Louis-Jean Cormier avec Plants and Animals au Club Soda à l’occasion de M pour Montréal

 Louis-Jean Cormier: un public au rendez-vous

C’est aux côtés du réalisateur de son dernier disque, mais aussi bassiste Guillaume Chartrain, du guitariste Simon Pedneault, du batteur Marc-André Larocque et de la percussionniste et choriste Adèle Trottier-Rivard que Louis-Jean Cormier s’est pointé sur scène, belle guitare électrique rouge à la main. Offrant d’abord une ambiance planante grâce à une longue introduction instrumentale avant «Les hélicoptères», ils ont ensuite fait entendre une tournure beaucoup plus rock de l’ensemble des chansons de Les grandes artères, son deuxième opus. Sautant dès lors en tournant sur scène et en jouant de son instrument, le chanteur impressionnait déjà, et ça promettait pour ce spectacle court, hors-norme, mais condensé en énergie rock.

Ça ne prit pas beaucoup de temps pour que la foule embarque à pieds joints dans l’expérience avec Louis-Jean, le parterre se déhanchant déjà doucement pendant «St-Michel» et le Club Soda entier chantant doucement le refrain de «Si tu reviens», ce qui donna lieu à du pur Louis-Jean Cormier, qui interrompît sa propre chanson avant son deuxième refrain, pour parler à l’auditoire: «Attends un peu, attends… Juste te dire que c’est le fun ce qui se passe, là, ça va, mais on dirait que tu te retiens, Club Soda. Je veux que tu t’amuses, M pour Montréal, nous on joue pas longtemps, mais on va tout donner!» Fidèle à son habitude, le chanteur entretient toujours une très belle complicité avec son public, qui s’est par la suite donné avec plus d’ardeur dans le déhanchement et le chant.

Si certaines chansons, comme «Complot d’enfants» et «Faire semblant» ont été livrées de façon particulièrement rock, cette dernière avec un solo enlevant de guitare électrique vibrante, plusieurs chansons ont malgré tout tangué entre l’intensité et la douceur. Ce fût le cas pour «Tête première», assez fidèle au disque et très appréciée, mais aussi pour «Vol plané», durant laquelle les jeux de lumière ont bien appuyé les moments d’intensité comme ceux plus sensibles, et «Un refrain trop long», en rappel, dédiée à «nos amis Français».

De belles animations visuelles meublaient l’arrière-scène pour appuyer les textes des chansons (on a entre autres aperçu un vinyle qui tourne sur un tourne-disque durant le premier extrait radio, «Si tu reviens»), et Louis-Jean Cormier était en grande forme et en parfaite maîtrise, livrant ici des envolées instrumentales endiablées, et là des discours engagés, encourageant les gens présents à «rester curieux et à continuer à écouter de la musique francophone». Et même s’il avait jusque-là joué uniquement des chansons de son deuxième disque, il ne pouvait, en finale, passer à côté de la chanson qui l’a fait rayonner un peu partout, «Tout le monde en même temps» que la foule a apprécié autant que «La fanfare», chaudement applaudie précédemment.

Au final, on se demande un peu ce que cet artiste faisait dans la programmation (plutôt anglophone) de M pour Montréal plutôt que dans celle du Coup de cœur francophone, qui se terminait à peine une semaine plus tôt, mais le public était au rendez-vous malgré tout, et ces 50 minutes de prestation furent bien insuffisantes pour le satisfaire, lui qui s’est tout de suite mis à crier «Louis-Jean! Louis-Jean!» dès la dernière note entendue, forçant un rappel qui n’était pas prévu, mais qui termina la soirée en douceur, tout en prouvant à quel point le musicien est apprécié du public québécois. On espère que les producteurs et distributeurs étrangers ont pris des notes.

Plants and Animals: un temps pour se dégourdir

Lorsque nous sommes arrivés au Club Soda, la formation Plants and Animals était déjà en train de soulever la foule avec ses compositions dynamiques et ses grandes envolées instrumentales endiablées. Habiles musiciens, Warren Spicer, Matthew Woodley et Nicolas Basque ont tout donné, bien que le chanteur avait parfois l’air un peu coincé ou dans sa bulle. Avouant, dans un français qu’on sentait laborieux, que ça faisait longtemps que le groupe n’avait pas joué à Montréal et qu’il avait des «insectes dans le ventre», il s’est repris en fin de parcours, en offrant des performances plus énergiques.

Alors que le chanteur était derrière un clavier plutôt qu’une guitare, ses musiciens groupés autour de lui – avec Adèle Trottier-Rivard en accompagnement, qu’on a découvert sous un autre jour, plus dégourdie et énergique qu’en accompagnant Louis-Jean Cormier – on a eu droit à un beau moment et à une belle énergie, les musiciens dansant en jouant de leur instrument. C’est aussi lors de la dernière chanson qu’on aura perçu autant de dynamisme, alors que Basque et Spicer sautaient sur place, guitare à la main, envoûtés et envoûtants.

Même s’ils ne parlaient pas beaucoup à la foule, créant des temps morts entre les chansons, Plants and Animals ont tout de même livré une performance très appréciée, démontrant bien leur fougue et la qualité de leur indie-rock.