Le «Phantom of the Opera» hantera la Place des Arts jusqu’au 15 octobre 2017

Notre scène s’ouvre à Paris vers la fin du 19e siècle. Sur les planches, une compagnie répète sa prochaine production sous l’oeil des nouveaux propriétaires de l’Opéra Garnier. Carlotta, la grande diva de l’opéra, se donne en spectacle devant les dirigeants lorsqu’un accessoire tombe du plafond et la rate de peu. Derrière elle, on murmure de façon anxieuse: «Il est là! C’est lui! Le fantôme de l’opéra!». Et tout au long de la pièce, même lorsqu’il n’est pas sur scène, sa présence oppressante hante les autres personnages.

C’est également dès cette première scène que l’on nous présente notre fantastique ingénue, Christine, jouée avec brio par Eva Tavares. Elle interprète «Think of Me» quelques minutes seulement après la diva et donne une toute nouvelle dimension à la pièce, plus douce, mais tout aussi impressionnante. La voix de Tavares est d’ailleurs l’une des plus grandes stars du Phantom. Avec la diva qui refuse de travailler tant que les problèmes avec le fantôme ne sont pas réglés, c’est Christine qui doit maintenant jouer le premier rôle de la production. Dès les premières notes, on comprend le fantôme, interprété par Derrick Davis, de tomber sous le charme de la belle.

L’un des seuls points faibles de cette production du Phantom est la chimie entre Davis et Tavares. Normalement, la curiosité de Christine pour son kidnappeur est palpable et la passion dévorante du fantôme se fait ressentir dans chaque morceau, mais pas ici. Tout est parfait, chaque note, chaque pas, mais on aurait pris un peu plus de mordant dans leurs interactions. N’empêche que leur «Angel of Music» est mémorable et la pièce titre «The Phantom of the Opera», qu’ils interprètent, a réussi à nous arracher quelques frissons.

Les numéros de groupe de la troupe, tout particulièrement les apparitions des ballerines, étaient grandioses et les costumes, riches et colorés, étaient tout particulièrement mis en valeur par cet ensemble rodé au quart de tour. Seul petit bémol de ce côté, les pièces interprétées par les personnages secondaires, qui meublent le temps entre nos visites au repère du fantôme. Au lieu des harmonies, on entend plutôt un genre de cacophonie qui nous empêche de bien comprendre l’évolution de l’histoire. C’est particulièrement remarquable dans des numéros comme «Notes/Prima Donna» et «Notes/Twisted Every Way» qui se déroulent dans le bureau des propriétaires de l’opéra.

Malgré tout, The Phantom of the Opera demeure une comédie musicale mythique qui vaut la peine d’être vue. Le souci du détail, les décors plus grands que nature, qui nous plongent dans les dessous de cet opéra du vieux Paris, et les effets spéciaux, ajoutent à l’atmosphère tendue et imprévisible de la pièce. L’orchestre et le talent immense des interprètes sur scène valent à eux seuls le déplacement. Ils rendent parfaitement justice à la trame sonore d’Andrew LLoyd Webber, et parions que vous retournerez à la maison en fredonnant quelques notes d’«Angel of Music».

«The Phantom of the Opera» est présenté à la Place des Arts jusqu’au 15 octobre 2017.