Mobile souffle sur les 10 bougies de «Tomorrow Starts Today» au Théâtre Fairmount

Dans la salle, on pouvait ressentir cette fébrilité du grand retour, les spectateurs étant là pour renouer avec les belles années. Mais ils étaient surtout là pour entendre la poignée généreuse de hits que la formation montréalaise a su créer au milieu des années 2000, avant d’officialiser une séparation peu après la sortie du second opus Tales From the City. Et ce n’est pas cet album qui était à l’honneur, la preuve étant qu’ils n’ont joué que le single «The Killer», de populaires reprises de formations phares de la rock music qu’ils chérissent, ainsi que la presque totalité des pièces de Tomorrow Starts Today à l’exception de «Lovedrug».

Avant que les gars n’entrent sur scène, on pouvait se remémorer les bonnes années de la formation grâce à des vidéos d’archives, des séquences de vidéoclips, des extraits de spectacles, bref une belle rétrospective, diffusée sur deux grands écrans à l’arrière-plan, qui nous rappelait avec émotions que leur carrière a été beaucoup trop brève. Dès que les écrans ont disparu de notre champ de vision et que les lumières se sont éteintes, aux alentours de 21h30, la nostalgie a fait place à la fébrilité, et Pierre-Marc Hamelin, Christian Brais, Frank Williamson, Dominic Viola suivis de Mat Joly ont fait leur entrée sur une salve d’acclamations. Le party pouvait enfin commencer.

Et le party a commencé à pas feutrés avec une introduction au clavier qui a tranquillement cédé la place aux notes plus rythmées de «Hands Tied», pièce à l’énergie purement rock, qui inaugure de belle façon Tomorrow Starts Today. «New York Minute» a, quant à elle, donné le ton, le chanteur Mat Joly clamant haut et fort «Are You There?» La foule a timidement répondu à l’appel, mais c’est seulement durant «Montreal Calling» que Mobile a réussi son pari de réveiller les esprits; la magie du grand retour avait enfin opéré sur les spectateurs.

«Ce soir on célèbre les 10 ans d’un album qui est vraiment important pour nous, dans le band, et pour vous. On pensait qu’il n’y aurait plus de shows de Mobile, but tonight it’s fucking happening!», a lancé fièrement Joly. Alternant entre succès souvenirs et reprises, Mobile s’est fait plaisir et a fait plaisir à la foule, jouant une «The Low Road» (chanson B-Side sur la version de luxe de Tales From the City) en souvenir du temps passé aux States dans des bars miteux, mais aussi «State of Love and Trust» de Pearl Jam, «Hello» d’Oasis, «Message in a Bottle» de The Police, «Baba O’Riley» de The Who et «Rebel Rebel» de David Bowie, pour ne nommer que celles-ci. Décidément, les 10 ans de Tomorrow Stars Today, c’était bien plus qu’un concert anniversaire; c’était aussi un vibrant hommage, à la sauce Mobile, aux grands monuments du rock.

Si les musiciens ont réellement prouvé qu’ils n’avaient pas été rouillés par ce long hiatus, tout n’a pas été parfait non plus, mais rien n’a réellement fait ombrage au tableau. Que de petites imperfections, comme des pieds de micros qui sont tombés à plusieurs reprises sur scène, Mat Joly qui s’est accroché avant de démarrer «Dusting Down the Stars» (et a, par ailleurs, promis de ne pas se choquer!), Frank Williamson, trop emporté dans sa finale de «See Right Through Me», qui s’est mêlé les pieds contre Joly, alors accroupi devant la batterie, et qui est tombé par terre… Heureusement, aucun blessé dans l’accrochage, juste une petite surprise inattendue qu’on a par ailleurs vite oubliée.

«Disons qu’on n’avait pas pensé la fin de même», a lancé tout sourire Mat Joly, de retour sur scène pour un rappel de trois chansons, avant de demander à son guitariste: «Frank, qu’est-ce que tu faisais là?». Les gens ont bien ri, le party n’était pas fini, et «Out of My Head», sélectionnée comme la cerise sur le sundae, allait s’avérer la meilleure façon de dire au revoir à la foule. Était-ce un adieu? À voir le fun qu’avait les musiciens sur scène, et l’excitation du public (certains étaient venus de Vancouver et de l’Ontario), on se plaît à espérer un vrai retour de Mobile, avec, soyons fous, un troisième album en poche.