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Crédit photo : Koralie Deetjen-Woodward
Il faudra d’ailleurs un petit moment avant que tous s’accordent sur la scène; il faut dire que Bruel n’a rencontré tous ces accompagnateurs de haut calibre que… 48 heures avant la première présentation. Il fallut aussi arranger le son durant les premiers morceaux parce qu’il aurait été criminel de continuer à étouffer le discours d’un homme qui vient de traverser l’océan pour chanter des messages de paix et des souvenirs de tendresse maternelle.
En effet, Patrick Bruel commence avec gravité en mêlant ses mots à d’autres grands noms de la chanson française. Fort de ces paroles éternelles inspirées de thématiques variées et touchantes et de ses propres créations, l’interprète n’impressionne pas autant par l’ardeur de sa voix que par la manière dont il parvient à l’utiliser pour émouvoir.
La création du chef d’orchestre Simon Leclerc a d’ailleurs su créer des accompagnements qui parviennent à merveille à appuyer cet élan vers l’émotion. Ayant lui-même lancé l’invitation à Bruel, on sent dans ses arrangements un grand respect des notes et même du verbe de l’auteur-compositeur-interprète, qu’il ne dénature d’aucune manière.
Leclerc, qui a déjà accompagné d’autres chanteurs populaires, mais aussi quelques films et opéras, semble ici opter pour une composition de style cinématographique. Cette harmonie bien sentie se poursuit également lorsque Bruel se glisse dans la peau d’Aznavour. Dans le cas des œuvres «à texte», comme ceux de Brel ou de Barbara, dans «Quand reviendras-tu?», on sent cependant que le chanteur doit miser davantage sur l’accueil inconditionnel de son public (certains ont acheté leurs billets depuis plus d’un an), pour obtenir une écoute bienveillante de l’étrangeté des arrangements de son complice créateur.
Ces références aux icônes de son enfance sont loin pourtant d’amener Patrick Bruel à se confiner au rôle du nostalgique. Il garde vivant son amour avec ses cousins québécois en «brassant la baraque» de cette magnifique salle de la Maison symphonique en les faisant rire, danser, et même en réalisant pour eux quelques exploits sur des airs d’opéra.
D’accord, en reprenant un incontournable du répertoire québécois, avec l’accent hésitant et un couplet galvaudé, Bruel inspire plus de rires que de larmes, mais ce souvenir est presque balayé par celui de son propre classique, au rappel, que Simon Leclerc sut accompagner par une charge musicale frôlant le rock ‘n’ roll. Une finale audacieuse qui aura valu au duo une belle suite d’ovations des plus méritées.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. L'Italien
2. La Place des grands hommes
3. Raconte-moi
4. Vienne
5. Alors regarde
6. Adieu
7. Pourquoi
8. Au café des délices
9. Dis, quand reviendras-tu?
10. Jeff
11. L'Aigle noir
12. J'te mentirais
13. Je n'ai rien oublié
14. La complainte du phoque en Alaska
15. Mon amant de la Saint-Jean
16. Néssun Dorma
17. Qui a le droit
18. Ma plus belle histoire d'amour
Rappel
19. J'te l'dit quand même
20. Casser la voix