Lindsey Stirling avec Shawn Hook au Théâtre Saint-Denis de Montréal

C’est avec le récent morceau «The Phoenix» que l’artiste et performeuse de 30 ans a donné le ton à la soirée, laissant ses deux musiciens, l’un aux claviers, l’autre à la batterie, faire tout d’abord leur entrée sur scène, avant qu’un projecteur éclaire un écran large à l’arrière-plan sur lequel se dessinait sa silhouette sur fond blanc. Sauf qu’en parfaite joueuse de tours, Lindsey Stirling n’est pas apparue à nos yeux sur scène, mais bien dans l’allée centrale du parterre, où un projecteur l’a vite dénoncée sous les regards surpris d’un public hétérogène mais relativement jeune, qui n’avait encore rien vu. Très vite, elle a rejoint ses deux comparses, bondissant avec énergie.

Son plus récent album Brave Enough, sorti en août dernier, a fait belle figure au cœur de ce menu musical d’une quinzaine de chansons, l’ensemble des thèmes de ses nouvelles pièces se rejoignant à la jonction de l’espoir, de la gratitude et de l’importance d’être soi, choses que l’artiste a prônées à plusieurs reprises à coup d’anecdotes personnelles. Et Stirling nous a d’ailleurs démontré une facette plus sensible d’elle-même, notamment en rendant un touchant hommage à son meilleur ami et ex-claviériste Jason Gaviati, décédé il y a quelque temps. La larme à l’œil, elle a interprété la touchante «Gavi’s Song», après quoi le public s’est levé de son siège pour lui rendre une ovation.

Au cœur de son spectacle, Lindsey Stirling a présenté une succession de tableaux fantaisistes où une scénographie visuellement impressionnante servait à émerveiller le regard pendant qu’elle jouait de l’archet, tout en dansant. Car l’Américaine à la chevelure rousse a plus d’une corde à son arc; en plus d’être une virtuose de l’instrument qu’elle a tenu pour la première fois à 5 ans, elle a dansé, sauté et bondi à pied joint sur scène, y allant d’une série de chorégraphies exécutées en solo ou en quintette, par moments aux côtés de ses quatre énergiques et souriantes danseuses.

Parmi les moments-clés de la soirée, mentionnons le chapitre «Shatter Me» qui fut chaudement applaudi, morceau dans lequel Lzzy Hale de la formation Halestorm prend le micro sur la version originale. Dans le remix présenté live, Stirling a misé sur sa partition au violon ainsi que les projections sur une immense toile-écran placée à l’avant-plan, sur laquelle on pouvait apercevoir des ballerines, une forte averse, des colonnes de feu, des feuilles d’automne, un ciel obscur et étoilé, et bien plus encore.

«Lost Girls», «Something Wild», «Those Days» et «The Arena» ont elles aussi émerveillé plusieurs de nos sens, comme les numéros de magie dont celui de la femme coupée en deux, ou encore celui où Stirling est apparue comme par enchantement dans un cube de verre où il n’y avait qu’un violon pourtant vide de sa personne. Et, plus encore, elle a même lévité durant «Mirage» (les trucages étaient bien réussis, admettons-le) à l’arrière-plan, tout en jouant de son violon alors que ses danseuses s’exécutaient sur scène. De toute beauté!

Même si la signature visuelle n’accompagnait que certaines pièces du concert, Stirling a bien compensé la suite, malgré un décor plus terne d’un coup, notamment avec des passes plus humoristiques, comme cette mini prestation où elle était assise en indien avec ses deux musiciens vêtus d’une robe de chambre (!) pour interpréter des chansons-thèmes telles que la célèbre mélodie d’Harry Potter. Moment cute de la soirée: elle nous a présenté son petit chien, qu’elle a elle-même comparé à M. Burns des Simpson, lequel ne s’est pas montré très coopératif lorsqu’elle lui a demandé de se lever sur ses deux pattes arrière. À la blague, elle nous a promis d’avoir en main du bacon une prochaine fois!

Il y avait tant à voir, tant à apprécier, tant à déguster qu’il est difficile de rendre en mots tout ce que l’artiste nous a servi hier soir. Entre des parties plus artistiques et léchées, d’autres, plus improvisées, et quelques moments plus émotifs, comme cet hommage rendu à son «frère» disparu qu’elle a si gentiment surnommé son «ange gardien bien occupé», Lindsey Stirling a réellement su prouver qu’elle avait les moyens de ses ambitions et que son expérience tiède à la cinquième saison d’America’s Got Talent n’a prouvé qu’une chose: qu’il faut croire en ses rêves pour se réaliser.

En première partie: Shawn Hook

Le Canadien de 32 ans Shawn Hook a présenté sa pop groovy qui ne manquait certes pas de saveur en première partie de spectacle. Avec sa dégaine de soft pop-rockeur et ses manières rappelant à la fois Nick Carter, Justin Bieber et Sam Smith, Hook a vite mis le public dans sa poche, charismatique et naturel comme il sait l’être. Il s’est révélé un fort bon joueur de piano, débutant sa prestation avec une pièce qu’il a jouée et chantée en solo. La glace était cassée! Par la suite, il a offert, en compagnie de ses trois musiciens, une belle présentation de sa jeune carrière, avec notamment «Relapse» et, bien sûr, son hit radiophonique, «Sound of Your Heart». Laissez-vous aller à la découverte de cet artiste prometteur de la Colombie-Britannique: http://www.shawnhook.com.