisaient aller à plein régime, ont aussi fait bonne impression.
Assez statique en chantant, coincé devant son pied de micro, ce n’est que lors d’envolées musicales que Philémon Cimon se laisse aller. Il présente pourtant des morceaux assez entraînants pour certains, dont «Au cinéma», qui a ravi la foule, et «Soleil blanc», un excellent choix pour clore le spectacle. «J’ai lancé L’été en hiver, et tous les articles disaient ‘‘L’été en janvier’’ ou ‘‘Philémon nous réchauffe’’, des trucs comme ça. Là, c’est l’été, c’est cool, l’album revient à la mode», a-t-il une fois de plus lancé avec humour, ne se doutant pas que ça n’est pas parce que c’est l’été qu’on apprécie son disque, mais bien parce que sa musique est effectivement rafraîchissante: de par ses mélodies accrocheuses, mais aussi par son unicité. Il faut dire que maintenant qu’on connaît le personnage, aussi sympathique et amusant, on continuera de l’écouter «Des jours et puis des jours».
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Julie July
2. Des jours et puis des jours
3. Chanson pour un ami
4. Je te mange
5. T'aimer
6. Il neige
7. Chose étrange
8. La mort des amoureux
9. J’arrive toujours un peu trop tard
10. Mourir ensemble
11. Je veux de la lumière
12. Par la fenêtre
13. Dors poupée dors
14. Moi j'ai confiance
15. Où je me perds
16. Au cinéma
17. Des morts et des autos
18. Soleil blanc