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Crédit photo : Charline Provost
Fléau généralisé, hélas!, pour quantité de spectacles de nos jours, il ne faut donc aucunement blâmer les artistes qui, eux, ont tout donné ce qu’ils avaient dans le ventre, Hannah Reid y allant de quelques envolées vocales qui donnaient littéralement le frisson. Imaginez si la foule avait été silencieuse durant les 70 minutes qu’a duré la prestation; l’énergie dégagée n’aurait été qu’amplifiée.
Mais «Darling Are You Gonna Leave Me» a tout de même produit un bel effet sur la foule, cette dernière connaissant étonnamment les paroles par cœur de cette pièce disponible sur la version de luxe de l’album If You Wait, paru en 2013. Dominic Major, derrière les synthés, en aura étonné plusieurs hier, présentant avec son accent cassé quelques chansons en français, dont «Shyer» qui, suivie de «Wasting My Young Years», a révélé des musiciens de grand talent, Daniel Rothman grattant les cordes de sa guitare, façon Romy Madley Croft de The xx. Mais les ambiances électroniques, aussi bien maîtrisées soient-elles, n’ont pas créé le même impact émotionnel que celles de leurs confrères britanniques, avec Jamie xx à la barre.
On s’y attendait, et on se rappelle leur concert à Osheaga en 2014: London Grammar n’offre rien non plus de trop tape-à-l’œil; la beauté de leur prestation réside presque entièrement sur les frêles épaules de la magnifique Hannah Reid, qui chante merveilleusement bien, même qu’il est difficile de croire que cette voix aussi angélique sort de ce corps, si jeune. Mais après l’étonnement causé par The xx, puis Daughter, et j’oserais même ajouter La Voix!, il ne faut plus s’étonner, tellement il y a de jeunes talents qui sont révélés chaque année.
C’est donc en toute simplicité, baigné par la lueur des huit projecteurs dispersés en demi-cercles sur la scène, que le trio anglais a présenté la majeure partie des pièces de son premier album, y allant de quelques surprises, dont l’émouvante «Nightcall», une reprise de loin meilleure à l’originale de Kavinsky, et «Metal & Dust», qu’on retrouve sur le EP homonyme.
Avec la promesse de revenir à Montréal d’ici la fin de l’année, il ne fait aucun doute que London Grammar s’est fait des alliés hier soir, offrant une prestation soutenue et des ambiances sonores qui donnaient la chair de poule. Espérons seulement que le public montréalais saura, un jour, se taire et apprécier le spectacle, en silence et dans le respect.
Until the Ribbon Breaks
C’est le trio anglais Until the Ribbon Breaks qui s’est chargé de divertir la foule tout juste avant l’entrée en scène des étoiles de la soirée. Probablement loin de s’imaginer qu’ils auraient droit à un si bel accueil, Peter Lawrie, Elliot Wall et James Gordon ont bénéficié de quelques belles ovations leur allant droit au cœur, la foule ayant adoré cette pop électro aux accents hip-hop. Et il ne fait aucun doute: ces trois musiciens ont mis la main sur un bon produit, qui n’offre rien de révolutionnaire en soi, mais disons une musique à mi-chemin entre X Ambassadors et The Weeknd. Parmi les pièces de leur album A Lesson Unlearnt, les Montréalais ont pu entendre «Revolution Indifference», avec une apparition à l’écran du rappeur Run the Jewels, «Pressure» et «Romeo», entre autres, avec des extraits d’un clip avec Leonardo DiCaprio dans Roméo et Juliette. Une bien belle découverte: www.untiltheribbonbreaks.com.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Hey Now
2. Darling Are You Gonna Leave Me
3. Interlude
4. Shyer
5. Wasting My Young Years
6. Flickers
7. Sights
8. Stay Awake
9. Nightcall (reprise de Kavinsky)
10. Strong
Rappel
11. If You Stay
12. Metal & Dust