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Crédit photo : Denis Farley
Une exposition sous le signe de la diversité
Lorsque l’on parcourt des yeux les différentes pièces de Jean Paul Gaultier, le sous-titre du «mariage pour tous» prend rapidement son sens. Le styliste est loin de s’en tenir au mariage conventionnel et aime habiller tout le monde, sans exception. Alors que certains de ses modèles affichent clairement des inspirations asiatiques, grecques, bretonnes ou même africaines, la question de l’homosexualité et du transgenre est aussi abordée et démontre une grande ouverture d’esprit créatif de l’artiste. Ce dernier signe, par exemple, des créations pour homme aux allures on ne peut plus féminines: c’est le cas du costume tiré de la collection Punk Cancan, modèle «Joy Division» (2011).
Certains partis pris durant l’exposition, toujours dans le but de défendre la diversité, peuvent laisser avec un sourire en coin ou une interrogation légèrement ironique: ces deux poupons noirs qui détonnent dans les bras ou sur les épaules de mannequins toutes de blanc vêtues, semblent être là pour montrer qu’il n’y a pas le moindre oubli ni aucune discrimination. Cela fait d’autant plus écho aux débats sur la diversité qui ont eu lieu récemment au Québec, notamment à cause de certaines vidéos virales tournées pendant la Saint-Jean-Baptiste. Mais alors, où se cache le poupon asiatique dans cette expo?
Quand la folie des grandeurs côtoie le sens du détail
Un autre aspect frappe le visiteur lorsqu’il fait le tour de l’immense gâteau de mariage qui sert d’installation pour présenter les différents modèles. Les inscriptions près de ces chefs d’œuvre de haute couture indiquent le temps passé par Jean Paul Gaultier sur chacun d’entre eux, et le nombre d’heures semble pharaonique! En fait, si esthétiquement l’œil peut tout de suite détecter la beauté et la grâce des pièces, du point de vue technique, même les connaisseurs les plus aguerris ne pourraient facilement imaginer que le designer a mis de 180 à 484 heures pour mettre au point ses robes…
Jean Paul Gaultier n’est pas non plus du genre à se limiter quant à la matière nécessaire pour concevoir ses créations: une robe de mariée de la collection Le coupe Adam et Ève, rastas d’aujourd’hui (Prêt-à-porter, 1991), possède une traîne faisant 23 mètres de longueur – soit 75,45 pieds! On reste aussi sans voix devant le modèle «La mariée» de la collection haute-couture Les hussardes (2002-2003), où 26 mètres de taffetas (85,30 pieds) ont été utilisés.
Mais alors que le styliste voit les choses en grand, il a paradoxalement un sens du détail incroyable. On ne peut que s’émerveiller devant la délicatesse des broderies qui constituent les immenses épaules «roues» de la robe en mousseline tirée de la collection Belle des champs (2017). De la même façon, c’est avec admiration qu’on regarde le modèle de la collection Les indiennes gypsies (2013) où broderies vintage, perles, paillettes et tulle ont été placées soigneusement au pouce près sans rien laisser au hasard.
Un tour à Révolution et le compte est bon…
Même si Love is love: Le mariage pour tous selon Jean Paul Gaultier devrait ravir les passionnés de mode, il est clair que beaucoup de visiteurs risqueront de rester sur leur faim après avoir fait le tour la salle… qui se parcourt très rapidement. Vous aurez donc le temps de repasser plusieurs fois devant chaque modèle, ce qui vous permettra de les observer en détail sans dépasser les 30 minutes de visite pour l’exposition au complet. Pour que ça vaille vraiment la peine en termes de temps investi, offrez-vous un tour à l’autre expo temporaire du Musée des beaux-arts de Montréal, du nom de Révolution. Les idéaux et les revendications des années 1960 y sont présentés tout en musique pour vous permettre de vous imprégner dans l’ambiance de cette décennie haute en couleur.
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L'événement en photos
Par Mathilde Recly, Pierre Longtin, Denis Farley et Éric Dumais
L'avis
de la rédaction