Les créateurs d’arts vivants sont prêts à lever le rideau – Bible urbaine

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Les créateurs d’arts vivants sont prêts à lever le rideau

Les créateurs d’arts vivants sont prêts à lever le rideau

Il faut sauver l’industrie culturelle québécoise… et ça presse!

Publié le 24 janvier 2022 par Mathilde Recly

Crédit photo : Pexels @ cottonbro

Cela fait bientôt deux ans que, comme tant d’autres pans de l’économie, l’industrie culturelle québécoise doit jongler avec les incertitudes, les confinements (pas toujours nommés comme tels), les mesures sanitaires et autres règles en vigueur. Malgré toute la bonne volonté du secteur qui comprend la réalité du système de santé et la gravité de la situation pandémique, des interrogations commencent à émerger de la part des artisans et artistes culturels quant à la pertinence de restrictions aussi asphyxiantes que difficiles à tenir d’un point de vue financier et organisationnel.

La culture considérée comme «accessoire»?

Même si les défis rencontrés par le milieu de la culture remontent bien au-delà de cette cinquième vague, concentrons-nous sur ces dernières semaines pour observer ce qui s’est passé.

Les salles de spectacle, de concert et de cinéma ont d’abord été les premières à écoper du laxisme ambiant qui régnait face à Omicron, pourtant identifié comme étant de plus en plus préoccupant depuis fin novembre. Ainsi, le 20 décembre dernier, lesdites salles du Québec se sont fait dire de fermer le jour même à 17 h, quatre jours après qu’une annonce ait été faite pour indiquer que les jauges seraient désormais limitées à 50% – engendrant par la même occasion de nombreux casse-têtes de réorganisation… pour rien, finalement.

Un premier constat s’impose ici: qu’est-ce qui justifiait cette fermeture brutale, bien avant d’autres secteurs comme celui de la restauration qui a pu tenir une – précieuse – dizaine de jours en plus pendant le temps des Fêtes? D’autant plus que, mentionnons-le, les restaurants semblent être les premiers à voir le bout du tunnel, puisqu’ils pourront rouvrir leurs salles à manger ce 31 janvier… contrairement aux salles de spectacle.

Il apparaît clair qu’un certain mépris envers l’industrie culturelle semble se profiler dans un tel contexte alors que celle-ci étouffe, compose avec un vide intersidéral et une certaine précarité, puisqu’aucune aide financière n’a été récemment apportée aux travailleurs autonomes (très nombreux dans ce milieu) et aux institutions qui la composent.

Pour les acteurs culturels, il est difficile de ne pas se sentir à la fois accessoire et considéré comme vecteur de la transmission de la COVID-19.

Il serait maintenant pertinent de rappeler quels sont les bienfaits des arts dans notre société.

Les précieux bénéfices de la culture souvent sous-estimés

Est-il tenu pour acquis, dans notre société, que l’art est loin d’être un service essentiel? On dirait bien que oui.

Pourtant, les bienfaits de l’art-thérapie sont de plus en plus documentés. Par exemple, la stimulation et le développement de la plasticité du cerveau grâce à la pratique artistique – notamment musicale – ont été prouvés de nombreuses fois, en plus d’aider à la cohésion sociale.

En effet, pendant un événement, les spectateurs et les artistes partagent des sentiments et vivent une certaine communion émotionnelle qui favorise le lien social, l’entraide et la solidarité.

Par ailleurs, dans un article intitulé «The neurochemistry of music» datant de 2013, Daniel J. Levitin (professeur en psychologie à McGill) et la chercheuse Mona Lisa Chanda ont démontré les bienfaits de la musique – tant écoutée que jouée – sur la santé physique que mentale. Ils avaient de fait noté qu’on pouvait espérer une meilleure immunité (grâce à l’augmentation du taux de certains anticorps) et une baisse considérable du stress (grâce à une diminution de «l’hormone du stress» appelée cortisol).

Pour résumer, plus il y a de musiciens obligés de se reconvertir dans d’autres secteurs d’activité, plus la société en pâtira.

Une fatigue qui se fait sentir de la part du milieu culturel

À l’heure actuelle, les observations faites dans la vie de tous les jours finissent d’achever ceux qui tentent à bout de bras de tenir leur compagnie de théâtre ou leur lieu de diffusion. Quels sont les risques encourus dans des salles où le public peut rester masqué du début à la fin et garder une certaine distanciation, quand on voit présentement des gens non masqués dans les transports en commun ou dans les centres commerciaux en train de parler, boire et manger collés-serrés les uns aux autres?

Comme le remarque Marcelle Dubois, directrice générale et codirectrice artistique du Théâtre Aux Écuries, dans une publication Facebook, «en ce moment on privilégie un type de sens à un autre. Et devant ce discours violent, le milieu des arts vivants est en train d’intérioriser cette violence. Il est en train, individu par individu, de se dire qu’il est la marge, l’exception, la chose à exclure. Le non choisi. L’incapable de la cour d’école.»

Une chose est sûre, les acteurs du milieu artistique attendent une réaction rapide de la part des dirigeants. La culture est prête à rouvrir dans de bonnes conditions, à respecter les mesures sanitaires en place et à (ré)appliquer le concept de distanciation sociale.

Ne laissons pas mourir la culture à petit feu, sinon, ce sera le début de la fin pour une société en mal de repères, après deux longues années de concessions et de changements constants auxquels il faut sans cesse s’adapter.

M. Legault, Mme Roy, s’il vous plaît, levons le rideau une bonne fois pour toutes.

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