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Il est loin le temps où les membres de Mes Aïeux se costumaient pour faire des spectacles. S’ils ont un peu mis de côté les textes issus des légendes folkloriques pour se tourner vers des paroles plus engagées, ils n’ont en rien perdu leur sens du spectacle et de la fête, et ils l’ont prouvé une fois de plus, hier soir, à Montréal.
C’est avec «Viens-t’en», première chanson de son dernier album que le groupe néo-trad/folk montréalais a ouvert le spectacle donné au Monument-National. «Envoye viens-t’en, on sort les instruments / Ça bout par en-dedans, faut faire sortir le méchant», ont chanté Stéphane Archambault, Marie-Hélène Fortin, Frédéric Giroux et Benoît Archambault, tous debout, côte à côte, face au public. Derrière eux, Marc-André Paquet, Luc Lemire et Simon Proulx se concentrent sur la musique. «Je vais citer notre nouvelle première ministre, lors du débat des chefs: enfin, on y sommes!», a lancé le leader du groupe, Stéphane Archambault, visiblement heureux de recommencer une série de spectacles, avant d’enchaîner avec «Passé dépassé», deuxième titre de leur album À l’aube du printemps. Le ton de la soirée était donné.
Mes Aïeux a offert une première partie assez forte, notamment avec «Histoire de peur» et «La fille du docteur Brochu», une pièce inédite. Cependant, ce sont «Notre-Dame-du-Bon-Conseil» et «La berceuse», livrées très sobrement, qui ont véritablement donné des frissons, de par leur charge émotive. Le public a aimé, il a même offert au groupe une ovation debout au milieu de la soirée. Le groupe a conclu avec «La Stakose», rappelant qu’on pouvait bien blâmer qui ou quoi que ce soit, «C’t’à cause tout le temps, de la connerie humaine». Le message était clair et puissant.
La deuxième partie a été plus inégale, alternant entre les titres plus poétiques et métaphoriques de leur dernier opus («Les oies sauvages», «En ligne», notamment) et ceux plus rythmés tirés d’album précédents, dont l’incontournable «Dégénérations/Reel». C’était également l’occasion de se souvenir de la très bonne «Qui nous mène?», chanson qui apparaît sur l’album Entre les branches, en 2001. Étonnamment, elle est toujours autant d’actualité.
En guise de rappel, «La dévire» et surtout «Je danse avec toi», ont merveilleusement bien clos la soirée.
Fidèle à lui-même, Stéphane Archambault y est allé de quelques commentaires éditoriaux tout au long de la soirée. «Pour bien prendre le pouls des villes qu’on visite pendant la tournée, on lit les quotidiens. Là, on est à Montréal, donc j’ai lu le Journal de Montréal». Ironisant sur le fait que le fameux tabloïd demandait au public ce que leur inspirait les couleurs de l’automne, Stéphane Archambault a commenté: «C’est important! C’est une question qu’on oublie souvent de se poser!».
Quelques commentaires éditoriaux, oui, mais humoristiques aussi. «Vous savez, on a lancé l’album En famille… on a eu des enfants. Ensuite, La ligne orange, il y a eu la vague orange. Mais pas les cônes oranges, ça, c’est pas nous autres. Et là, on a lancé À l’aube du printemps, et il y a eu… le printemps québécois! Non, mais imaginez la pression pour le titre du prochain album!». Il y est allé de quelques suggestions «à long terme. Comme… Une paix durable. Ou Un monde meilleur». «Moi je verrais bien, Millionnaires en Jamaïque», a lancé le percussionnistes et saxophoniste Luc Lemire, ce qui a bien fait rire la salle.
Si Mes Aïeux est maintenant un «vieux groupe» comme l’ont rappelé ses membres, il n’a rien perdu de sa vigueur et de son énergie sur scène. Malheureusement, la salle n’y rendait pas tout à fait justice. Difficile de bouger ou de danser au Monument-National, et pourtant, on l’aurait bien fait à plusieurs reprises. Malgré tout, Le tour du printemps reste un spectacle magique, autant par les paroles et la musique des chansons, que par la conception des éclairages (Gabriel Pontbriand) et de la scénographie (Marie-Claire Lagacé).
Mes Aïeux commencent une tournée qui les mènera partout à travers le Québec d’ici le printemps 2013. Toutes les dates sont sur leur site web.
Appréciation: ****½
Crédit photo: Jocelyn Michel
Écrit par: Camille Masbourian