«Louis-Pierre Bougie: Un trait… Une œuvre» au 1700 LA POSTE – Bible urbaine

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«Louis-Pierre Bougie: Un trait… Une œuvre» au 1700 LA POSTE

«Louis-Pierre Bougie: Un trait… Une œuvre» au 1700 LA POSTE

Le rêve et l’angoisse à la portée de tous

Publié le 23 octobre 2013 par David Bigonnesse

Crédit photo : Frédérick Duchesne

Entrer dans l’univers artistique de Louis-Pierre Bougie est une expérience hors du commun. Oniriques, angoissantes et libératrices, voilà les premiers mots qui résonnent dans notre tête à la vue de ses œuvres. Celles-ci sont présentées dans le cadre de l’exposition Louis-Pierre Bougie: Un trait… Une œuvre à «caractère rétrospectif» comme le disait le mécène du nouveau lieu dédié aux arts visuels, Isabelle de Mévius, lors du vernissage jeudi soir.

Le sens de la vue est grandement sollicité lorsque l’on pénètre à l’intérieur du 1700 LA POSTE. L’architecture tout comme la facture visuelle impressionne avant même que le visiteur ait eu le temps de voir le travail du peintre, dessinateur et graveur Louis-Pierre Bougie. En revanche, le lieu consacré aux arts visuels laisse toute la place aux œuvres présentées notamment grâce au travail scénographique de Louis-Charles Lasnier. Sur trois étages, les carnets de l’artiste, dessins et peintures sont à la vue du public dans une grande pudeur. Une pudeur artistique qui concorde parfaitement avec l’œuvre de Bougie. Une adéquation du fond et de la forme, quoi.

La pièce maîtresse de cette exposition se trouve au rez-de-chaussée. Des murs blancs découpent la grande pièce afin de délimiter un parcours, et les instigateurs de cette rétrospective ont choisi diverses façons de montrer les œuvres. La présentation des croquis de Bougie en est un bon exemple. Véritable découverte, ses «Carnets de croquis», réalisés à l’aide de techniques mixtes, sont placés sous des vitres, alors qu’au mur derrière, deux écrans télévisés projettent des images des croquis dont les pages sont tournées. Du mouvement dans l’écran en fait. L’idée s’avère très intéressante et elle permet de varier la façon de disposer des œuvres de l’artiste. N’en déplaise à Orwell, les écrans sont devenus incontournables dans les lieux de diffusion des arts.

L’artiste trifluvien d’origine, né en 1946 et ancien étudiant libre à l’École des Beaux-Arts de Montréal, a réalisé des œuvres maîtresses dans sa carrière qui s’échelonne sur quarante ans. Parmi ces créations, «Suite bleue» (1996) est à noter. Cette grande œuvre placée sous une vitre et accrochée au mur, dont les composantes sont la pierre noire, l’acrylique et le gesso (passage sous presse), aspire le regard. Représentant des femmes nues, parfois difformes, dans un univers près du rêve, il y a quelque chose de surréaliste qui se dégage de ce grand format réalisé sur papier. De la douceur, de l’angoisse; un chaos et une paisibilité. Tout cela à la fois.

Suite-bleue-oeuvre-Louis-Pierre-Bourgie-Vernissage-1700-La-Poste-2013

L’exposition se poursuit au sous-sol, lieu où les lumières sont tamisées. Le visiteur devient ainsi captivé par l’univers particulier de Bougie. À ce sujet, tout juste à la droite de l’écran qui projette un court-métrage sur la carrière de l’artiste qui vit et travaille à Montréal, on retrouve quatre œuvres, mais deux en particulier qui détonnent. Il s’agit de «Perforation 1» (2011) et «Ciel perforé» (2011). Réalisées en eau-forte et taille douce (technique dans laquelle Louis-Pierre Bougie s’est spécialisé), les œuvres traduisent une vision à la fois claire et embrouillée d’un univers sombre, voire guerrier, dans lequel les corps perdent leurs caractéristiques anatomiques.

Au final, il est possible de voir deux œuvres exposées au troisième étage du 1700 LA POSTE. L’originalité de présentation d’«Une vérité incertaine» (2005), production aux techniques mixtes, placée à l’horizontale telle une fresque et visible seulement à partir de la mezzanine, est à souligner. Un seul hic technique saute aux yeux (sans vouloir faire de jeux de mots): les cartels, en général, sont trop bas. Relever cela peut sembler impertinent à l’image d’un détail, mais il faut dire que le visiteur souhaite lire le titre et voir les matériaux utilisés par l’artiste. Se pencher tout au long de l’exposition pour avoir ces informations pourrait devenir agaçant.

En dépit de cela, le 1700 LA POSTE a réussi à créer des espaces dans lesquels le visiteur pourra s’immiscer et se perdre grâce aux œuvres de Louis-Pierre Bougie. Des espaces intimes sans être étouffants. Il faut relever la capacité du lieu de diffusion à avoir préservé l’intériorité artistique de l’artiste dans ce contexte. Le spectateur pourra alors imiter les invités du vernissage après les quelques mots prononcés par Louis-Pierre Bougie, c’est-à-dire applaudir sans retenue.

Louis-Pierre-Bourgie-Vernissage-1700-La-Poste-2013

Une monographie sur l’œuvre de Louis-Pierre Bougie a été lancée du même coup aux Éditions de Mévius. Elle comporte un essai de Michaël La Chance ainsi qu’une préface de Georges Leroux.

L’exposition Louis-Pierre Bougie: Un trait… Une œuvre se tiendra du 23 octobre 2013 au 25 janvier 2014 au 1700 LA POSTE. Heures d’ouverture: du mercredi au samedi de 11h à 17h. Entrée Libre. Vous pouvez consulter le site Web 1700laposte.com pour plus d’information.

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