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Crédit photo : Mathieu Pothier
Avant même de commencer à chanter, elle avait déjà scandé un «Saluuuuut!» bien senti et invité la foule à taper dans ses mains pendant la longue introduction instrumentale servant à lancer «La toile». L’ambiance était installée, elle se retournait déjà de temps à autre vers ses musiciens, échangeant des sourires complices; le fun était commencé.
En introduction à la pièce-titre de son troisième album «Si l’aurore», Marie-Pierre Arthur y alla même d’une invitation à joindre la fête avec elle: «Cette chanson-là, ça dit que ça va mal finir pis qu’il faut avoir du fun en attendant… fait que buvez beaucoup!» Mais en enchaînant tour à tour les plus belles pièces de son dernier disque, notamment «Cacher l’hiver» et son entraînant extrait radio «Rien à faire» (d’ailleurs en nomination dans la catégorie «Chanson de l’année» au Gala de l’ADISQ présenté ce dimanche), elle n’avait pas à nous prier, la foule se déhanchait déjà depuis un bon moment.
C’est d’ailleurs durant «Rien à faire» que les huit boules discos de grandeurs variables accrochées au-dessus de la scène et la grosse suspendue au plafond du parterre du La Tulipe ont été utilisées la première fois, de très jolie façon, représentant bien les sonorités des années 70 présentes sur l’opus et particulièrement représentées sur ce morceau. Mais c’est incontestablement pendant la belle «Dans ma tête», livrée avec une grande douceur, que celles-ci ont le mieux servi en renvoyant de minces filets de lumière dans toute la salle, créant un moment presque magique.
Certaines chansons ont effectivement offert des moments d’une belle sensibilité comme «Elle», une pièce du tout premier album, revisitée pour l’occasion avec une musique plus épurée au début, laissant l’accent sur la voix de la chanteuse et les paroles, puis s’animant de jolie façon avant que l’artiste ne donne le mot de la fin à la foule qui chantait ses «Oh oh oh». Mais c’est malgré tout un concert très dynamique et animé que la bande de Marie-Pierre Arthur a offert vendredi soir, fidèle à son habitude.
Sept musiciens sur scène, même huit à l’occasion, avec le percussionniste José Major en tant qu’invité sur quelques chansons, le groupe a bien rendu à sa chanteuse son énergie et sa fougue, en se lançant ici et là – un peu partout, finalement -, dans de longues envolées instrumentales déchaînées, allongeant la plupart des chansons pour notre plus grand plaisir. «Fil de soie» est l’une de celle qui a eu droit à une finale enlevante toute en musique, mais aussi à une interprétation généreuse, sentie, de la part de Marie-Pierre, et le public l’a grandement appréciée.
Mais c’est probablement pendant «Droit devant», aux sonorités électroniques et à la forte présence de synthétiseurs, que les musiciens complices se seront le plus amusé, insérant de grands bouts instrumentaux, effectuant des silences, et reprenant avec fracas, en jouant avec la foule et lui demandant de taper des mains.
Au final, chaque musicien aura eu son moment de gloire, Simon Angell ayant effectué un solo de guitare accompagné de jeux de lumière dynamiques pendant «Cacher l’hiver», Joe Grass en ayant offert un autre lors de «Emmène-moi», José Major ayant apporté une belle touche de congas sur «Il» et «Le silence», et sans oublier le batteur Sam Joly qui, comme d’habitude, a été increvable et a livré un solo endiablé aussi pendant «Emmène-moi», et faisant une transition directe vers «Si tu savais», livrée de façon nettement plus rock et dynamique que sur disque. Durant la performance de Joly, Marie-Pierre Arthur s’est même agenouillée, comme pour bien apprécier le talent de son musicien, comme pour lui laisser son moment de gloire et le crédit qui lui revient.
D’une générosité immense, Marie-Pierre et sa bande font participer la foule, et donnent tout ce qu’ils ont à donner. C’est pourquoi c’est toujours un bonheur de les voir aller, de voir leur complicité et leurs envolées dirigées de main de maître par François Lafontaine. Leurs élans peuvent parfois sembler être de grands délires musicaux, mais leur plaisir est contagieux, et c’est ce qui importe, au final, et qui fait qu’on a toujours envie de retourner voir Marie-Pierre Arthur en spectacle.
Quand, en plus, elle nous revient en rappel en offrant une «Les infidèles» en solitaire, à la voix et à la basse uniquement, dans un moment intime et doux, tout à fait singulier, mais beau – quoiqu’on qu’on doute que ce soit la meilleure formule pour démontrer le plein potentiel de la chanson -, on ne peut que s’avouer charmé. Et ça, c’était avant que sa troupe ne se joigne à nouveau à elle pour offrir «Pourquoi» façon unplugged en plein milieu du parterre d’un La Tulipe complètement silencieux, attentif à tant de beauté – une pratique qu’elle effectuait tout au long de sa tournée, habituellement avec la chanson «À partir de maintenant», qui ne faisait pas partie de la liste vendredi. Franchement, impossible de résister.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. La toile
2. Cacher l'hiver
3. Si l'aurore
4. Rien à faire
5. Il
6. Dans ma tête
7. Elle
8. Le silence
9. Fil de soie
10. Droit devant
11. Papillons de nuit
12. Emmène-moi
13. Si tu savais
Rappel
14. Les infidèles
15. Pourquoi