Louis-Jean Cormier et l’OSQ à la Maison symphonique de Montréal – Bible urbaine

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Louis-Jean Cormier et l’OSQ à la Maison symphonique de Montréal

Louis-Jean Cormier et l’OSQ à la Maison symphonique de Montréal

Un mariage réussi

Publié le 21 décembre 2014 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Louis-Charles Dumais

Cela fait plus de deux ans que les chansons du Treizième étage de Louis-Jean Cormier voyagent un peu partout à travers le Québec et même à travers le Canada, mais jamais elles n’étaient allées aussi loin… dans leur forme. Samedi soir, à la Maison symphonique de la Place des Arts de Montréal, l’auteur-compositeur-interprète est monté sur scène avec les soixante-six musiciens de l’Orchestre symphonique de Québec (OSQ) – qu’il a traînés à Montréal après deux spectacles dans la capitale – et son chef Stéphane Laforest, pour revisiter la plupart des morceaux de son premier projet solo, en plus de quelques nouveautés. Ce spectacle unique, pour un soir seulement à Montréal, a ainsi permis de redécouvrir un album dont la beauté et le succès ne s’épuisent pas, mais qui a bénéficié malgré tout de ces arrangements symphoniques.

C’est un extrait de «L’oiseau de feu» de Stravinsky qui a ouvert le bal, comme pour nous rappeler que cette soirée n’allait pas seulement mettre en vedette le chanteur «pop» récipiendaire de nombreux prix Félix, Juno et Polaris (avec Karkwa), mais aussi le plus vieil orchestre du Canada, qui perdure dans le temps grâce à son talent indéniable. Malgré la beauté de l’ouverture, il n’en fallait pas tant pour prouver les capacités des nombreux musiciens, puisque tout au long de la soirée, de riches envolées ou même de subtils détails ont soutenu à merveille les chansons de Louis-Jean Cormier, et ont démontré la force d’un tel ensemble.

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C’est «La cassette» qui s’est d’abord fait entendre, en douceur mais avec aplomb. La mélodie étant reprise au marimba et comprenant quelques touches de glockenspiel, les arrangements de Jean-Nicolas Trottier et Benoît Cormier (le frère de l’autre!) se sont tout de suite révélés dans toute leur splendeur, récoltant de chauds applaudissements dès le départ. «Bull’s Eye» a ensuite étonné, ayant presque l’air d’une autre chanson tout à fait nouvelle, avant que de magnifiques envolées de cuivres décuplent l’émotion du chanteur durant «Transistors».

Presque en retenue, le groupe de Cormier (formé d’Adèle Trottier-Rivard à la voix et aux percussions, de Guillaume Chartrain à la basse, de Marc-André Larocque à la batterie et de Simon Pedneault à la guitare) s’est laissé docilement diriger par Stéphane Laforest, plongeant tête la première dans ce projet audacieux mais enthousiasmant. Louis-Jean ayant lui-même troqué sa guitare en métal habituelle pour une acoustique sans artifices et à quelques occasions le banjo, le band a effectivement semblé laisser davantage de place à l’orchestre, en modérant ses ardeurs. Cette délicatesse a permis aux deux groupes de bien s’harmoniser.

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Contre toutes attentes, c’est pourtant les nouvelles chansons de l’artiste – au nombre de quatre – qui ont permis des arrangements plus complexes et diversifiés. Était-ce plus facile d’imaginer un autre squelette à une chanson dont celui de base n’était peut-être pas encore solidifié tout à fait que de repenser les vieux morceaux coulés dans le béton de deux années de tournée? La première nouveauté, en tout cas, a aisément démontré l’apport orchestral le plus manifeste depuis le début, alors que l’ensemble, à la fois en douceur et aussi avec intensité, a soutenu à merveille les mots de Cormier, prouvant la parfaite harmonie entre les deux univers pour la première fois de la soirée.

Ce sont véritablement les arrangements qui ont permis toutes sortes de surprises au fil de la soirée. «Le cœur en téflon» fut l’une d’elles, alors que la mélodie du morceau a d’abord été interprétée au marimba, puis au violon, puis à la flûte, puis au violoncelle en cordes pincées, puis à la harpe… chaque instrument se succédant pour rendre l’air, créant un numéro de toute beauté. L’autre plus grand étonnement du spectacle fut une pièce au début très grave et solennel, presque comme un hymne militaire ou national. Confondu, le public a vite fait de découvrir qu’il s’agissait de «J’haïs les happy ends» et s’est empressé d’applaudir l’inventivité. C’est d’ailleurs durant ce numéro qu’après les paroles «Et de croiser le chaos», les instruments à cordes se sont momentanément mis à jouer de façon désordonnée, répondant aux mots du chanteur. Un détail, mais un détail brillant.

Il faut aussi mentionner les quelques morceaux où Louis-Jean, tel un seul homme… devant un orchestre symphonique, a offert quelques pièces sans son band, dont «L’ascenseur», qui s’est développée très tranquillement, débutant uniquement avec sa guitare acoustique et quelques cordes pincées doucement, avant de laisser entendre d’intenses envolées en finale. C’est également à ce moment que le chanteur a présenté son frère, Benoît Cormier, arrangeur de quelques chansons et violoniste au sein de la formation de Québec. À ses côtés autour d’un micro omnidirectionnel, il a interprété «Au bord du récif», chanson composée dans le cadre de l’émission «Les voix humaines», en hommage à leurs racines de la Côte-Nord et de la Gaspésie. D’une aisance peu commune, Benoît Cormier a regardé son frère en jouant du violon tout au long du morceau, qui était sans doute très simple pour lui. Comme quoi ça n’a pas besoin d’être compliqué pour être d’une grande beauté.

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Même si «Un refrain trop long» aurait eu le potentiel d’offrir davantage d’intensité et d’émotions, l’ensemble du spectacle, intitulé Des fleurs dans les canons, s’est révélé un franc succès, récoltant de nombreux applaudissements nourris et même plusieurs ovations (quoiqu’un peu commandées par Stéphane Laforest, dans un discours en début de soirée qui laissait savoir à la foule de Montréal que celle de Québec s’était levée souvent, elle…). Dépassant même le temps alloué dans la Maison symphonique avec son rappel offrant une «Tout le monde en même temps» faisant la part belle au marimba ainsi qu’une nouvelle pièce, Louis-Jean Cormier a définitivement repoussé les limites de ses premières compositions solo. La barre est maintenant haute pour son prochain opus, à paraître le 24 mars prochain, puisque avec l’Orchestre symphonique de Québec, la preuve a été faite que les cordes, les cuivres, les vents et les percussions diverses s’harmonisent à merveille avec son univers.

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