Les Hay Babies et Joseph Edgar au Club Soda à l'occasion du Coup de coeur francophone – Bible urbaine

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Les Hay Babies et Joseph Edgar au Club Soda à l’occasion du Coup de coeur francophone

Les Hay Babies et Joseph Edgar au Club Soda à l’occasion du Coup de coeur francophone

Une grande fête acadienne!

Publié le 16 novembre 2014 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Louis-Charles Dumais

Le Club Soda était bien rempli; ils étaient nombreux, samedi, à avoir accepté l’invitation à la grande fête acadienne. Mais ils ne se doutaient sans doute pas à quel point la fête serait finalement intime, malgré le nombre. Parce qu’entre amis, on se laisse aller, on s’abandonne complètement. Et avec Joseph Edgar puis Vivianne, Katrine et Julie, de la formation Les Hay Babies, les spectateurs ont trouvé de vrais amis avec qui partager de beaux moments, mais aussi avoir beaucoup de plaisir!

Elles étaient attendues. Alors que Kevin McIntyre (claviers, basse), Marc-André Béliveau (batterie) et Mico Roy (guitare électrique) s’affairaient à installer l’ambiance grâce à une introduction musicale tout en douceur, l’entrée en scène des trois complices formant Les Hay Babies a suscité une vive réaction du public, qui manifestait son enthousiasme à grands cris. Et déjà, après seulement «Des fois j’me demande», Julie (banjo et voix) a rendu à la foule sa dévotion: «J’sais qu’un show va bien aller quand j’saigne des doigts, pis là on a joué juste une toune pis j’saigne déjà!». Visiblement, ça se donnait déjà largement au-delà des attentes.

Après avoir dédié la prochaine chanson, puis le spectacle au complet à Laurent Comeau, un ami originaire de Néguac décédé récemment, c’est évidemment «Néguac and Back» qui s’est fait entendre, malheureusement avec le ukulélé de Katrine trop faible pour bien entendre la mélodie principale du morceau. Mais peu importait, le charme des trois Acadiennes opérait déjà, elles qui prenaient le temps de s’adresser durant de longues minutes à leur public entre chaque chanson, racontant ici des anecdotes très comiques, et là l’histoire derrière une chanson.

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«Trop Frette» raconte l’histoire d’une petite pensionnaire de l’endroit où la mère de Katrine travaille qui avait décidé de s’enfuir mais qui, en revenant et en étant prise dehors, a déclaré, lorsqu’on l’a trouvée, «Il fait trop frette pour brailler». «Cette chanson-citte, je l’ai écrit alors que j’avais 18 ans et j’pensais que j’étais vieille», a avoué Vivianne, au sujet de «On ne reviendra plus en courant», durant laquelle la chanteuse a démontré une belle fougue, autant dans son interprétation bien sentie que dans son jeu de guitare. «Salsa Sea», quant à elle, a été inspirée de leur amitié avec Les sœurs Boulay, avec qui elles ont fait une tournée en Europe. Bref, chacune des chansons a sa petite histoire, et Les Hay Babies se font un plaisir de les raconter pour notre plus grand amusement.

Tellement qu’on voudrait presque voir les trois complices se lancer en humour. Les trois amies sont franchement drôles, et particulièrement Katrine qui semble avoir un humour assez pince-sans-rire, comme lorsqu’elle a déclaré «Mon psychiatre m’a dit que j’devrais parler d’mon problème à mes amis» avant d’établir qu’on était entre amis, au Club Soda, et que «si un monsieur veut en parler plus en profondeur, il peut me laisser son numéro pour qu’on aille prendre un café». C’est son «love at first sight problem» qui a inspiré «Obsédée», une chanson du Folio EP.

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Les chansons du EP ont effectivement toutes été jouées, tout comme les morceaux de Mon Homesick Heart, le premier album du trio. Les chansons plus anciennes ont parfois été quelque peu modifiées, comme «Horse on Fire» qui a été entendue dans une version très country et très entraînante qu’on entendrait bien dans un bon film western, alors que sa version enregistrée est plutôt en douceur. Les titres de l’album complet ont aussi trouvé un son globalement plus rock ou, à tout le moins, plus énergique que sur disque, sans toutefois perdre leur ressenti.

