«Petite-Vallée remonte en ville» au Cabaret le Lion d’Or de Montréal: des airs de famille

Dossier photos – Pour sa deuxième année consécutive, le Festival en chanson de Petite-Vallée est monté à Montréal pour célébrer la musique et la vie, celles que Dan Gaudreau a perdues il y a trois ans et qu’il chérissait tant. Pour amasser de l’argent pour le Fonds Dan-Gaudreau, le Cabaret le Lion d’Or a été rempli presque à pleine capacité le 5 février dernier. Se succédant sur scène, pas moins d’une vingtaine d’artistes sont venus offrir leurs compositions pour faire chanter un public conquis d’avance.

Il est vrai que c’est dans un climat de grande convivialité qu’auteurs-compositeurs-interprètes, amis et famille se sont entassés dans la salle et dans les minuscules coulisses de la scène. Une ambiance festive, quoique avec un public qui a mis du temps à s’éveiller, du talent brut autant chez les vétérans que chez la relève, il n’y a pas à dire, le Village en chanson de Petite-Vallée sait comment organiser de belles soirées. Si cet événement annuel offre la chance aux spectateurs de découvrir de nouveaux talents et d’apprécier celui des artistes les plus en vogue, il permet également à de jeunes Gaspésiens et Gaspésiennes d’avoir accès à des activités culturelles de toutes sortes, et ce, à moindre coût. Grâce aux Fonds Dan-Gaudreau, pas un seul spectacle, quel qu’il soit, n’est offert à plus de dix dollars pour la jeunesse gaspésienne. Un geste dont aurait été fier le musicien qui avait adopté Petite-Vallée et sa communauté, et dont peuvent être fiers les nombreux artisans qui ont accepté généreusement de performer pour soutenir la cause.

C’est Stéphanie Boulay – une moitié des Sœurs Boulay – et Jipé Dalpé qui ont ouvert le bal de très belle façon, au milieu de la salle, en chantant sans micro, avant que la sœur aille retrouver Mélanie Boulay et un beau chœur féminin, dont Amylie, qui a offert sur scène son succès radiophonique «Les filles». C’est ensuite l’artiste-passeur de l’édition 2013 du Festival en chanson de Petite-Vallée qui a pris place pour interpréter avec toute la fougue qu’on lui connaît son fameux «Tomber». L’une des seules artistes à avoir fait mention de son ami Dan Gaudreau et de la raison pour laquelle elle se trouvait sur cette scène cette soirée-là, la Gaspésienne Laurence Jalbert n’avait que de bons mots à l’égard du disparu, qui vivait,  selon elle, «la pédale au fond». «C’est tellement pas compliqué quand on vit de l’amour!» s’est-elle exclamée, avant de laisser place à la jeune et talentueuse Marcie, lauréate de cinq prix à l’édition 2012 du festival, et dont l’attendu premier – vrai – album devrait paraître au printemps prochain.

Ce qui est bien avec «Petite-Vallée remonte en ville», c’est que la relève côtoie les artistes bien établis, ce qui permet les mélanges de styles et les mariages de voix entre chanteurs. Sans oublier le fait que les spectateurs découvrent, par la bande, de grands talents plus ou moins cachés. Entre les Damien Robitaille, Pierre Flynn, Louis-Jean Cormier, Bernard Adamus et Michel Rivard se sont faufilé, mardi, des artistes comme les Mountain Daisies, qui ont repris, avec son interprète d’origine, «Poète des temps gris» de Daniel Boucher, dans une très intéressante version country, à laquelle le dynamique violon se mariait bien. S’est également démarquée la «belle bébitte», comme l’a qualifiée Johanne Despins (animatrice de la soirée avec son frère, le comédien Claude Despins), Benoit Paradis, qui a enflammé la scène avec son charmant trio percussif très jazzé, qui a d’ailleurs été félicité chaudement par le public. La jeune Jeanne Côté, fille d’Alan Côté (auteur-compositeur-interprète et directeur du Festival en chanson de Petite-Vallée) a elle aussi eu droit à son moment de gloire en offrant sa jolie composition, «Les planètes», d’une voix assurée, s’accompagnant au piano. «J’essaye de faire ça comme si j’faisais ça chaque soir, là, chanter avec Michel Rivard, Louis-Jean Cormier…», a par ailleurs blagué le lauréat de la Bourse de la langue française lors de la dernière édition du festival, Phil Moreau.

La foule de tous âges en a eu pour son argent, en étant d’ailleurs très privilégiée, alors que Daniel Boucher, Francis Faubert et Myëlle, Alan Côté, Louis-Jean Cormier, Vincent Vallières et Michel Rivard ont tous offert une chanson toute nouvelle, dont plusieurs n’ont même aucun titre encore. Très prometteuses pour de futurs albums, celle de Cormier, accompagnée d’une belle voix féminine, était un peu blues, tandis que celle de Vallières racontait de façon touchante l’histoire d’un homme esseulé ayant accepté un poste à Fermont, «venu en attendant, en attendant ça fait trois ans», loin de sa femme et de ses enfants. Mais les performances qui ont véritablement marqué cette soirée mettant la musique à l’honneur furent sans contredit le duo Louis-Jean Cormier et Daran, ainsi que le coloré numéro de Damien Robitaille. Si la première chanson a mélangé deux voix qui s’harmonisaient à merveille et donnaient un second souffle à une chanson du chanteur français, la deuxième, «Au pays de la liberté», en a fait danser plus d’un, au son du trombone de Benoit Paradis, de la trompette de Jipé Dalpé, et de l’énergie contagieuse du franco-manitobain.

Si ça n’avait été que de Dan Gaudreau, la soirée se serait terminée aux petites heures du matin. Mais, comme d’avoir réuni autant de talent dans une même pièce est déjà un exploit en soit, les spectateurs sont partis au lit la tête pleine de belles découvertes musicales et de solides performances. Ils sont tous partis également avec le sentiment de désormais faire partie d’une grande famille, ce qui implique de devoir agrandir la maison, parce que les partys de la famille Petite-Vallée sont de plus en plus gros chaque année.

La 31^e édition du Festival en chanson de Petite-Vallée se tiendra du 27 juin au 6 juillet 2013, avec Laurence Jalbert à titre d’artiste-passeur. Les artistes qui désireraient faire partie de la sélection officielle du festival peuvent s’inscrire jusqu’au 1^er avril 2013 au www.festivalenchanson.com. L’événement «Petite-Vallée remonte en ville» aura lieu à nouveau l’an prochain.

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Appréciation: ****

Crédit photo: Alice Côté Dupuis

Écrit par: Alice Côté Dupuis