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Crédit photo : Sasha Onyshchenko
C’est mercredi dernier que j’ai eu la chance d’assister à la première d’Essence, un triptyque dont le titre évoquait une programmation profonde et significative.
De plus, ce spectacle marquait un nouveau chapitre pour les Ballets Jazz Montréal avec une nouvelle direction artistique. Et pour moi, ce fut une belle occasion de voir l’évolution de la compagnie qui, à mes yeux, a su préserver sa qualité artistique, son originalité… et son essence!
Le mot de bienvenue: une tradition!
C’est déjà une tradition de commencer la saison de la programmation de Danse Danse avec un mot chaleureux de bienvenue de la part de Pierre Des Marais. Personnellement, j’y prends goût, c’est toujours le moment où je me dis “Le spectacle va commencer!”
Et donc, sans plus tarder, après avoir salué le public, il a cédé la place à la compagnie qui inaugurait la saison 2023-2024.
We Can’t Forget About What’s His Name: une invitation à danser
La soirée a débuté avec la pièce d’Ausia Jones, elle-même danseuse pour la compagnie. Pour l’occasion, elle nous a proposé une œuvre à la fois dynamique et originale. Sur scène, les danseurs étaient vêtus de pantalons noirs et de hauts en filet noir, et ils dansaient au rythme des bandes sonores de Jasper Gahunia, Stephen Krecklo & William Lamoureux, également connus sous le nom d’Earth Boring.
J’ai immédiatement ressenti l’atmosphère d’un espace aux allures de boîte de nuit, une invitation à m’immerger dans cet environnement et à ressentir la générosité d’interprétation de chacun des artistes. La chorégraphie apportait une dimension de joie, d’énergie et de vitalité: c’était enivrant!
J’ai particulièrement apprécié l’exécution des mouvements, parfois très contrôlés et énergiques, d’autres fois plus légers et fluides. Le moment fort, à mon sens, a eu lieu lorsque, sur un fond minimaliste de couleur rouge et sous une cascade de lumière, les artistes ont interprété une danse en groupe exprimant brièvement les battements d’un cœur, le tout accompagné d’une trame sonore de musique électronique.
Cette mise en scène, avec son fond rouge et sa lumière a mis en valeur les corps et les costumes des danseurs, et a été particulièrement saisissante. J’avais tellement envie de danser avec eux, ce fut une très belle proposition.
Ten Duets on a Theme of Rescue, s’entraider mutuellement
La deuxième proposition de la soirée fut une œuvre de Crystal Pite que je qualifierais de poétique et d’intime. Cette création, qui a été présentée en première mondiale à New York en 2008, met en lumière les histoires qui relient les individus et qui offre une perspective personnelle sur le concept de sauvetage.
Cette fois, sur scène, on retrouvait un cercle de spots lumineux qui créaient une ambiance toute en intimité et en poésie. Au son de la bande sonore de Cliff Martinez, à travers des duos de danse, les danseurs tombaient et s’entraidaient à se relever, révélant une belle complicité entre eux, où l’un sauvait l’autre, alors que, parfois, c’était l’inverse.
Durant ces moments, les danseurs se montraient généreux en nous exposant leur vulnérabilité à travers leur danse et leur gestuelle précises.
Ces segments étaient particulièrement touchants et m’ont fait réfléchir sur la facilité avec laquelle les êtres humains peuvent, par moments, ne pas être en mesure d’aider autrui et, au contraire, à leur capacité à pouvoir aider les autres à se relever.
Les chambres des Jacques: une ode à la diversité
Après un entracte de vingt minutes, la soirée s’est clôturée avec Les Chambres des Jacques, une performance créée par Aszure Barton et présentée en première mondiale en 2006.
Pour cette occasion, la chorégraphe s’est inspirée des danseurs de la compagnie afin de créer une nouvelle version de la pièce, mettant davantage de l’avant la personnalité et l’essence de chaque artiste. Les costumes, minimalistes, allant de pantalons et de chandails moulants aux maillots ajustés, offraient une variété de tonalités brunes et foncées. La musique, quant à elle, proposait diverses bandes sonores allant du classique au lyrique, du contemporain au folklorique.
À travers cette pièce, j’ai ressenti un sentiment de liberté et d’authenticité. Les danseurs étaient eux-mêmes différents les uns des autres et se manifestaient un grand respect mutuel, créant ainsi un collectif riche en diversité.
Cependant, je suis restée sur mon appétit, car j’ai eu l’impression de ne pas pouvoir pleinement apprécier certains aspects artistiques en raison des changements abrupts de musique et de certaines transitions qui, à mes yeux, n’étaient pas totalement réussies. Malgré cette réserve personnelle, j’ai tout de même apprécié cette œuvre.
Il est rafraîchissant d’admirer une telle profusion d’originalité, d’audace et de prises de risques artistiques! Que ce soit grâce aux chorégraphes de renommée ou à la nouvelle génération de créateurs en qui on a une grande confiance.
Il est également formidable de voir autant de danseurs exceptionnels sur une scène aussi fabuleuse que celle du Théâtre Maisonneuve. Une fois de plus, les Ballets Jazz Montréal nous ont offert une programmation riche et diversifiée, mêlant danse contemporaine, ballet, émotions et réflexions!
Le spectacle «ESSENCE» des BJM en images
Par Sasha Onyshchenko
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de la rédaction