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Crédit photo : Louis-Charles Dumais
À l’entrée de l’établissement centenaire, une file s’étendait sur la rue Saint-Laurent jusqu’à un coin, où elle bifurquait pour mieux s’étirer de plus belle.
À l’intérieur, la salle abritait un brouillard diffus, causé par une machine à fumée et une ventilation plus ou moins efficace. En ce vendredi, le cinéma n’avait pas interrompu sa programmation habituelle: quelques heures plus tôt, un film XXX avait été projeté dans la même salle, tout juste avant l’ouverture des portes du spectacle, fixée à 11h.
«Bienvenue au Cinéma L’Amour», a lancé Philémon Cimon sur un ton rieur dès son entrée sur scène. «C’est ça…!», a-t-il ajouté, comme si les mots ne suffisaient pas à décrire l’expérience que les spectateurs étaient en train de vivre.
«Si vous vous demandez sur quoi vous êtes assis, tout ça, c’est la faute d’un seul homme, Frédéric Lambert».
Alto au sein du Quatuor Molinari, Frédéric Lambert est à l’origine de l’évènement. Son quatuor à cordes a l’habitude d’explorer de nouvelles avenues, lui qui a déjà offert des concerts aux côtés de Philippe B et Avec pas d’casque.
Trois autres musiciens se tenaient aux côtés du quatuor et de Philémon: le partner in crime des débuts, Philippe Brault (Salomé Leclerc, Pierre Lapointe) à la basse, Nicolas Basque (Plants and Animals) à la guitare électrique, et Émilie Laforest (Forêt) au chant.
Le son était particulièrement bon pour une salle qui n’a pas l’habitude de recevoir des concerts. Tous les instruments étaient équilibrés et mis en valeur. La voix de Philémon était bien à l’avant-plan lors de la première chanson de la soirée, «Soleil blanc», du dernier album L’été.
Malgré un mix sonore idéal, on avait parfois du mal à bien entendre les paroles. Dommage, vu la poésie unique de Philémon Cimon, l’une de ses forces les plus vives.
L’ensemble de cordes et la voix lyrique d’Émilie Laforest ont culminé au sein de la sublime «Ma branche de cèdre» et de l’épique «Par la fenêtre». Même constat pour la sombre «Chose étrange», qui s’est terminée dans une envolée dramatique où les violons et la voix féminine se mêlaient jusqu’à ce qu’il soit impossible de reconnaître qui produisait quel son.
Notons d’ailleurs la force d’Émilie Laforest pour le chant plus lyrique, mais moins pour l’accompagnement pop. Elle a tout de même offert une belle finale lors du rappel en duo avec Philémon pour la chanson «Où je me perds».
Le jeu de guitare de Nicolas Basque était captivant, particulièrement au sein de la rafraîchissante «Julie July».
Quatre musiciens se sont partagé les arrangements réussis des chansons: Alexis Raynault, Guido Del Fabbro, Hugo Mayrand et Philippe Brault. Au retour de l’entracte, le Quatuor Molinari a offert seul une magnifique pièce du compositeur Anton Webern. L’ensemble a particulièrement le tour de nous donner envie d’assister à un concert classique.
«On va chanter une petite chanson maintenant», a lancé Philémon à son retour sur scène, impressionné lui aussi par le numéro. Il semblait vivre le moment présent, prenant son temps pour livrer ses délicates chansons.
Fidèle à son habitude, Philémon Cimon a offert une performance vivante, dans une sérénité contagieuse.
«Merci au Cinéma L’Amour. C’est le début d’une histoire d’amour», a lancé le romantique musicien en fin de soirée, plutôt au milieu de la nuit, le concert ayant pris fin passé 1h du matin.
Une nouvelle relation à suivre de près!
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de la rédaction