«Nufonia Must Fall» de Kid Koala à la Cinquième Salle de la Place des Arts – Bible urbaine

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«Nufonia Must Fall» de Kid Koala à la Cinquième Salle de la Place des Arts

«Nufonia Must Fall» de Kid Koala à la Cinquième Salle de la Place des Arts

Quand les robots deviennent humains

Publié le 4 septembre 2016 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Kid Koala Productions

Les gens présents à la Place des Arts samedi soir ont eu la chance de voir et d’entendre Nufonia Must Fall, un récit tiré du roman graphique du même nom, entièrement conçu et dessiné par Kid Koala. Le concept de ce spectacle est particulièrement intéressant; il s’agit d’un mélange des genres, en l’occurrence le cinéma, avec intégration de marionnettes, de musique de chambre classique et d'une table tournante. Un amalgame curieux qui réunit le lo-fi et le hi-fi, créant ainsi un moment magique et touchant.

En effet, le jeu de marionnettes est inspiré par le bunraku (théâtre japonais où l’on peut apercevoir les artistes donner vie à ces dernières sans qu’ils soient cachés, et celles-ci sont mixtes (plusieurs façons de les mouvoir, par des fils ou des tiges). De plus, les marionnettistes utilisent, entre autres, diverses techniques pour les déplacements des personnages. Par ailleurs, les héros et leurs antagonistes, créés à partir de résine de plastique, sont complètement blancs, et les décors comportent différentes teintes de gris, ce qui confère une esthétique moderne à la pièce tout en conservant son côté cartoonesque.

L’histoire est celle d’un androïde, Robot, qui préfère ses écouteurs au monde qui l’entoure. Les choses s’embrouillent lorsque son patron antipathique et un nouveau collègue ultraperformant, Hexabot, entrent en scène. Ayant une technologie qui est désuète, Robot se fait montrer la porte. Tentant de nouer une relation avec Malorie, qu’il séduit grâce à une chanson écrite en son honneur, il constate que celle-ci a un secret; elle est la scientifique qui a inventé Hexabot. Le pauvre Robot se sent trahi et vit des moments difficiles. Toutes ces émotions, mimées avec délicatesse grâce aux mouvements subtils et efficaces des marionnettistes, sont accentuées par les plans de la caméra.

Puisqu’il est difficile de voir les marionnettes et les maquettes à partir de l’endroit où sont assis les spectateurs (c’est voulu ainsi), le conte, joué en direct, est retransmis instantanément sur un écran géant positionné derrière Kid Koala et l’Afiara Quartet (au-dessus de leurs têtes). Les maquettes sont placées au centre de la scène et sur les côtés. Les décors sont superbes et comportent des petits détails intéressants; il y a un magasin Moog, un dépanneur Couche-Tard, une voiture pour la livraison à l’effigie de St-Hubert, une pharmacie Jean Coutu, un restaurant avec une enseigne lumineuse (…)

De plus, les divers plans nous permettent de voir les protagonistes en action; en train de patiner, de marcher dans les rues, d’observer la ville à partir d’un belvédère ou encore de parcourir l’aéroport. Cela donne un certain réalisme à l’histoire; c’est également un clin d’œil sympathique à la ville de Montréal.

La trame sonore est essentiellement musicale; en effet, très peu de paroles sont prononcées. Cependant, la musique complémente à merveille les sentiments exprimés: un peu de violons pour marquer les regards de Robot, des sons envahissants lorsqu’il retire ses écouteurs, un morceau, de l’Afiara Quartet, qui souligne avec justesse la terreur associée aux cauchemars du personnage principal. La poursuite entre Robot et Hexabot, dans les rues de Montréal, avec le scratching, est saisissante. La musique (les cordes), lors de la scène finale où les amoureux se retrouvent, est grandiose.

La mise en scène est particulièrement convaincante et nous fait vivre une gamme d’émotions très diversifiées; des rires lors des moments axés sur la comédie et quelques larmes lorsque Robot vit des instants de grand bonheur ou de désarroi. Le public ressent sa tristesse quand il perd son emploi, deux fois plutôt qu’une, au profit d’Hexabot. Nous sommes touchés lorsque Robot réussit enfin à charmer Malorie, et nous faisons preuve d’empathie lorsque Robot est seul dans sa chambre, terrifié. Son sentiment de trahison devient le nôtre. Nous nous réjouissons de voir Hexabot devenir l’allié de Robot, permettant à celui-ci de retrouver son amoureuse avant qu’il ne soit trop tard.

Nufonia Must Fall est réellement un spectacle magnifique, parfaitement orchestré et très émouvant. Il s’agit d’une histoire universelle où tous peuvent se reconnaître. Tous les éléments se marient très bien ensemble; une trame musicale sur mesure, une cinématographie simple mais d’une efficacité ahurissante et des marionnettes qui donnent vie à des personnages attachants. Le public fut transporté par cette pièce. Il ne reste qu’à espérer que Kid Koala aura d’autres projets multidisciplinaires à présenter dans le futur.

L'événement en photos

Par Kid Koala Productions

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