De très beaux moments d’interprétation et de complicité ont d’ailleurs pu être observés, que ce soit durant le refrain de «Chu pas une femme à marier» où les trois voix s’entremêlaient avec dynamisme ou encore en rappel lors de la touchante «Me reconnais-tu?». Ce fut aussi le cas lors de la finale instrumentale de «Tumbleweed» et de la pièce-titre du disque, uniquement musicale, «Mon Homesick Heart», où les trois musiciennes ont quitté leur pied de micro respectif pour se rassembler au milieu de la scène, ensemble, et s’abandonner avec passion à la musique.

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Mais c’est véritablement les moments de danse chorégraphiée qui ont contribué à établir la complicité des musiciennes, mais aussi leur simplicité désarmante, démontrant que ces jeunes artistes ne se prennent pas trop au sérieux. En mimant chaque parole de la plus que dynamique «J’ai vendu mon char» pendant que Vivianne se faisait elle aussi saigner les doigts sur sa guitare par tant d’ardeur, Julie et Katrine étaient belles à voir aller malgré tant d’absurdité dans les mouvements.

«Bonnie and Clyde», une chanson inspirée de deux grands Acadiens – «Ouin, on a pas des bons cours d’histoire en Acadie», de lancer avec humour Katrine – qui sont en fait les grands-parents de Julie, a clôt de superbe façon, avec une intense envolée instrumentale, ce spectacle où humour et fougue tout en simplicité ont séduit un public nombreux. Vraiment d’une sincérité et d’une chaleur incroyable, Les Hay Babies nous ont fait sentir comme si on faisait partie de la famille. On les sentait heureuses d’être là, d’être sur scène, mais ce plaisir contagieux aura trouvé son apogée en rappel, lors de l’interprétation inattendue de «Benny and the Jets» d’Elton John. Du bonbon!

Joseph Edgar

C’est le tout aussi acadien et tout aussi loquace Joseph Edgar qui s’est chargé de réchauffer la foule avant ses compatriotes Les Hay Babies. Accompagné d’Alexandre Pépin, un multi-instrumentiste très impressionnant qui manie à la fois la basse, la batterie (une main pour chaque instrument) et la voix, Joseph Edgar a offert environ une heure de prestation très généreuse. Dans son élément sur scène, Edgar n’a pas hésité à s’adresser à la foule presque entre chaque chanson, pour présenter les inspirations de ses morceaux, comme une nouvelle, «Braise d’été», qui laisse à entendre le bord de mer de la Gaspésie et de la Côte-Nord où l’artiste faisait des ricochets avec des cailloux durant sa tournée.

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«Secousse», représentant sa moitié plus politique, a donné l’occasion au musicien et chanteur d’effectuer une petite envolée bien sentie à la faveur de Radio-Canada, rappelant la manifestation qui aurait lieu le lendemain à l’aide de propos directs, mais importants. «Autour du Gazebo», en quelque sorte la pièce-titre de son plus récent et cinquième opus, Gazebo, a aussi eu droit à sa présentation durant laquelle Edgar invitait la foule à s’imaginer un parc avec un gazebo où des gens pique-niquent, avant que toutes sortes de gens sortent des bosquets dès la noirceur tombée.

Fort sympathique, le grand gaillard sait aussi se donner sur scène avec une belle intensité. Ses chansons folk-rock déménagent, et son énergie est contagieuse. La très entraînante «Espionne russe» a évidemment ravi, tout comme l’intégralité de sa performance, qui a obtenu une réaction très positive du public présent au Club Soda.

L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Des fois j'me demande

2. Néguac and Back

3. Trop frette

4. On ne reviendra plus en courant

5. Salsa Sea

6. Chu pas une femme à marier

7. La Bear Song

8. Horse on Fire

9. Boire ma bouteille (reprise du groupe acadien 1755)

10. Obsédée

11. Tumbleweed

12. La toune du soundman

13. Mon Homesick Heart

14. Fil de téléphone

15. J'ai vendu mon char

16. Bonnie and Clyde

Rappel

17. Me reconnais-tu?

18. N'importe quel gars

19. Benny and the Jets (reprise d'Elton John)

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