Panda Bear au Théâtre Rialto dans le cadre du festival POP Montréal – Bible urbaine

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Panda Bear au Théâtre Rialto dans le cadre du festival POP Montréal

Panda Bear au Théâtre Rialto dans le cadre du festival POP Montréal

Chatoyant et hyperactif

Publié le 21 septembre 2014 par Emmy Côté

Crédit photo : Dominick Mastrangelo

Au Théâtre Rialto hier soir, Noah Lennox, alias Panda Bear, offrait à Montréal sa chance d’entendre les extraits de son nouveau matériel, qui devraient figurer sur son quatrième album, Panda Bear Meets the Grim Reaper. Le public a tôt accepté de se laisser transporter par les airs stratifiées et intenses de la musique électronique du meneur d’Animal Collective, proposée sous une décharge d’images et de lumières ininterrompues et multicolores.

Panda Bear a fait son entrée à 22 heures sous les cris et les applaudissements qui fusaient des quatre coins de la salle aux intérieurs néobaroques. En moins de deux,  installé derrière sa table électronique et son micro, après avoir tout juste échappé ce qu’on peut appeler un court et touchant «thank you» à son public admiratif, la performance de l’ingénieuse bête de l’indie-électro expérimental s’amorçait.

En se frottant aux récentes compositions de Panda Bear, on replongeait effectivement, tête première, dans son monde chaotique bien personnel, rempli de sonorités bourdonnantes et inusitées, de couches sonores étagées, tantôt éthérées et allongées, tantôt compactes et luxuriantes, et caractérisé par un chant coupé en syllabes, étirées de façon la plus exagérée.

Le nouvel univers, qui n’en était pas un vraiment, se collait encore à celui de tous les Person Pitch (2004), Tomboy (2011) et Centipede Hz, le dernier disque d’Animal Collective paru en 2012. Si d’ailleurs Lennox souhaitait rompre avec ses œuvres précédentes, il aurait retenu un visuel d’arrière-plan autrement différent.

Les images défilant à une vitesse fulgurante, comme de brèves apparitions d’esprits furieux (ou démoniaques), laissaient entrevoir des fillettes tournant en rond, main dans la main (Tomboy), de la confiture de fraises (Strawberry Jam), une bouche entrouverte (Centipede Hz), des personnages régurgitant (Feels), des squelettes (Sung Tongs), des formes fluides colorées et étourdissantes à la Merryweather Post Pavilion, entre autres choses.

Alors on voyageait dans une bulle créative hallucinante assez éloignée de la pop électro dansante de «Doin’ It Right», la collaboration de Panda Bear sur l’album Random Access Memories de Daft Punk, qui remonte pourtant seulement à l’an passé. Tout de même, rapportons que les pièces entendues de l’album à paraître, Panda Bear Meets the Grim Reaper, présentaient des percussions nettement plus franches et rythmées en trame de fond que les prédécesseurs Tomboy et Person Pitch et, en cela, Lennox semble avoir gardé quelques fragments de ses échanges avec le duo robotique.

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Ainsi, Lennox était bien attelé et concentré pour la tâche, jouant avec son ensemble de boutons électroniques, sa tête opinant étrangement à la manière de Thom Yorke. Après une longue entrée en la matière, qui s’avérait plutôt sérieuse et réfléchie, Lennox est devenu soudainement plus passionnant : ont enfin été servies les chansons chatoyantes et hyperactives. La foule hésitait de moins en moins à hocher de la tête, à bouger le haut du corps, s’alimentant des rythmes répétés, des explosions musicales impromptues, des éclairages aveuglants, de la succession infinies de clichés éclatés.

Au rappel, après que les pieds qui frappaient sur le sol aient convaincu Lennox de revenir, l’auditoire s’est régalé de «Last Night at the Jetty» et de «Surfer’s Hymns», deux pièces enivrantes qui ont réactivé les spectateurs avant leur ruée en masse vers la porte du 5723, Avenue du Parc. La prestation de 75 minutes environ s’est clôturée sur le son des vagues qui refoulent.

Le concert de Panda Bear en fut un intéressant certainement, principalement pour l’expérience auditive, riches de sons amalgamés, et aussi pour ce lavage oculaire efficace. On avait, par ailleurs, le sentiment d’assister autant à une performance d’art numérique qu’à une prestation de festival nocturne. Il faut être dans un état particulier, plus introspectif, admiratif d’un travail, pour apprécier au maximum ce genre d’événement. En revanche, si on l’est, on est sûr de vivre un moment exaltant.

Blues Control

À 21 heures précises, le duo new yorkais s’engageait sur la scène, devant un écran de formes multicolores et d’images étranges, comme ces plantes hautes mises en terre qui passaient les unes à côté des autres, comme si elles surfaient sur une vague invisible. Bizarre, mais le tout fonctionnait bien en accompagnement de la musique. À l’image de son nom, Blues Control propose une musique captivante qui nous apparaissait à la fois systématique et relâchée. La guitare résonnait le plus souvent comme les groupes de rock classique ou de krautrock des années 1970, les riffs étant pesants, accrocheurs et répétitifs. Au clavier, on se permettait au contraire plus de folie, on se souciait moins des conventions, on aimait les teintes jazz. Enfin, les éléments d’électronique apportaient ce qui manquait pour ancrer solidement le tout dans l’«actuel». Blues Control paraît un excellent choix pour décompresser tard en soirée, pour fermer les yeux et pour s’échapper ailleurs en souriant. Tout au long de la prestation, on relaxait et on en profitait donc largement.

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