Loreena McKennitt au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

Avec un bond de vingt-ans en arrière, McKennitt a ouvert son spectacle, assise derrière sa harpe, en interprétant la pièce «Samain Night», qu’on retrouve sur Parallel Dreams, son troisième album en carrière. À ses côtés, ses complices de longue date, Brian Hughes et Caroline Lavelle, se tenaient discrètement aux extrémités de la scène, accompagnant Loreena McKennitt dans cette tournée unique qu’elle a justement appelé Stories behind the songs outline.

Soufflant ses trente bougies sur une carrière prolifique et couronnée de succès avec plus de 14 millions d’albums vendus, l’artiste de 57 ans peut se flatter d’avoir accompli plusieurs choses dans sa vie, dont neuf albums studios et quatre albums live, en plus d’avoir joué devant Sa Majesté, la reine Elizabeth II, et plusieurs chefs d’État. Hier, ce fut un concert tout sauf solennel, McKennitt profitant de l’occasion pour mieux se dévoiler à son public, mais elle s’est montrée parfois évasive sur certains sujets, ce qui a probablement nui à l’attention de certains.

Quelques pièces de l’album phare The Visit (1991) ont été revisitées en formule intime, par exemple «All Souls Night», «Bonny Portmore», «Between the Shadows» et «Greensleeves», sauf que le public montréalais, contrairement à celui d’Ottawa la veille, n’a malheureusement pas eu droit à «The Lady of Shalott» et «The Old Ways», deux de ses plus grands succès. À la place, changeant son programme à la dernière minute, Loreena McKennitt a interprété «Annachie Gordon» et «Come By the Hills».

Après avoir joué neuf morceaux, entre lesquels elle ne manquait pas de parler de sa passion pour l’Irlande, de ses voyages entre Toronto, Winnipeg et Tokyo, la chanteuse canadienne a quitté la scène pour une pause de 15 minutes, avant de revenir offrir un bloc de cinq chansons, à la suite desquelles elle s’est assise au-devant de la scène, sur un tabouret, pour répondre aux questions du public dans une formule questions-réponses. Durant près d’une vingtaine de minutes, une dizaine de spectateurs se sont donc avancés au micro pour poser leurs questions, portant sur ses compositions, ses états d’âme, ses voyages et sa carrière.

Mais il fallait s’y attendre: plus d’une vingtaine de personnes se sont levées pour quitter la salle à ce moment-là, fort probablement impatientes à l’idée d’endurer davantage de placotage. McKennitt s’est même interrompue à un moment pour avertir les spectateurs qu’elle allait revenir en musique, promesse qu’elle a tenue en jouant tour à tour «Dante’s Prayer» et «Full Circle», mais ses départs précipités n’ont fait que confirmer l’impression que l’on avait ressentie d’emblée, à savoir que les discussions, certes intéressantes, parfois cocasses mais souvent trop longues, auront eu le dessus sur l’intérêt des spectateurs, qui a semblé s’estomper après les deux heures et demie qu’aura duré le spectacle.