Madeleine Peyroux au théâtre Maisonneuve de la Place des Arts: se réjouir de chansons tristes

C’est avec «Take These Chains», première chanson de son dernier album, The Blue Room, que Madeleine Peyroux a entamé son concert. L’Américaine était bien accompagnée puisqu’on retrouvait sur scène un piano-orgue, une guitare, une batterie, trois violons, un violoncelle et une contrebasse. Dans ce joli théâtre à la très bonne acoustique, l’adéquation était parfaite pour un beau moment musical.

Après ce premier morceau, Madeleine s’est adressée au public en français et en anglais: «Je suis très contente d’être ici. C’est un festival de fou, ça fait du bien de ne pas être la seule folle ici!». Elle nous a aussi raconté que son dernier album était un hommage à Ray Charles et qu’elle était très contente de voir cette immense photo de lui dans les rues du Festival. Elle a ensuite pris sa guitare pour chanter «Bye Bye Love».

«Il y a trois types de chansons», nous a-t-elle indiqué, «les chansons d’amour, celles sur le blues et puis les chansons à boire (love songs, blues songs and drink songs), et puis souvent ce sont les trois en même temps, comme dans cette chanson de Randy Newman». Et le groupe a joué «Guilty». Ils ont ensuite interprété «Don’t Wait Too Long» du plus vieil album Careless Love avant de retourner au nouvel opus avec «Changing All Those Changes» et «You don’t know me».

Petit interlude en français avec la reprise de «La Javanaise» de Serge Gainsbourg. La version était très épurée avec seulement le quatuor à cordes et Madeleine à la guitare. Hommage de nouveau à Ray Charles avec «I Can’t Stop Loving You» puis une reprise de Bob Dylan, «You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go». «Je suis chanceuse de pouvoir interpréter autant de belles chansons écrites par des gens merveilleux», nous a-t-elle avoué. «Ce qui est étrange c’est que les auteurs sont souvent des dirty old men (nous ne nous avancerons pas à traduire cette expression…)». Puis elle a chanté une de ses chansons préférées de Leonard Cohen, «Bird on the Wire».

Début très rythmé à la contrebasse pour cette reprise de «I Hear Music» de Billie Holiday. «C’était la seule chanson joyeuse de mon répertoire», nous a-t-elle annoncé. «J’aime mieux les chansons tristes, c’est bizarre, elles me rendent heureuses». Et effectivement la chanson suivante, «Desperadoes Under the Eaves» n’a pas les paroles les plus gaies du monde… C’était en tout cas une très belle interprétation et la partie de cordes à la fin était magnifique. Le concert s’est terminé sur une nouvelle reprise de Leonard Cohen, «Dance Me to the End of Love», de Ray Charles, «Born to Lose» (celle-là n’est pas bien gaie non plus) puis «Careless Love» de William Christopher Handy.

Le public était beaucoup plus tranquille et moins expressif que dans les concerts de ces derniers jours, sûrement lié au fait que c’était un concert de jazz (il faut avouer que nous n’avons pas couvert beaucoup de jazz à ce festival de jazz…). Ils se sont néanmoins levés pour applaudir la chanteuse. En guise de rappel, elle s’est excusée de ne pas connaître par cœur de chanson de Félix Leclerc et, à la demande générale, a entonné «La Vie en Rose», seule à la guitare. Puis le groupe s’est joint à elle pour «Walkin’ After Midnight».

Ce fut un beau concert avec de très bons musiciens et un son parfaitement maîtrisé. Madeleine Peyroux a montré qu’elle était une grande chanteuse de jazz. Il a cependant manqué ce grain de folie qu’elle a pourtant mentionné au départ.

Kat Edmonson

Kat Edmonson nous a offert, pour sa première venue à Montréal, un joli set, accompagnée par un seul guitariste qui fut très applaudi pour ses solos. L’Américaine, originaire du Texas, a un grain de voix qui rappelle celui de Julia Stone. Elle a proposé une musique variée allant de la bossa-nova au blues, en passant par le jazz et les ballades pop-folk. Elle sera de retour en septembre pour un concert à l’Astral.

Appréciation: ***1/2

Crédit photo: Rocky Schenck

Écrit par: Pauline Eveno