Les Londoniens de Mumford and Sons à la Baie de Beauport de Québec – Bible urbaine

SortiesConcerts

Les Londoniens de Mumford and Sons à la Baie de Beauport de Québec

Les Londoniens de Mumford and Sons à la Baie de Beauport de Québec

Les banjos oubliés d'un groupe face à l'écueil de la soupe populaire

Publié le 13 juin 2016 par Benjamin Le Bonniec

Crédit photo : www.facebook.com/mumfordandsons

Les Londoniens de Mumford and Sons faisaient sensation dans la province il y a quelques mois en annonçant sa venue sur le site de la Baie de Beauport à Québec pour un concert-évènement. Et à voir la foule de plus de 20 000 personnes qui s’est amassée aux abords de la plage de La Capitale samedi soir, le rendez-vous avait bien été pris. Fidèles à eux-mêmes, les quatre «folkeux» britanniques ont servi une prestation énergique, entremêlant leurs ballades aux envolées bluegrass aux titres moins accrocheurs de leur dernier album Wilder Mind (2015), mais taillés sur mesure pour les grandes scènes.

Depuis le carton inattendu de leur premier album Sight No More (2009), la bande à Marcus Mumford n’a cessé de voir toujours plus grand. Un peu trop, peut-être; à la fois authentiques et surprenants à leurs débuts, ils ont aujourd’hui pris une ampleur telle qu’ils n’ont pu échapper à cette chute dans les abysses d’une musique préfabriquée. Visiblement incapable depuis Babel (2012) d’écrire une chanson sans tomber dans la mièvrerie, sans parler des arrangements pompeux et des refrains entonnés à quatre (comme au bon vieux temps), mais dénués de la conviction significative de leurs premiers succès qui nous faisaient voyager jusqu’à un bal populaire du Yorkshire.

Aujourd’hui, Mumford and Sons apparaît sous les contours d’un groupe pop-rock formaté bien ordinaire à deux doigts de tomber dans le registre de l’Adult contemporary tant leur ambition de marquer l’histoire de la musique (comme ils le déclaraient à leurs débuts) l’a emporté sur leurs désirs d’offrir un produit authentique qui les importaient avec la passion et un soupçon d’old-fashionned style (ils le déclaraient aussi aux prémisses de leur carrière). Mais l’heure n’est pas aux règlements de compte; Wilder Mind a déjà un an et on savait d’ores et déjà à quoi s’en tenir en débarquant aux abords du Saint-Laurent samedi dernier.

Si Mumford and Sons a malgré tout surpris, ce n’est pas là où on espérait l’être, mais dans l’annonce d’un EP qui sortira cette semaine, Johannesburg, enregistré en Afrique du Sud comme l’a annoncé en français le guitariste Marshall Winston. À l’occasion d’un mini-album, les Anglais ont collaboré avec le chanteur sénégalais Baab Maal pour des morceaux aux sonorités africaines. On a alors eu droit à un aperçu de cette coopération avec l’inconsistant «Si tu veux» et le plus convaincant «There Will Be Time», qui sera le titre phare du EP, et enfin «Wona», offerte lors d’un rappel à rallonge.

Parce que ce qu’on ne peut pas démentir: c’est la générosité à tout égard dont font preuve les quatre musiciens qui étonne. Depuis leurs débuts, ils ont été inlassablement en tournée aux quatre coins du monde, privilégiant les diverses expériences live aux compositions en studio, de leur projet collaboratif aux sources de la musique indienne sur les bords du Gange en compagnie de Laura Marling et de Dharoar Project (2010), jusqu’à leur projet Gentlemen of The Road, où ils prennent chaque année la route en compagnie d’autres artistes. Ce week-end, après un set déjà bien complet, le groupe est revenu sur scène pour offrir pas moins de six morceaux, dont «Timshel» et «Cold Arms» en acoustique, Marcus à la guitare, au milieu de la foule autour d’un seul micro, mais aussi le succès «I Will Wait» et «The Wolf».

Critique-concert-Mumford-And-Sons-Baie-de-Beauport-Quebec-Bible-urbaine-02

Avant ça, pendant une heure et demie, Mumford and Sons a tenté de surfer sur la vague de leurs deux premiers albums, jouant «Below My Feet», «Lover of the Light», «The Cave», «Dustbowl Dance» et l’incontournable «Little Lion Man» dès le deuxième morceau de la soirée. Mais ces compositions, finalement d’un autre temps, n’avaient plus la même saveur qu’à l’époque, supplantées par les morceaux formatés de leur opus de 2015 dont l’ampleur inhérente à la production de celui-ci s’inscrivait plus dans un tel évènement, aussi gros, que, finalement, dépourvu de l’âme lyrique et folklorique qui fit le succès du groupe.

Dès lors, cette venue de Mumford and Sons sonne comme un succès en demi-teinte. Certes, les quatre Londoniens ont donné le meilleur d’eux-mêmes, faisant sans aucun doute rêver bon nombre de spectateurs présents par leur professionnalisme, leur sympathie et leur dévouement. Pourtant, les plus puristes d’entre eux, notamment les fans de la première heure, n’ont certainement pu que constater la tournure carriériste prise par le groupe aux ambitions quasi affichées, à savoir celle de devenir l’un de ces groupes de stade comme l’Angleterre sait en produire, commençant à suivre les pas de Queen, U2 ou Muse ces dernières années. 

Mais après tout, on est encore en droit d’espérer à ce retour aux sources pressenti avec la sortie annoncée d’un album en 2017.

L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Snake Eyes

2. Little Lion Man

3. Below My Feet

4. Wilder Mind

5. Lover of the Light

6. Tompkins Square Park

7. Believe

8. Ghosts That We Knew

9. Si tu veux (avec Baaba Maal)

10. There Wille Be Time (avec Baaba Maal)

11. The Cave

12. Ditmas

13. Dustbowl Dance

Rappel

14. Timshel

15. Cold Arms

16. Hot Gates

17. Wona (avec Baaba Maal)

18. I Will Wait

19. The Wolf

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début